Le donépézil n’est pas associé à un risque accru d’événements cardiaques proarythmiques

L’évaluation des risques et des avantages du donépézil vient d’être facilitée par les résultats d’une nouvelle étude. Une analyse systémique d’essais cliniques randomisés n’a pas révélé de risque accru d’événements cardiaques indésirables majeurs associés à un allongement de l’intervalle QT chez les personnes prenant du donépézil par rapport à celles recevant un placebo.La monographie du donépézil indique que des cas de syndrome du QT long et d’autres événements cardiaques ont été signalés après la mise en marché du médicament. Selon les auteurs de l’étude, le donépézil est classé parmi les médicaments à «risque connu» de provoquer un allongement de l’intervalle QT (QTPmed), même si la plupart des preuves proviennent de données d’observation, y compris de rapports sur des cas uniques.Des chercheurs de l’Université McMaster et de l’Université de Toronto ont réalisé une revue systématique avec méta-analyse de 60 essais cliniques impliquant 12 463 participants randomisés entre le donépézil et le placebo. Il n’y a pas eu d’augmentation du risque d’événements cardiaques indésirables majeurs (MACE) chez les personnes prenant le donépézil par rapport à celles prenant le placebo. À lire aussi: Cinq conseils pour évaluer le potentiel d'interactions médicamenteuses en lien avec l'allongement de l'intervalle QTLes MACE ont été définis comme la mortalité, la mort cardiaque subite, l’arrêt cardiaque non fatal, les torsades de pointes, la tachyarythmie ventriculaire, les crises d’épilepsie ou la syncope. Pour chacun, aucun résultat n’était statistiquement différent entre les deux groupes, ce qui suggère qu’il n’y a pas de risque accru d’événements associés à l’allongement de l’intervalle QT, tels que les arythmies ventriculaires, les convulsions ou les syncopes.«Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de lien entre le donépézil et ce problème cardiaque mortel spécifique», indique la Dre Tina Nham, coauteure principale de l’étude et résidente en cinquième année de médecine gériatrique au département de médecine de l’Université McMaster.«Il est utile que les prescripteurs sachent que le donépézil ne présente peut-être pas un risque aussi élevé d’arythmie mortelle qu’on le pensait auparavant. Les patients qui prennent du donépézil craignent qu’il n’entraîne plusieurs effets secondaires néfastes pour le cœur, et cette étude contribue à démystifier certaines de ces croyances de longue date», ajoute la Dre Nham dans un communiqué de presse.D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer l’innocuité du donépézil chez les personnes souffrant déjà d’une maladie cardiaque, notent les auteurs.Lire aussi: Troubles cognitifs et démence: 5 conseils pour gérer les enjeux médicamenteuxLes résultats pourraient contribuer à alléger le fardeau administratif des médecins et autres utilisateurs de DMÉ, notent la Dre Nham et ses collègues. Si les avertissements concernant le donépézil et les arythmies cardiaques de l’intervalle QT sont supprimés, cela pourrait signifier moins de procédures pour ceux qui prescrivent ou délivrent le médicament.«Les cliniciens reçoivent un grand nombre de ces avertissements sur leurs DMÉ. Les études montrent que la quantité de clics que nous devons faire pour passer outre ces avertissements peut contribuer à l’épuisement et au stress des soignants», souligne la Dre Nham.La majorité des effets indésirables du donépézil sont d’ordre gastro-intestinal, comme les nausées, la diarrhée ou la perte d’appétit.«Malheureusement, nos thérapies médicamenteuses actuelles pour la démence, y compris le donépézil, sont loin d’atteindre des résultats importants tels que le maintien des patients à la maison avec leur famille, mais au moins le problème de l’arythmie cardiaque et des décès ou syncopes qui y sont liés ne semble pas être un enjeu important», commente l’auteure principale de l’étude, la Dre Anne Holbrook, professeure au département de médecine de l’Université McMaster et directrice de la division de la pharmacologie et de la toxicologie cliniques.L’étude en question a été publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society.

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