Le ministre Dubé promet un changement de ton avec les médecins de famille

«Je suis très conscient que si l’on continue avec le ton qui est employé autant par le gouvernement que par les médecins sur l’accessibilité et la prise en charge, nous n’irons nulle part. Je m’engage à ce que notre ton soit plus constructif pour permettre une meilleure discussion dans les prochaines semaines», a-t-il affirmé aux médecins lors d’un webinaire organisé dans le cadre des Journées du Collège des médecins du Québec (CMQ) lundi midi. Rappelons que la semaine dernière, son chef, François Legault a promis d’identifier et de sanctionner tous les médecins de famille qui, selon lui, ne travaillent pas assez à son goût. Cette déclaration a fait réagir fortement les omnipraticiens qui voyaient là une chasse aux sorcières. À lire aussi: Des médecins de familles dénoncent la chasse aux sorcières de Legault Le ministre Dubé a profité de l’événement lundi pour inviter la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) à la table des négociations. Or, les deux parties ne s’entendent pas à l'heure actuelle. «Le problème est que nous n’avons pas les mêmes données. Nous n’avons pas la même appréciation des faits et il n’y a rien de pire pour tourner en rond. Maintenant que j’ai des données et une bonne appréciation des faits, je veux discuter avec les médecins», a-t-il dit. Selon lui, 80% des médecins font un «travail incroyable» alors que 20% ont une «prise en charge moins grande». Le ministre de la Santé a laissé entendre que la conciliation travail-famille, favorisée par la jeune génération, pourrait avoir un impact sur la prise en charge. «On utilise mal nos GMF» La semaine dernière, des médecins ont affirmé à ProfessionSanté.ca qu'une réorganisation des soins est nécessaire pour prendre en charge davantage de Québécois, dont 800 000 d'entre eux n’ont toujours pas de médecins de famille. Le ministre est d’accord. «Je ne pense pas que ce soit toujours au médecin d’être la porte d’entrée». Il a ajouté qu’il souhaitait davantage de collaboration interprofessionnelle dans les groupes de médecine familiale (GMF), notamment pour aider les jeunes médecins. «On utilise mal nos GMF et nos CLSC pour répartir le poids des responsabilités des plus jeunes. Les GMF sont censés être un regroupement professionnel pour faciliter la transition des jeunes avec les médecins plus expérimentés». Selon lui, il faut également repenser à l’organisation des soins dans les urgences. «Il faut repenser le triage. A-t-on besoin d’être physiquement à l’urgence? Des gens m’ont dit que si la personne est capable d’être six heures à l’urgence, il ne devrait pas y être», a-t-il affirmé, ajoutant qu’il promet d’en discuter avec la FMOQ. Pas un changement de structure Au sujet de la décentralisation promise par François Legault durant son discours inaugural en octobre, le ministre Dubé a affirmé que son gouvernement ne veut pas changer les structures, mais bien la gouvernance. «Mes expériences comme gestionnaires pour différentes organisations m’ont appris que les succès viennent de la décentralisation, pas des structures». Récemment, son gouvernement s’est engagé à ce que la gestion des horaires des infirmières soit effectuée au niveau local et non plus par les directions des CISSS et des CIUSSS. D’ici l’été, cette nouvelle façon de faire sera implantée dans tous les hôpitaux du Québec, promet l’ancien gestionnaire. Mieux se préparer Lors de cet événement animé par le journaliste de Radio-Canada Alain Gravel, un médecin a demandé au ministre quelle serait sa première action si une autre pandémie survenait. Le ministre a répondu qu’il fallait avant tout mieux la préparer en mettant davantage l’emphase sur la santé publique. «Nous devons regarder la santé publique de façon complètement différente. Nous devons être en mode proactif pour une population plus en santé. Nous mettons beaucoup d’argent dans la guérison, mais très peu en amont», explique-t-il. Ce dernier a ajouté qu’il faut tout de même penser à «se sortir de la quatrième vague» avant de penser à une prochaine pandémie. Un rendez-vous annuel Le dernier ministre de la Santé qui a participé à une activité du Collège des médecins est l’actuel premier ministre François Legault, il y a près de 20 ans. «Nous n’attendrons plus 20 ans, a confirmé le président du Collège, Mauril Gaudreault. Nous en ferons une habitude annuelle. Je pense que les 25 000 médecins du Québec doivent avoir un échange de cette nature avec le ministre de la Santé qui peut ainsi prendre le pouls de notre communauté. En plus de cette rencontre avec le ministre Dubé, l’ordre professionnel tiendra trois autres webinaires cette semaine: sur l’aide médical à mourir, la télémédecine et un dernier sur le processus disciplinaire au Collège. L’assemblée générale annuelle du Collège conclura la semaine, vendredi.

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