L’endométriose augmente les risques cardiovasculaires

L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire qui touche une femme sur dix en âge de procréer. Ses causes sont encore méconnues, mais elle se caractérise généralement par des douleurs chroniques invalidantes qui dégradent leur qualité de vie, privée et professionnelle. D’autant plus que son délai de diagnostic est, en moyenne, de cinq ans au Canada. À ces difficultés vient de s’en ajouter une autre: ces patientes sont plus à risque de développer une maladie cardiovasculaire, concluent des chercheurs de l’université de Lisbonne dans une étude publiée le 10 avril dans la revue Maturitas. Cette méta-analyse a inclus six études de cohorte sur l’endométriose, soit un total de 254 929 participantes sans distinction d’âge, de sévérité ou de durée de la maladie. Les données regroupaient également le nombre d’événements cardiovasculaires, l’incidence des maladies coronariennes ou encore la mortalité en lien avec des événements cardiovasculaires. Au final, «nos recherches ont montré que l’endométriose était associée à un risque accru de cardiopathie ischémique (+ 50%) et de maladie cérébrovasculaire (+ 17%). Trois études ont rapporté des données sur le risque de cardiopathie ischémique par rapport aux femmes sans endométriose. L’estimation groupée a montré que l’endométriose était significativement associée à un risque accru de cardiopathie ischémique. L’analyse concernant le risque de maladie cérébrovasculaire a, quant à elle, mis en évidence une association significative avec un risque accru chez les femmes atteintes d’endométriose», écrivent les auteurs. Ces derniers avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ces plus grands risques. Le stress oxydatif et l’hypertension artérielle, qui sont générés par les douleurs causées par l’endométriose, constitueraient des facteurs défavorables. Une autre hypothèse concerne les traitements censés limiter les effets de la maladie. «L’un des principaux symptômes de l’endométriose est la douleur», rappellent ainsi les chercheurs avant de préciser que «l’utilisation de certains médicaments analgésiques peut augmenter le risque de maladie coronarienne. Le stress émotionnel et psychologique résultant de la douleur augmente lui aussi (ce) risque». Deux des six études soulignaient par ailleurs que la maladie était «liée à une augmentation de la rigidité artérielle chez les femmes préménopausées. La raideur artérielle est un marqueur précoce des modifications de la paroi artérielle et est donc associée au risque cardiovasculaire», peut-on lire dans l’article en accès libre, qui signale qu’il pourrait aussi y avoir une relation entre les marqueurs inflammatoires et le dysfonctionnement microvasculaire. À lire aussi: Un nouveau test pour diagnostiquer l’endométriose rapidement Prévenir avant de guérir Dernière hypothèse avancée: l’hystérectomie ou l’ovariectomie augmente également les risques de maladies cardiovasculaires. Les chercheurs apportent toutefois des nuances: «Alors que deux études suggéraient que le traitement chirurgical de l'endométriose avec ces procédures augmentait le risque de maladie coronarienne et d'accident vasculaire cérébral par rapport aux femmes sans endométriose, une autre étude n'a trouvé aucune différence dans les résultats cardiovasculaires des deux groupes.» Concernant l'hystérectomie, elle «a été associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires chez les femmes de moins de 50 ans. Certaines études suggèrent que lorsque l'hystérectomie est associée à une ovariectomie, ce risque augmente car la chute de la concentration en œstrogènes est brutale». D'autres études seront cependant nécessaires pour valider ces hypothèses. «Si les preuves deviennent plus solides, une évaluation cardiovasculaire précoce et régulière des patientes souffrant d’endométriose doit être prise en compte dans les lignes directrices actuelles», anticipent les chercheurs portugais.

L’endométriose augmente les risques cardiovasculaires

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