Le plan Legault - L'avenir du Québec en santé sera-t-il victime de la coalition?

Il y a quelques semaines, monsieur Legault et les députés maintenant membres de la Coalition Avenir Québec annonçaient leur intention de procéder à la réouverture des ententes collectives des médecins et des enseignants, notamment pour revoir leur rémunération et l’organisation du travail dans leurs milieux respectifs.Nous connaissons tous la prédilection de M. Legault pour les primes à la performance et les mesures coercitives. Même si l’objectif est louable et que les mesures qu’il propose ou proposera pourraient permettre de corriger certains problèmes, il n’en reste pas moins que la méthode nous semble discutable.La méthode coercitive de l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, les médecins la connaissent. Monsieur Legault l’a d’ailleurs utilisée pleinement lorsqu’en 2002, il faisait rappeler les députés à l’Assemblée nationale en plein mois de juillet pour adopter la Loi 114, loi qui lui a permis d’envoyer des huissiers chez les médecins pour les obliger à faire des quarts de travail dans les urgences. Même si cette mesure était assortie d’une bonification de leur rémunération, il n’en reste pas moins que les médecins sont loin d’avoir apprécié cette ingérence dans leur pratique et dans leur vie personnelle.Aujourd’hui, monsieur Legault revient à la charge. Encore une fois, il propose de bonifier l’enveloppe budgétaire des omnipraticiens mais, en échange, il veut contrôler leurs heures de travail et modifier le mode de rémunération à l’acte.Quels que soient les enjeux, ce n’est pas en serrant la vis aux médecins qu’on réussira à améliorer l’offre de soins. La dernière négociation a été longue et difficile pour les trois fédérations médicales (médecins résidents, omnipraticiens et médecins spécialistes). Et le gouvernement en place n’a fait de cadeau à personne.Nous vivons aujourd’hui les conséquences des mesures qui ont été adoptées il y a plusieurs années par le parti même dont faisait partie M. Legault, notamment les mises à la retraite massives des médecins et des infirmières, tout ça pour en arriver à un équilibre budgétaire… qui a déséquilibré le système de santé.Il y a 15 ans, le gouvernement demandait aux médecins de famille de venir travailler dans les milieux hospitaliers, en raison d’un manque d’effectifs. Aujourd’hui, on veut les sortir des hôpitaux pour combler les besoins dans la communauté, en première ligne. Toutefois, dans un sondage réalisé récemment par la FMRQ, plusieurs résidents en médecine familiale soulignent qu’ils souhaitent travailler en milieu hospitalier, à l’urgence, aux cliniques sans rendez-vous dans leurs premières années de pratique, le temps de consolider leurs acquis et de déterminer plus clairement le type de pratique qu’ils souhaitent privilégier. Certains diront que les médecins sont formés à grands frais, aux frais des contribuables du Québec, qu’ils sont des employés de l’État et qu’ils doivent se conformer aux nouvelles règles. Mais combien d’autres professionnels connaissez-vous qui ont de telles obligations parce qu’ils sont des employés de l’État? Et combien de professions sont-elles restreintes dans leur choix d’employeur comme les médecins?L’amélioration de l’accessibilité aux soins et aux services de santé ne peut se faire qu’en collaboration avec les principaux acteurs concernés. Le système d’éducation ne peut fonctionner rondement sans que les enseignants ne soient impliqués dans les modifications et réorientations proposées. Et les médecins sont parmi les mieux placés pour travailler à la mise en place d’un système de santé plus performant, dans le respect de la qualité des soins et des besoins de la population.La coercition, ce n’est pas la solution, pour paraphraser le président de la FMSQ.

Le plan Legault - L'avenir du Québec en santé sera-t-il victime de la coalition?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes