La vérité est parfois insupportable

L'autre jour, j'ai entendu l'histoire d'une patiente dont la mammographie anormale nécessitait une compression conique qui avait été retardé de plusieurs mois. Ce test a ensuite conduit à la nécessité d'une biopsie guidée, mais l'hôpital avait du mal à trouver suffisamment de personnel, de sorte que cette biopsie a également été retardée de plusieurs mois. Une fois la biopsie effectuée, l'analyse du spécimen par un histopathologiste a encore été retardée. D'autres excuses ont été données. Elle a finalement découvert qu'elle avait un cancer du sein. Par la suite, elle a eu besoin d'une stadification pour savoir jusqu'où le cancer s'était propagé et, bien sûr, cela a pris des semaines supplémentaires parce que le système est engorgé de patients qui se bousculent pour des ressources limitées. En raison des délais dans sa prise en charge, son cancer s'est propagé aux os et aux poumons. Elle avait besoin de protocoles de traitement complexes ; son pronostic était bien pire que si l'on avait agi rapidement. En fait, elle est décédée 30 mois après la première mammographie, 12 mois après le début de la stadification et du traitement. Elle avait perdu 18 mois sur la liste d'attente. C'est ridicule! J'avais un patient atteint de MPOC terrible qui avait fait des allers-retours aux urgences tout au long de l’année. Il avait besoin d’une machine CPAP qui n'est pas entièrement couvert par l'assurance maladie, alors il s'en est passé. Il avait besoin de certains médicaments (non couverts et donc inabordables). Il avait besoin d'une réadaptation respiratoire, mais il ne pouvait pas se rendre à l'endroit nécessaire. Sur une période de 18 mois, il a été hospitalisé pendant cinq mois et demi, y compris dans l'unité de soins intensifs, et il est finalement décédé. Il est mort parce que le système l'a laissé tomber, encore et encore. Peu importe le nombre de visites à domicile que j'ai effectuées, les médicaments qui ont été changés, le nombre de spécialistes qu'il a consultés. Chaque fois que nous avons cherché des solutions, nous avons souvent entendu dire que ce n'était pas couvert, que ce n'était pas possible dans la communauté, qu'il y avait un délai d'attente pour ces soins. Il avait souvent l'impression que le système ne se souciait pas vraiment de lui. C'est déchirant! Le jeu de l’attente J'ai des patients qui ont besoin d'une chirurgie des articulations et qui doivent attendre près de deux ans, tout en devenant insidieusement handicapés, déconditionnés et en perdant de l'argent à mesure qu'ils perdent leur mobilité. J'ai des patients qui paient pour que leurs enfants soient diagnostiqués pour des problèmes de santé mentale, mais qui ne peuvent pas accéder à la psychiatrie, la psychothérapie ou aux services de soutien, de sorte que tout se résume aux soins aigus des urgences. J'ai des patients diabétiques qui ont besoin de médicaments spécifiques pour améliorer leur état, perdre du poids, améliorer leur condition physique et leur alimentation, mais qui ne peuvent pas se payer ces médicaments et ces services. Au cours de la prochaine décennie, je m'occuperai donc de leur neuropathie, de leurs lésions rénales, de leurs crises cardiaques et de leur cécité, jusqu'à ce qu'ils perdent un membre et finissent par perdre la vie. J'ai des patients plus âgés qui sont envoyés aux urgences depuis la maison de retraite pour toutes sortes de problèmes médicaux peu clairs. Ils sortent de l'hôpital avec des soins à domicile limités, mais reviennent une semaine ou deux plus tard. J'ai des centaines d'histoires comme celle-là ; je vous invite à me faire part des vôtres. Les soins de santé sont des soins aux malades. Nous nous occupons des urgences (si les urgences sont ouvertes) et non de la prévention. Nous nous occupons des soins aigus, puis nous laissons sortir les patients avec des services de réadaptation limités. Nous consacrons tant d'argent aux soins tertiaires et si peu aux soins de première ligne. Nous surtraitons les personnes âgées. Nous consacrons près de 50% du budget des soins de santé aux personnes âgées de plus de 65 ans. Ce chiffre atteindra 70% en moins de 20 ans. Nous faisons attendre les patients jusqu'à ce que leur état de santé s'aggrave, puis nous les traitons. Nous attendons la crise cardiaque, puis nous posons un stent. Nous attendons l'amputation de la jambe, puis nous vous équipons d'une prothèse. Nous emmenons les patients âgés à l'hôpital, nous leur faisons passer toute une série de tests qui n'améliorent en rien leur qualité de vie, puis nous les laissons sortir sans soins à domicile, sans kinésithérapie à domicile. Nous laissons la femme mentionnée tout à l’heure être atteinte d'un cancer du sein métastatique, puis nous la traitons par radiothérapie et chimiothérapie. C'est absurde! Suis-je en colère? Et comment! Six millions de patients orphelins au Canada et c’est un chiffre qui va en augmentant. Un système de santé né dans les années 1950 et saigné à blanc pour équilibrer les quatre humeurs, comme on le faisait dans l'Europe médiévale. C'est la raison pour laquelle nous sommes classés dans les derniers rangs du classement du Commonwealth en matière de soins de santé. La solution Le succès est pourtant simple. Chaque Canadien a besoin d'un médecin de famille travaillant en équipe avec des travailleurs paramédicaux dans un système de DME interconnecté. Des pharmaciens au champ d'action élargi, travaillant en équipe avec les médecins de famille, font partie de la solution. Un plus grand nombre d'infirmières praticiennes travaillant en équipe avec les médecins de famille fait aussi partie de la solution. L'élargissement réfléchi du champ d'action des sages-femmes, des podologues, des optométristes et d'autres professionnels paramédicaux travaillant en équipe avec les médecins de famille fait partie de la solution. L'embauche d'un plus grand nombre d'auxiliaires médicaux pour évaluer et prendre en charge les patients dans la communauté (et non les amener aux urgences) fait partie de la solution. Une partie de la solution consiste à améliorer les connaissances en matière de santé dans tous les groupes d'âge afin d'aider la population à faire des choix plus sains et à gérer ses besoins de base en matière de santé. Si vous souhaitez que le système canadien de maladies devienne plutôt un système de soins de santé, veuillez partager cet article.

La vérité est parfois insupportable

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes