Le DSP de Montréal recommande de bannir le tabac des établissements de santé et de leur périmètre extérieur

Adoptée en 1996, la Loi sur le tabac au Québec a été modifiée en 2005. Cependant, elle permet toujours de fumer à neuf mètres des établissements de santé, ainsi qu'à l’intérieur, dans des fumoirs et des chambres désignées à cette fin.Le Directeur de santé publique (DSP) de Montréal, le Dr Richard Tassé, estime qu’il faut mettre fin à ces autorisations. Il demande au gouvernement de bannir le tabac à l’intérieur de tous les établissements de santé et de services sociaux ainsi que dans leur périmètre extérieur.Le Dr Tassé a formulé cette recommandation majeure dans le mémoire déposé par son organisme lors de la Commission parlementaire qui étudie, à Québec, le Rapport sur la mise en œuvre (RMO) de la Loi sur le tabac 2005-2010.Cette Loi permet actuellement aux établissements en psychiatrie, aux CHSLD et aux centres de réadaptation d’aménager un fumoir, de réserver jusqu’à 40% des chambres pour des patients fumeurs et d'autoriser la consommation du tabac à une distance de neuf mètres de l’édifice.Santé et sécuritéToutefois, ces autorisations soulèvent des difficultés et des enjeux de santé et sécurité. Plusieurs gestionnaires d’établissements soulignent que certains patients sortent fumer dans des conditions médicales précaires ou avec des «appareillages médicaux» qui ne devraient pas aller à l’extérieur.Les choses peuvent tourner au drame. En 2011, un patient est mort asphyxié lors d’un incendie dans un fumoir du département de psychiatrie de l’Hôpital St-Mary de Montréal. A la suite de ce drame, le fumoir a été fermé et l’établissement a mis sur pied des services de cessation du tabagisme.Chez les personnes souffrant de troubles de santé mentale ou de dépendance, le taux de prévalence du tabagisme est deux à trois fois plus élevé que dans la population générale. L’autorisation de fumer dans les établissements encourage donc cette dépendance.La permission accordée à certaines clientèles a aussi un impact négatif sur d’autres groupes. Les non-fumeurs, patients, membres du personnel ou visiteurs ne sont pas protégés contre la fumée du tabac dans l’environnement (FTE), souligne le DSP montréalais.EntraveLe Dr Massé estime que l’introduction d’exceptions dans les établissements de santé ou d’hébergement peut entraver l’efficacité des politiques contre le tabac puisqu’elles forcent les employés à négocier avec les usagers, ce qui augmente les risques de conflits et une perception d’iniquité avec les autres bénéficiaires.Des études faites dans les établissements de santé mentale concluent que la constance dans l’application d’une politique de tabac dans toutes les unités et l’absence de mesures d’exception est plus efficace et réduit le nombre de plaintes et les agressions verbales de la part des usagers.À l’inverse, l’interdiction aurait des effets positifs comme le démontre l’exemple de l’Institut Philippe-Pinel, un hôpital psychiatrique sans fumée, sans chambre fumeur, ni fumoir. Depuis le 31 octobre 2005, il interdit à l’ensemble des patients de fumer tant à l’intérieur que sur les terrains de l’établissement, mais les accompagne dans leur sevrage.Cette approche a permis une diminution de la dose de certains médicaments, notamment une réduction d’environ 20% de la clozapine, suivie d’une baisse proportionnelle des effets secondaires reliés à ces médicaments, ainsi qu’une réduction du budget de médicaments.Interdiction totaleÀ la lumière des impacts causés par la consommation de tabac, le DPS de Montréal recommande que la Loi interdise totalement de fumer dans l’ensemble des établissements de santé, incluant les centres jeunesse et les institutions de santé mentale et de toxicomanie, ainsi que dans leur périmètre extérieur.Le Dr Massé songe toutefois aux fumeurs qui seraient touchés par cette abolition et suggère que cette interdiction soit accompagnée de mesures de soutien à l’abandon du tabac.Dans les automobilesDans son mémoire, le DSP de Montréal émet au total dix recommandations pour renforcer la Loi québécoise sur le tabac. Il suggère de profiter de la révision en marche pour interdire de fumer dans les automobiles en présence de personnes de moins de 16 ans afin de protéger les tout-petits et les jeunes contre la FTE. Le Québec est la seule province canadienne à ne pas l’avoir fait à ce jour.

Le DSP de Montréal recommande de bannir le tabac des établissements de santé et de leur périmètre extérieur

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