Le A-38 strikes again

Il me semble qu’il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un nouvel épisode du formulaire A-38 ne surgisse1.La semaine passée, je vois à mon bureau une personne âgée qui consulte pour fatigue et palpitations. En l’examinant, je constate qu’elle présente un rythme cardiaque irrégulier qui a l’allure d’une fibrillation auriculaire. L’ECG confirme le tout. J’initie la médication et je la dirige vers l’accueil clinique de l’hôpital de mon CISSS pour compléter l’investigation et la faire voir par le cardiologue. J’avise la patiente et sa fille qui l’accompagne qu’on les appellera pour leur indiquer où et quand se présenter. La patiente, qui est âgée et présente un léger trouble neurocognitif, rentre chez elle, se couche pour une sieste et ne répond pas à l’appel de l’accueil clinique. Apprenant la situation, je demande à la famille de communiquer avec le service afin de prendre rendez-vous et d’y faire voir leur mère.La fin de semaine passe. Je reçois alors un fax de l’accueil clinique me demandant de recompléter la demande!Voyons donc! La patiente était en FAP vendredi, elle l’est toujours lundi.Pourquoi remplir à nouveau la demande?Cela n’a pas de bon sens.Et puis, quelques jours plus tard, voilà qu’un autre incident A-38 m’assaille.Deux mois plus tôt, j’avais fait une demande d’EMG pour une patiente présentant un engourdissement des deux jambes, vraisemblablement une polynévrite diabétique. J’avais alors utilisé le formulaire «Demande d'examens du service de neurologie (CIUSSS du X-X-de-X)». Or, il semble que je devais plutôt adresser cette demande au CRDS.Pourquoi recevoir cette note deux mois plus tard? Et pourquoi faut-il que cela repasse par moi? Tous les renseignements cliniques et l’objet de la demande sont là, bien indiqués, en toutes lettres.N'y a-t-il pas quelqu'un qui pourrait simplement retransférer la demande?Un autre exemple du Syndrome du laissez-passer A-38, la huitième épreuve décrite dans Les douze travaux d'Astérix:C’est comme si toutes les raisons étaient bonnes pour ne pas voir les patients, retarder le plus possible leur prise en charge et réduire la demande.C’est comme si, ce n’était jamais le bon papier, de la bonne grandeur, de la bonne couleur, du bon côté.Au bout du compte, qui en en paie la note?Au premier plan, les omnipraticiens, qui doivent se farcir de davantage de travail clérical (que l’on ne s’y méprenne pas, ces exemples sont légion et sont le quotidien de tous les omnipraticiens). Pendant ce temps, ils ne voient pas de patients. Mais ce sont surtout les patients qui subissent les contre-coups de ces embêtements administratifs. -> Formulaires: partagez vos anecdotes ubuesquesNotre système de santé est malade, je le sais. Fatigué, épuisé. À bout de nerf.Que peut-on faire pour l’améliorer?Peut-être en réduire le gigantisme?Car, si cela s’était passé à mon hôpital, peut-être aurais-je simplement téléphoné, ou marché jusqu’à l’accueil clinique ou communiqué avec le CRDS pour leur parler, leur expliquer? Alors que là, à qui voulez-vous que je parle? Ces structures sont informelles, nébuleuses, impersonnelles. À qui s’adresser? J’ai envoyé une copie de la présente à mon DSP; mais que voulez-vous qu’il fasse? Il a certainement d’autres chats à fouetter. J’ai même envoyé une copie à la FMOQ; mais encore là, que voulez-vous qu’on en fasse? Aussi bien faire comme tout le monde : ne pas dire un mot et remplir le bon papier, de la bonne couleur, de la … Jusqu’à ce que j’en ai assez!On pourrait aussi remplacer les boîtes aux plaintes que l’on retrouve dans tous les établissements par des boîtes à suggestions, et nommer un responsable à l’amélioration des services de santé dans chaque établissement., en rendant ce poste obligatoire pour l’agrément des institutions de santé.Au moins, de cette façon, nous saurions à qui adresser nos doléances.Référence:1- Wikipedia. Les Douze travaux d'Astérix.

Bâbord amures

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Derrière ce blogue:

Roger Ladouceur

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