L'épuisement gagne du terrain chez les médecins de famille

En mai 2020, le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) avait sondé ses membres afin de savoir quelles répercussions la pandémie avaient eu sur eux et leur pratique. Alors, 5% d'entre eux s'étaient dits épuisés. Les résultats d'un nouveau sondage administré en mai 2021 montrent que désormais 15% des médecins de famille canadiens sont épuisés et que 50% travaillent plus qu’ils ne le souhaiteraient. Par ailleurs, si la majorité des omnipraticiens ne se sentent pas «épuisés», le tiers des 3 409 répondants au sondage ont néanmoins déclaré se sentir «fatigués». «Quand la pandémie a frappé, le volume de travail au bureau avait beaucoup diminué, mais là, avec les soins virtuels notamment, tout a recommencé. De plus, il ne faut pas oublier que 29% des médecins ont vu leurs patients mourir de la COVID et ont donc été engagés émotionnellement avec les familles», souligne la directrice générale du CMFC, la Dre Francine Lemire. «Nous parlons beaucoup de résilience, mais la résilience n’est pas éternelle. Il faut trouver des solutions à cette situation», affirme la Dre Lemire. À lire aussi: L'importance de la santé financière pour prévenir l'épuisement professionnel des médecins Récemment, le CMFC a lancé un forum de discussion, de partage de ressources et de soutien mutuel en ligne sur la santé des médecins et la résilience. Une série de modules de formation sur la santé des médecins seront également produits l’an prochain par la Foundation for Medical Practice Education de l’Université McMaster. Le virtuel, oui, mais… Pour améliorer la santé de ces professionnels, il faut d’abord améliorer l’organisation de leur pratique qui a drastiquement changé depuis le début de la pandémie, estime la Dre Francine Lemire. En mai dernier, 90% des médecins de famille utilisaient un système de soins virtuels, et 55% de leurs contacts avec les patients continuaient de se dérouler virtuellement. Si la majorité des répondants (62%) ont reconnu que les soins virtuels améliorent l’accès aux soins pour les patients, un peu plus de 60% ont aussi affirmé que cela nuit à la prestation de services de soins de santé procéduraux ou au diagnostic des problèmes de santé des nouveaux patients. De plus, 50% ont affirmé que les soins virtuels nuisent à la prise en charge des maladies chroniques, des soins de santé mentale ou aux interactions et aux relations avec les patients. La même proportion est inquiète de la baisse des interactions en personne avec les patients. «Les médecins doivent davantage intégrer les soins en personne tout en suivant les directives de santé publique. Si l’organisation des soins change, le sentiment d’épuisement professionnel va diminuer», croit la Dre Lemire. Inquiets pour les patients Par ailleurs, si le Collège des médecins de famille du Canada est inquiet pour ses membres, ces derniers sont, pour leur part, très inquiets pour leurs patients, révèle le sondage. À lire aussi: Médecine familiale: record de postes vacants en résidence En effet, 90% des médecins de famille se sont dits très préoccupés par le stress émotionnel ou mental vécu par leurs patients, et près de 70%, par leur consommation d’alcool et de médicaments en vente libre. «Au début de la pandémie, les médecins de famille étaient plus préoccupés par l’impact de la COVID-19 sur leurs patients que sur leur propre santé ou sur leur pratique. Après plus d’un an, cela reste vrai», observe le CMFC.

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