L'alcool est-il la nouvelle cigarette?

Une nouvelle étude visant à mettre à jour les directives canadiennes sur la consommation d'alcool a révélé qu’en boire ne présente aucun bénéfice pour la santé, seulement des dangers. Voilà une affirmation qui donne à réfléchir! L'alcool est-il la nouvelle cigarette? Le tabagisme est un agent cancérigène et un facteur de risque cardiovasculaire important. Notamment pour la bronchopneumopathie chronique obstructive, les maladies coronariennes, les maladies cardiovasculaires et la maladie artérielle périphérique. Ce sont des vérités médicales bien établies que personne ne contestera en 2022. Mais lorsque nous examinons toutes les restrictions actuelles imposées au tabac, il est assez remarquable de constater le temps qu'il a fallu pour les mettre en œuvre. Des décennies, assurément. Pourquoi? Ce n'était pas par manque de science. Il s'agissait d'une lutte contre une puissante industrie qui avait les doigts tachés de nicotine dans d'innombrables entreprises publiques et privées. Les compagnies de tabac parrainaient des événements sportifs et artistiques et contribuaient activement au tissu de la société canadienne. Le gouvernement n'était certainement pas pressé de voir tout le monde cesser de fumer, car les recettes fiscales provenant de la consommation de tabac alimentaient les coffres et constituaient un revenu indispensable pour équilibrer les budgets. Les gens aimaient fumer ou, plus exactement, ils étaient dépendants du tabac et ne voulaient pas arrêter. Fumer était cool. Fumer était sexy. Mais comme nous l'avons appris, fumer était mortel. Nous devions accepter l'inévitable sevrage et arrêter de fumer. Sevrage brutal, patch, gomme, Zyban, Champix (il n'y avait pas d'option de vapotage à l'époque), tout ce que vous voulez. Tolérance zéro. Nous devions arrêter de fumer! J'ai eu la chance de rencontrer et de parler avec le Dr Andrew Pipe, un spécialiste canadien de l'abandon du tabac qui a joué un rôle déterminant dans les pressions exercées sur le gouvernement pour qu'il interdise de fumer dans les avions au Canada, ce qui semblait être une tâche presque impossible à l'époque. En 1990, Air Canada a adopté une politique antitabac sur toutes ses lignes. En 1994, le Canada a été le premier pays à interdire la cigarette sur tous les vols assurés par des transporteurs canadiens. Le ciel canadien à son meilleur, sans fumée. Lire aussi: Même un seul verre d'alcool serait trop. Pardon? 1990! Il y a seulement 32 ans. Aujourd'hui, il semble inconcevable d'envisager prendre l'avion avec une personne qui fume à ses côtés. Aujourd'hui, l'odeur de la fumée de cigarette dans un restaurant fait tourner les têtes et suscite des inquiétudes. Si, dans le passé, il était difficile de trouver un environnement sans fumée, aujourd'hui, c'est considéré comme un droit et généralement un droit pour lequel nous n'avons pas à nous battre. Les fumeurs sont désormais des parias, qui se terrent dans leurs placards ou se gèlent les fesses en hiver, blottis sans cérémonie à l'extérieur. La société les montre du doigt et se moque de leur ignorance permanente. Arrête, idiot, avant de planter un autre clou dans ton cercueil. Tout cela pour dire que nous sommes maintenant confrontés au goulot d'étranglement d'un problème similaire. Sommes-nous prêts à accepter la science ou l'alcool est-il trop étroitement lié à notre culture et à nos traditions ? L'alcool est cancérigène. L'alcool est mortel. Et pas seulement en cas de forte consommation. Toute consommation augmente les facteurs de risque. C'est sûrement exagéré. Ce n'est pas si grave. Nous avons une tolérance zéro pour le tabagisme. Je n'ai jamais entendu l'affirmation «une ou deux cigarettes par jour, c'est bien». Pourtant, avec l'alcool, nous continuons à jouer le jeu de la «consommation saine», alors que les preuves scientifiques du contraire sont de plus en plus nombreuses. Lire aussi: Alcool et drogue au travail: les médecins les plus stressés «ont le plus de difficulté» De nombreuses études ont été publiées récemment dans la presse médicale et grand public sur les dangers de l'alcool. En août, nous avons assisté à la publication du document Le projet d’actualisation des Directives de consommation d’alcool à faible risque du Canada: rapport final pour consultation publique. Ce rapport, publié fin août par le Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances (CCLAT), fait suite à deux années de recherche et à l'examen de plus de 5000 études évaluées par des pairs. Il indique que l'alcool, même en petite quantité, peut être nocif. «Le risque de résultats négatifs commence à augmenter avec toute consommation, et avec plus de deux verres standard, la plupart des individus auront un risque accru de blessures ou d'autres problèmes», écrivent les auteurs du rapport. Y compris pour un verre de Merlot? Le cancer, note le CCLAT, est la principale cause de décès au Canada et l'alcool peut causer au moins sept types de cancer différents. Les maladies cardiaques sont la deuxième cause de décès et, selon le CCLAT, les recherches menées au cours de la dernière décennie ont montré que l'alcool peut causer des problèmes cardiaques. Dissipons les mythes. Tout d'abord, l'alcool n'a PAS d'effet cardioprotecteur. Il contribue à la maladie coronarienne, aux infarctus, à l'insuffisance cardiaque congestive et à la fibrillation auriculaire. Il existe des liens étroits avec la démence, les accidents et traumatismes excessifs et l'augmentation des comportements violents. Boire de l'alcool n'est pas sain.En consommer peut être mortel. Mais nous ne parlons certainement pas d'un merveilleux verre de Merlot au cours du dîner, d'une bière artisanale rafraîchissante avec des amis ou d'un Martini délicieusement sec lors d'une soirée. Je ne vais pas tomber raide mort à cause de ça. Arrêtez cette discussion stupide et exagérée. Ne nous privez pas de l'un des plus grands plaisirs de la vie. En tant que profession médicale, nous devons examiner de près ce que la science nous dit. Tout comme le public, nous devons examiner sérieusement ces suggestions de nouvelles directives canadiennes en matière de consommation d'alcool. Les approuvons-nous? Les mettons-nous en œuvre auprès de nos patients? Tout aussi difficile, les respectons-nous nous-mêmes? Si la tolérance zéro n'est pas réalisable, pouvons-nous réduire notre consommation de manière significative ? «Moins, c'est mieux», avec pour objectif d'intégrer et de promouvoir les bières, vins et spiritueux sans alcool. Est-ce l'approche appropriée pour un avenir plus sain? Comment changer notre histoire d'amour séculaire avec une toxine alléchante? Nous aimerions connaître votre avis. Repensons notre façon de boire... Le Dr Ted Jablonski est un auteur-compositeur-interprète, dramaturge en herbe et poète néophyte qui a mis fin à sa pratique familiale pour se concentrer sur la médecine sexuelle et la santé des transgenres dans le sud de l'Alberta. Il se retrouve maintenant à conseiller les étudiants de la Cumming School of Medicine et à mener la charge dans les tranchées de la médecine de soins primaires aigus à Calgary.

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