Le DT2 n’est pas homogène: ses sous-types ont une incidence sur les complications et les options thérapeutiques

Vous avez certainement entendu parler de l’OzempicMD, le «médicament miracle pour la perte de poids», tout comme vous savez qu’il a été conçu pour gérer le diabète. Au Canada, le diabète touche environ 10% de la population. Dans 90% des cas, il s’agit d’un diabète de type 2 (DT2).Ce trouble métabolique se caractérise par une hyperglycémie persistante, qui peut s’accompagner de problèmes de santé secondaires, notamment un risque accru d’accident vasculaire cérébral et de maladie rénale.Serrures et clésDans le cas du DT2, le corps humain lutte pour maintenir le taux de sucre dans le sang dans une fourchette acceptable. Chaque cellule de l’organisme a besoin de sucre comme source d’énergie, mais trop de sucre peut être toxique pour les cellules. Cet équilibre doit être étroitement maîtrisé et il est régulé par un système de serrures et de clés.L’insuline, l’hormone pancréatique, fonctionne comme une clé pour permettre à l’organisme de gérer le taux de sucre dans le sang et garantir que les cellules reçoivent la bonne quantité d’énergie. Les cellules se couvrent de serrures qui répondent parfaitement aux clés de l’insuline pour faciliter l’entrée du sucre dans les cellules.Malheureusement, ce système de serrures et de clés ne fonctionne pas toujours comme prévu. L’organisme peut rencontrer des difficultés à produire un nombre suffisant de clés d’insuline, et les serrures peuvent devenir résistantes et ne plus répondre à l’insuline.Toutes les formes de diabète ont en commun le problème de l’hyperglycémie ; cependant, le diabète n’est pas une maladie unique ; elle se présente sous la forme d’un spectre. Bien que le diabète soit globalement classé en deux types principaux, le type 1 et le type 2, chacun présente une diversité de sous-types, en particulier le DT2.Ces sous-types présentent leurs propres caractéristiques et risques, et ne répondent pas uniformément aux mêmes traitements.Afin de mieux servir les personnes atteintes de diabète de type 2 et de s’éloigner d’une approche «uniforme», il est utile de comprendre de quel sous-type de DT2 un patient est atteint. Lorsqu’une personne a besoin d’une transfusion sanguine, l’équipe médicale doit connaître son groupe sanguin. Il devrait en être de même pour le diabète, afin qu’un plan d’action adapté et efficace puisse être mis en œuvre.Cet article explore quatre sous-types particuliers de diabète de type 2, en mettant en lumière leurs causes, leurs complications et certaines de leurs voies de traitement spécifiques.Le diabète insulinodéficient sévère: il nous manque des clés!L’insuline est produite par les cellules bêta du pancréas. Dans le cas du diabète insulinodéficient sévère (ou SIDD pour severe insulin-deficient diabete), les usines à clés — les cellules bêta — sont en grève. En fin de compte, il y a moins de clés dans l’organisme pour déverrouiller les cellules et permettre l’entrée du sucre dans le sang.Le SIDD touche principalement les personnes jeunes et maigres et, malheureusement, il augmente le risque de maladies oculaires et de cécité, entre autres complications. La raison pour laquelle les cellules bêta se mettent en grève reste largement inconnue, mais comme il y a une carence en insuline, le traitement consiste souvent en des injections d’insuline.Lire aussi: Diabète gestationnel: attention au diabète de type 2Diabète insulinorésistant sévère: mais il est toujours bloqué!Dans le sous-type du diabète insulinorésistant sévère (SIRD, pour severe insulin-resistant diabete), les serrures sont surstimulées et commencent à ignorer les clés. En conséquence, les cellules bêta produisent encore plus de clés pour compenser. Ce phénomène se traduit par des taux élevés d’insuline dans le sang, également connus sous le nom d’hyperinsulinémie.Cette résistance à l’insuline est particulièrement importante chez les personnes ayant un poids corporel élevé. Les patients atteints de SIRD présentent un risque accru de complications telles que la stéatose hépatique. Il existe de nombreuses possibilités de traitement pour ces patients, mais il n’y a pas de consensus sur l’approche optimale; les patients ont souvent besoin de doses élevées d’insuline.Diabète léger lié à l’obésité: les verrous sont collants!Le diabète léger lié à l’obésité (ou MOD pour mild obesity-related diabete) représente une forme nuancée de DT2, souvent observée chez les personnes ayant un poids corporel plus élevé. Contrairement aux sous-types plus graves, le diabète léger lié à l’obésité se caractérise par une réponse plus mesurée à l’insuline. Les verrous sont «collants», de sorte qu’il est difficile pour la clé de s’enclencher et d’ouvrir la serrure. Bien que le MOD soit lié au poids corporel, il se distingue des autres sous-types de diabète par sa nature relativement moins grave.Pour minimiser les complications, le traitement doit inclure le maintien d’un régime alimentaire sain, la gestion du poids corporel et l’incorporation d’autant d’exercices physiques que possible. C’est là que des médicaments comme l’Ozempic peuvent être prescrits pour contrôler l’évolution de la maladie, en partie grâce à la gestion du poids corporel.Lire aussi: La première insuline basale à prise hebdomadaire est maintenant approuvée au CanadaDiabète léger lié à l’âge: j’en ai assez de devoir maîtriser ma glycémie!Le diabète léger lié à l’âge (ou MARD pour mild age-related diabete) est plus fréquent chez les aînés et se déclare généralement plus tard dans la vie. Avec le temps, la fabrique de clés n’est plus aussi productive et les serrures ne fonctionnent plus bien. Les personnes atteintes de diabète léger lié à l’âge ont du mal à gérer leur glycémie, mais cela n’entraîne généralement pas de complications graves.Parmi les différents sous-types de diabète, le MARD est le plus courant.Des serrures uniques, des clés variéesBien que des efforts aient été faits pour classer les sous-types de diabète, de nouveaux sous-types sont encore découverts, ce qui complique l’évaluation clinique et les plans de traitement.Au Canada, des cas uniques de DT2 ont été identifiés chez des enfants autochtones du nord du Manitoba et du nord-ouest de l’Ontario par la Dre Heather Dean et ses collègues dans les années 1980 et 1990. Malgré le scepticisme initial de la communauté scientifique, qui associait généralement le diabète de type 2 aux adultes plutôt qu’aux enfants, les équipes cliniques ont persisté à identifier ce cas comme un sous-type distinct de DT2, appelé diabète de type 2 de l’enfant.Le DT2 de l’enfance est en augmentation partout au Canada, mais il touche de manière disproportionnée les jeunes autochtones. Il est sans aucun doute lié au traumatisme intergénérationnel associé à la colonisation dans ces communautés. Bien que de nombreux facteurs soient probablement en cause, des études récentes ont révélé que l’exposition d’un fœtus au diabète de type 2 pendant la grossesse augmente le risque que le bébé développe un diabète plus tard dans sa vie.La reconnaissance de ce sous-type distinct de DT2 chez les Premières Nations a conduit à la mise en œuvre d’un plan d’action communautaire en matière de santé visant à relever les défis uniques auxquels sont confrontés les peuples autochtones. Il est à espérer que la collaboration entre les communautés et les chercheurs continuera à nous aider à comprendre le diabète de type 2 apparaît pendant l’enfance et à trouver des moyens efficaces de le prévenir et de le traiter.Lire aussi: Diabète de type 2: attention à la supplémentation en calciumUne mosaïque de maladiesLe diabète de type 2 n’est pas uniforme; il s’agit d’une mosaïque d’affections, chacune ayant ses propres caractéristiques. Étant donné que le diabète se présente de manière si unique chez chaque patient, même la catégorisation en sous-types ne permet pas de garantir l’évolution de la maladie. Cependant, la compréhension de ces sous-types est un bon point de départ pour aider les médecins et les autres professionnels de la sané à créer des plans personnalisés pour les personnes vivant avec la maladie.Alors que les communautés autochtones, les ménages à faible revenu et les personnes souffrant d'obésité courent déjà un risque plus élevé de développer un DT2 que la population dans son ensemble, des solutions personnalisées peuvent offrir l'espoir d'une meilleure prise en charge. Il est donc urgent de procéder à des évaluations plus précises des sous-types de diabète afin d'adapter les stratégies thérapeutiques et les stratégies de prise en charge. Cela permettra d'améliorer les soins pour tous les patients, y compris ceux issus de populations vulnérables et peu étudiées.Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.À lire aussiDT2: Un test salivaire pour prédire le risque de complications bientôt disponibleHypoglycémie chez les adultes diabétiques: une mise à jour sur la prévention et la prise en charge

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