Les cas d’infection à ERV en forte augmentation dans les centres hospitaliers du Québec

Les cas d'infection à entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) ont connu une très forte croissance au Québec durant l’année 2010-2011.Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INPSQ), qui collige et publie ces données, un total de 3 523 nouveaux cas ont été rapportés dans les centres hospitaliers en 2010-2011, comparativement à 1 897 en 2009-2010, soit une hausse de 85,7%. Les auteurs du cinquième rapport annuel juge cette augmentation très importante.L’ERV fait l’objet d’une surveillance par les laboratoires des centres hospitaliers du Québec depuis 2006.Au total, 78 laboratoires hospitaliers rattachés aux 85 installations ayant au moins 1 000 admissions par année ont l’obligation de participer au programme de dépistage des nouveaux cas d’ERV.Parmi les 76 laboratoires qui ont produit des rapports l’an dernier:22 (28,9%) n’ont déclaré aucun nouveau cas, contre 39 (50,0%) en 2006-200717 (22,4%) ont déclaré entre un et neuf nouveaux cas37 (48,7%) ont déclaré dix nouveaux cas ou plus.Il est à noter que, cette année, huit laboratoires ont déclaré plus de 120 nouveaux cas, contre cinq en 2009-2010.En 2006-2007, première année de surveillance, 834 cas avaient été dépistés à travers tout le Québec. L’année suivante, leur nombre avait diminué à 577, mais il avait été multiplié par deux l’année suivante et il a presque doublé une deuxième fois de 2010 à 2011.Les infections à ERV demeurent rares au Québec, mais leur nombre augmente d’année en année. Ces infections peuvent être sévères, particulièrement pour les patients fragilisés (immunosupprimés, néoplasies hématologiques, etc.) et leur traitement peut constituer un défi en raison des options thérapeutiques limitées.Répartition par régionsLa problématique de l’ERV est principalement concentrée dans la région de Montréal, qui a rapporté 74,4% de tous les cas de la province en 2010-2011.En outre, la région de Montréal est responsable de 69,4% de l’augmentation constatée l’an dernier.Une augmentation a aussi été observée dans les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Capitale-Nationale, de la Mauricie et Centre-du-Québec, de l’Estrie, de l’Outaouais, des Laurentides et de la Montérégie.A l’inverse, une diminution a été observée dans le Bas-Saint-Laurent, le Nord-du-Québec, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Chaudière-Appalaches et Lanaudière.HypothèsesMême si la structure actuelle du programme ne permet pas de confirmer les causes de l’augmentation des dernières années, et particulièrement celle de 2010-2011, l’utilisation croissante des antibiotiques, l'augmentation du nombre de diarrhées associées au Clostridium difficile ou autres microorganismes qui contaminent l'environnement hospitalier, coïncidant avec la période de haute prévalence d'ERV, peuvent expliquer le pic observé, estiment les experts.Le Québec n’est pas le seul territoire à observer une augmentation. Aux Etats-Unis, l’ERV est devenu en quelques années une cause majeure d’infections nosocomiales dans les centres participant au NHSN.Au Canada, les données du Canadian Nosocomial Infection Surveillance Program démontrent que l’incidence de l’ERV a considérablement augmenté ces dernières années.

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