Les cas de variole simienne en forte hausse; présence du virus dans le sperme

Le responsable de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Europe a récemment averti que les cas de variole simienne ont triplé sur le continent au cours des deux dernières semaines et a exhorté tous les pays à en faire davantage pour éviter que cette maladie, auparavant rare, ne s'installe sur le continent. Les autorités sanitaires africaines ont déclaré de leur côté qu'elles traitent l'épidémie de variole simienne en pleine expansion comme une urgence, appelant les pays riches à partager les réserves limitées de vaccins pour éviter les problèmes d'équité observés lors de la pandémie de COVID-19. Le Dr Hans Kluge, chef de l'OMS Europe, a déclaré dans un communiqué qu'il faut redoubler d'efforts malgré la décision prise la semaine dernière par l'agence sanitaire des Nations unies, selon laquelle l'escalade de l'épidémie ne justifiait pas encore une déclaration d'urgence sanitaire mondiale. «Une action urgente et coordonnée est impérative si nous voulons prendre un virage dans la course pour inverser la propagation de cette maladie», a-t-il précisé. À ce jour, plus de 5000 cas ont été signalés dans 51 pays du monde qui ne déclarent normalement pas la maladie, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Selon le Dr Kluge, le nombre d'infections en Europe représente environ 90% du total mondial, 31 pays de la région européenne de l'OMS ayant identifié des cas. Selon le Dr Kluge, les données communiquées à l'OMS montrent que 99% des cas concernent des hommes, la majorité d'entre eux ayant eu des rapports sexuels avec des hommes. Mais il a ajouté qu'il y avait maintenant un «petit nombre» de cas parmi les contacts familiaux, y compris les enfants. La plupart des personnes ont signalé des symptômes tels qu'une éruption cutanée, de la fièvre, de la fatigue, des douleurs musculaires, des vomissements et des frissons. Les scientifiques avertissent que toute personne en contact physique étroit avec une personne atteinte de la variole simienne, avec ses vêtements ou ses draps de lit risque d'être infectée. Les populations vulnérables, comme les enfants et les femmes enceintes, sont considérées comme les plus susceptibles de souffrir d'une forme sévère de la maladie. Environ 10% des patients ont été hospitalisés pour être traités ou isolés, et une personne a été admise dans une unité de soins intensifs. Aucun décès n'a été signalé. Le virus présent dans le sperme Une équipe de chercheurs italiens, qui avait détecté pour la première fois dans le sperme le virus de la variole simienne dans le cadre d’une étude préliminaire, a établi que sa présence n’y est «ni rare ni aléatoire», a rapporté l’AFP. En effet, l’ADN du virus y aurait été retrouvé chez le trois quart des hommes atteints de la maladie. Les chercheurs ont indiqué qu’ils tenteront maintenant d’établir si le virus peut également être décelé dans les sécrétions vaginales, en plus de déterminer combien de temps le virus demeure détectable dans le sperme après que les symptômes soient apparus. En effet, puisque l’ADN du virus a été retrouvé plus de trois semaines après l’apparition des symptômes chez l’un des patients, et qu’il y a persisté même une fois les lésions disparues, le risque de transmission pourrait donc être davantage réduit par l’utilisation d’un préservatif plusieurs semaines suivant la guérison. Néanmoins, Meg Doherty, directrice des programmes mondiaux de l'OMS sur le VIH, l'hépatite et les ITSS a précisé la semaine dernière qu’il «ne faut pas qualifier le virus comme une infection transmissible sexuellement et par le sang» pour autant. Stigmatisation et manque de soins Par ailleurs, le problème de la stigmatisation dans certains pays peut inciter certaines personnes à ne pas chercher à se faire soigner, explique le Dr Kluge, qui poursuit en indiquant que l'OMS travaille avec des partenaires, notamment les organisateurs de différents événements liés aux Gay Prides. Au Royaume-Uni, le pays qui connaît la plus importante épidémie de variole simienne en dehors de l'Afrique, les autorités ont noté que la maladie se propageait dans des «réseaux sexuels définis de gays, de bisexuels ou d'hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes». Les autorités sanitaires ont déclaré qu'il n'y avait aucun signe suggérant une transmission soutenue au-delà de ces populations. Un éminent conseiller de l'OMS avait déclaré en mai que le pic de cas en Europe est probablement lié à l'activité sexuelle des hommes lors de deux fêtes techno (rave parties, en anglais) en Espagne et en Belgique. En Afrique, l'OMS indique toutefois que selon des données détaillées provenant du Ghana, les cas de variole simienne se répartissent presque également entre les hommes et les femmes, et aucune propagation n'a été détectée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Le directeur de l'OMS Europe, le Dr Kluge, a également affirmé que l'achat de vaccins «doit appliquer les principes d'équité». À l’instar du Canada, des pays comme le Royaume-Uni et l'Allemagne ont déjà commencé à vacciner les personnes présentant un risque élevé de contracter la maladie; le Royaume-Uni a récemment étendu son programme de vaccination aux hommes homosexuels et bisexuels qui ont de multiples partenaires sexuels et qui sont considérés comme les plus vulnérables. Jusqu'au mois de mai, la variole du singe n'avait jamais provoqué d'épidémies importantes en dehors de certaines régions d'Afrique centrale et occidentale, où elle fait des victimes depuis des décennies. En effet, elle est endémique dans plusieurs pays et provoque surtout des épidémies limitées lorsqu'elle est transmise à l'homme par des animaux sauvages infectés. À ce jour, on a recensé environ 1800 cas suspects de variole simienne en Afrique, dont plus de 70 décès, mais seuls 109 ont été confirmés en laboratoire. L'absence de diagnostic en laboratoire et la faiblesse de la surveillance signifient que de nombreux cas ne sont pas détectés. «Pour nous, cette épidémie particulière est synonyme d'urgence», a déclaré Ahmed Ogwell, directeur par intérim du Centre africain de contrôle des maladies. Selon l'OMS, la variole du singe s'est propagée dans des pays africains où elle n'avait jamais été observée auparavant, notamment en Afrique du Sud, au Ghana et au Maroc. Mais plus de 90% des cas d'infection sur le continent se trouvent au Congo et au Nigeria, selon le directeur de l'OMS pour l'Afrique, le Dr Moeti Matshidiso. Les vaccins n'ont jamais été utilisés pour mettre fin aux épidémies de variole simienne en Afrique; les responsables se sont surtout appuyés sur la recherche des contacts et l'isolement. L'OMS a noté qu'à l'instar de la ruée vers les vaccins COVID l'an dernier, les pays disposant de stocks de vaccins contre cette maladie ne les partagent pas encore avec l'Afrique. «Nous n'avons pas de dons qui ont été proposés aux pays (plus pauvres)», a déclaré Fiona Braka, qui dirige l'équipe d'intervention d'urgence de l'OMS en Afrique. «Nous savons que les pays qui ont des stocks les réservent principalement à leur propre population.» Matshidiso a évoqué que l'OMS est en pourparlers avec les fabricants et les pays disposant de stocks pour voir s'ils pouvaient être partagés. «Nous aimerions que le coup de projecteur mondial sur la variole simienne serve de catalyseur pour vaincre cette maladie une fois pour toutes en Afrique», a-t-elle souhaité.

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