Le revenu influence la gestion du diabète

Les auteurs de cette étude de cohorte prospective1 rappellent que de nombreuses études montrent que les personnes à faible revenu ont une charge de morbidité disproportionnée par rapport à celles plus aisées; et ce, même dans un contexte de couverture sanitaire universelle. Les risques et la gravité de la morbidité chronique, l’utilisation des ressources de soins de santé et les taux d’hospitalisation augmentent avec la diminution des revenus2-5. Les chercheurs ont donc émis l’hypothèse qu’un revenu plus élevé confère un effet protecteur pour la prévention des réhospitalisations précoces chez les patients atteints de diabète, d’hypertension ou d’insuffisance cardiaque congestive; autant d’affections sensibles aux soins ambulatoires (ASSA) dont les plans de gestion se chevauchent. Méthodologie, en bref À partir de dossiers hospitaliers sur trois ans provenant de la «Base de données sur les congés des patients» et de données sociales issues du recensement de la population canadienne de 2006 (les plus récentes disponibles au moment de l’étude), les chercheurs ont ciblé les Canadiens âgés de 25 à 64 ans ayant connu au moins deux hospitalisations associées au diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, l’angine, l’asthme ou la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). La mesure principale concernait la durée (en jours) entre la date de sortie de la première hospitalisation et la date d’admission d’une hospitalisation ultérieure pour la même pathologie. Les revenus ont été obtenus de Statistiques Canada et ajustés pour la taille du ménage. Les associations entre l’inégalité des revenus et le délai de réhospitalisation ont été évaluées à l’aide d’analyses de régression des risques proportionnels de Cox. Principaux résultats Selon les données obtenues, 71 780 personnes âgées de 25 à 64 ans ont été hospitalisées au moins une fois pour l’une des six maladies chroniques aiguës au cours de la période d’observation. Le délai moyen de réhospitalisation variait de 172 jours pour l’insuffisance cardiaque à 236 jours pour l’asthme, avec 233 jours pour le diabète. Les personnes appartenant au quintile de revenus le plus bas étaient surreprésentées en termes de réhospitalisation, représentant au moins un quart de chaque cohorte. Plus d’un tiers de la cohorte réadmise en raison de diabète (35,1%), d’insuffisance cardiaque (35,2%) et de MPOC (40,2%) se trouvait dans le groupe aux revenus les plus faibles. L’analyse de régression a révélé que les revenus élevés étaient associés à un risque significativement réduit de réhospitalisation précoce pour les patients souffrant de diabète (HR: 0,89; IC 95%: 0,80-0,99, p < 0,05), d’hypertension (HR: 0,85; IC 95%: 0,76-0,95) et d’insuffisance cardiaque (HR: 0,81; IC 95%: 0,66-0,99). Aucune différence significative dans la réduction du risque n’a été observée par groupe de revenu pour l’angine, l’asthme ou la MPOC. En conclusion, ces résultats confirment l’idée d’un seuil de revenu à partir duquel les dépenses personnelles pour l’autogestion quotidienne du diabète, de l’hypertension et de l’insuffisance cardiaque, en dehors des soins primaires, deviennent de plus en plus importantes.

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