Le virus de la grippe A (H1N1) en quelques mots

Rappel de quelques faitsUne origine incertaineSéquençage génétiqueLes mesures de préventionAntiviraux Les coûts d’une pandémieAlors que les scientifiques américains entreprennent la mise au point d’un vaccin après avoir isolé le virus A (H1N1), des chercheurs du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg annoncent avoir effectué le séquençage du génome du virus qui, rappelons-le, est à l’origine du décès de plus d’une trentaine de personnes dans le monde, principalement au Mexique (à titre de comparaison, la grippe saisonnière tue quelque 36 000 Américains chaque année selon le Centre de contrôle de maladies américain CDC).Rappel de quelques faitsLe virus A (H1N1) a provoqué de vives inquiétudes avec le risque, toujours présent, de pandémie (l’OMS maintient sa cote d’alerte à 5 sur une échelle de 6).La grippe est une maladie causée par un virus de l’influenza. Les humains, les oiseaux, les porcs et d’autres animaux peuvent être infectés par un de ces virus. Habituellement, ces virus infectent une seule espèce, de sorte que le virus de l’influenza chez l’humain n’est pas le même que celui des oiseaux ou du porc. Occasionnellement, un même virus peut infecter plus d’une espèce.Ainsi, par exemple, les porcs peuvent être infectés non seulement par les virus de l’influenza, mais aussi par ceux de l’humain et des oiseaux. Les virus peuvent alors se côtoyer et s’échanger des gènes, créant alors de nouveaux virus porteurs de gènes appartenant à plusieurs espèces. Tel est le cas du virus de la grippe porcine, dont on sait aujourd’hui (selon le CDC) que son patrimoine génétique est constitué d’une combinaison de quatre virus différents d’origine porcine (deux virus), aviaire et humaine.Une telle combinaison est inédite et n’avait jamais été détectée auparavant. Reste que l’humain a été exposé à d’autres membres de la famille H1N1 depuis 1978, et il est possible qu’une certaine capacité immunitaire contre le A (H1N) demeure présente, et ce, contrairement au virus de la grippe aviaire A (H5N1), totalement nouveau pour l’organisme.Les virus de la grippe porcine, une maladie respiratoire qui affecte les élevages de porcs, sont du type A, de ceux ayant un potentiel pandémique, par opposition aux virus de type B associés aux épidémies saisonnières de grippe.Une origine incertaineL’origine de cette grippe nord-américaine demeure incertaine. D’autant plus que jusqu’à tout récemment, aucun cas animal n’avait été rapporté (les animaux d’une porcherie en Alberta auraient été infectés par un homme qui y travaillait alors qu’il montrait les symptômes de la grippe, contractée au Mexique où il avait séjourné).Selon le Dr Brian Evans, premier vice-président de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), la transmission du virus de l’humain aux porcs se produit parfois.À l’inverse, la transmission du virus à l’humain à partir des porcs, bien que rare, demeure un sujet d’inquiétude puisque ces derniers partagent de nombreuses similarités biologiques avec l’homme. On ne sait pas exactement à quand remonte le passage du virus du porc à l’homme; peut-être quelques mois ou un an.Cela dit, les risques de contamination de l’homme par l’animal sont probablement 10 à 1000 fois moindre qu’avec le H5N1, puisque le virus de la grippe porcine reste confiné à l’appareil respiratoire, alors que le virus de la grippe aviaire infecte le sang, les organes et les tissus des volailles.Séquençage génétiqueAvec le séquençage génétique du virus de la grippe A(H1N1), réalisé au début mai par des chercheurs du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg à partir de trois virus provenant de cas confirmés en Ontario, en Nouvelle-écosse et au Mexique, l’une des grandes questions que les spécialistes se posaient a probablement trouvé une réponse: le degré de virulence de la souche mexicaine (infections graves et décès) pourrait être attribuable à de multiples facteurs tels que l’état préalable de santé des victimes, leur bagage génétique ou leur environnement.De fait, les trois virus sont très semblables et il n’y a rien sur le plan génétique qui puisse expliquer la différence de gravité dans la maladie au Mexique, au Canada et aux États-Unis, a déclaré le Dr Frank Plummer, directeur général scientifique du Laboratoire national de microbiologie.Par ailleurs, des scientifiques canadiens de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ont effectué le séquençage génétique de la forme porcine du virus de la grippe A(H1N1) à partir d’échantillons du virus provenant des porcs infectés d’une ferme en Alberta.Il s’avère que la forme porcine est identique à la forme humaine du virus qui a contaminé quelque 12 000 personnes dans le monde (aux dernières nouvelles).Selon l’ACIA, il semble que les animaux malades récupèrent naturellement comme s’ils avaient été infectés par n’importe quel virus de la grippe détecté couramment chez les porcs.Les autorités canadiennes et américaines (ACIA et CDC) soulignent que le fait de manger du porc ne présente aucun risque de contracter la maladie, car la température de cuisson (71 °C) de la viande de porc détruit virus et bactéries.Les mesures de préventionEn attendant la disponibilité d’un vaccin, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) recommande les mesures suivantes afin de se prémunir contre la grippe porcine et limiter sa propagation:Se laver les mains avec du savon et de l’eau tiède ou utiliser un désinfectantSe couvrir la bouche avec le bras ou la manche en cas de toux ou d’éternuementRecevoir le vaccin annuel contre la grippeRester à la maison en cas de maladieConsulter un professionnel de la santé en cas de symptômes graves semblables à ceux de la grippeVérifier les avis ou les avertissements à l’intention des voyageurs sur le site www.voyage.gc.caAntiviraux Le Tamiflu (oseltamivir) et le Relenza (zanamivir), deux médicaments antiviraux sur ordonnance, semblent efficaces contre le virus A(H1N1). Cela dit, l’ASPC ne recommande pas l’emploi de ces médicaments en prévention ou lorsque la maladie est bénigne; seulement lorsque la gravité de la maladie est modérée à grave et que le patient court des risques élevés de souffrir de complications. Les raisons suivantes justifient cette décision:Pas suffisamment d’information concernant le virus et la nécessité d’utiliser des antiviraux, d’autant plus que la plupart des patients au Canada et aux États-Unis se rétablissent très bien sans médicaments.Risque que le virus devienne résistant au traitement antiviral si ces médicaments sont trop utilisés.Réserve d’antiviraux limitée.Rappelons de plus que même si les antiviraux réduisent la capacité du virus à se reproduire, ils n’immunisent pas contre le virus.Les coûts d’une pandémiePour le moment, il est impossible de chiffrer l’impact économique d’une pandémie de grippe porcine, mais on peut l’évaluer à partir des exemples de la grippe aviaire et du SRAS, avance le magazine d’affaires Trends/Tendances. Voici quelques éléments intéressants de leur analyse quant au coût d’une pandémie.- Avec l’annonce d’une possible pandémie de grippe porcine au cours du mois d’avril, les Bourses européennes ont vu chuter les actions des compagnies aériennes et des groupes touristiques, alors que les valeurs pharmaceutiques grimpaient. La crainte d’une baisse du trafic aérien faisait aussi chuter les cours du pétrole.- Pertes de productivité, pertes de revenus dans les secteurs liés aux ressources animales (p. ex., agriculture, transport), au tourisme et aux loisirs, coûts de la prévention et du contrôle… autant de facettes économiques associées aux maladies animales que la Banque mondiale avait recensées en 2006.Dans cette perspective, en prenant comme exemple la grippe aviaire A(H5N1), apparue en 2003 en Asie du Sud-Est, une pandémie de grande amplitude pourrait coûter près de 5 points de pourcentage au PIB (produit intérieur brut) mondial, soit plus de 3000 milliards $, selon un rapport de la Banque mondiale en 2008.Quant au SRAS, apparu en Chine vers la fin de 2002, l’épidémie de pneumonie atypique aurait coûté quelque 20 milliards $ aux pays de l’Asie et entraîné des dépenses générales et commerciales de 60 milliards $, selon une estimation de l’OMS datant de 2007. Le coût total pour les pays de l’Asie serait de plus de 2 millions $ par personne contaminée.

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