Le ministre de la santé – «Il faut aller vers un modèle de collaboration où tous vont travailler ensemble»

Dans les GMF, les médecins sont secondés dans leur pratique par des infirmières du réseau public. Après six ans, ce système mixte et interdisciplinaire a fait la preuve de son efficacité. Aujourd’hui, le ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, voudrait aller plus loin.Le Dr Bolduc souhaite en arriver à un modèle d’organisation où les médecins de cabinet privé seront, en plus des infirmières, appuyés par d’autres professionnels. Le ministre en a exposé la vision à Québec lors du 6e Colloque sur l’interdisciplinarité et le public-privé (co-présidé par le président de l’Ordre des pharmaciens) tenu les 3 et 4 avril. A l’issue de son discours écrit, il est sorti de ses notes et a livré sa conception du modèle d’organisation qu’il voudrait étendre à toute la province dans l’avenir. Ce modèle est en cours de développement dans la région de Montréal sous forme de CRI, des cliniques réseaux intégrées.Qui est la meilleure personne pour faire un acte ?Ces CRI marquent un autre pas vers une plus vaste collaboration entre les différents experts en santé. « Il faut mettre le patient au centre de nos préoccupations et s’entendre entre différents professionnels pour déterminer qui est la meilleure personne pour faire l’acte et pour s’assurer d’une efficience du système », a expliqué le ministre.« C’est là que l’interdisciplinarité devient importante, a-t-il ajouté. Il faut s’en aller vers un modèle intégré de collaboration public-privé dans lequel les professionnels du CSSS, des cliniques et autres organisations, des pharmacies communautaires, cliniques de physiothé-rapie communautaires, cliniques privées d’ergothérapie vont tous travailler ensemble. »Le Dr Bolduc a cité les GMF comme un modèle de succès de travail interdisciplinaire. Les infirmières ont pris en charge des diabétiques, des asthmatiques et autres pathologies chroniques, mieux que ne le feraient des médecins. Lui-même en a profité comme clinicien. « Je traitais 1 400 patients. J’avais peut-être 30 à 40 diabétiques. Les deux infirmières suivaient l’équivalent de six médecins en clientèle diabétique. À partir du moment où on a eu le suivi conjoint avec l’infirmière, les taux d’hémoglobine des patients ont baissé et se sont normalisés. »Le ministre voudrait maintenant aller plus loin et impliquer d’autres professionnels autour des médecins. « Je verrais très bien dans un avenir rapproché des psychologues, des inhalothérapeutes, des travailleurs sociaux et d’autres types de professionnels qui travaillent à l’intérieur de la clinique en colla-boration avec les pharmacies communautaires pour faire un suivi conjoint », a-t-il souhaité.Le Dr Bolduc croit que 95 % des soins pourraient en arriver à être donnés dans la clinique médicale de proximité. Les autres 5 %, soit l’hospitalisation et les services spécialisés, seraient donnés dans les grands établissements.A priori, il s’agit d’un mode d’organisation simple et inspirant, qui se développe dans d’autres pays. La difficulté d’application, croit le ministre, provient des professionnels eux-mêmes, qui doivent cesser de pratiquer comme ils le font depuis 25 ans et adhérer à ce modèle de services. Ce n’est pas seulement un changement de pratique mais aussi de culture. Pour cette raison, il est conscient que ce virage ne se fera pas en quelques mois.« À mon GMF, a-t-il dit, il nous a fallu trois à quatre ans avant d’adopter le modèle auprès de tous les médecins et que l’on ait une pensée commune. Un changement, ça prend toujours de trois à cinq ans, et changer de culture, c’est entre 5 et 10 ans. »Cette fois, il souhaite que les choses aillent plus vite.

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