La transplantation d’organes ballotée par les vagues covidiennes

Selon les dernières données publiées par l’ICIS, qui concernent l’année 2020, le nombre de transplantations d’organes a diminué de 14% au pays, comparé à 2019. De son côté, l’organisme Transplant Québec a enregistré une baisse de l’activité de 18 à 20% au cours de la même période, que ce soit en termes de références (18%), de donneurs effectifs (20%) et de personnes transplantées (20%). Les chiffres pour 2021 sont encore préliminaires, mais le directeur des services cliniques et des soins infirmiers de Transplant Québec, Sylvain Lavigne, a observé une reprise «sensible» des activités au cours des premiers mois de l’année. «On anticipe cependant une diminution assez nette pour décembre en raison de la cinquième vague» qui déferle sur la province. «On est tous dépendants de la COVID et du fardeau qu’elle fait peser sur le réseau de la santé et si cette vague perdure, il y aura des impacts significatifs» pour les patients en attente d’une transplantation, prévoit-il. Aujourd’hui, ces personnes seraient au nombre de 880 au Québec. En date du 31 décembre 2020, l’ICIS en comptabilisait 2489 au Canada, excluant les patients québécois. L’institut rapporte également que 276 Canadiens sur les listes d’attente sont décédés au cours de cette année-là. Transplant Québec a quant à lui recensé 43 décès, contre 50 en 2019. Cette baisse est «difficile à expliquer», indique Sylvain Lavigne, mais, chose certaine, «les patients sont plus nombreux sur les listes d’attente et ils y restent plus longtemps, ce qui risque d’avoir des conséquences à plus long terme délicates à anticiper.» Baisse du nombre de transplantations de 2019 à 2020, par type d’organe: Rein: 15% Foie: 9% Cœur: 11% Poumon: 20% Pancréas: 21% Source: Registre canadien des insuffisances et des transplantations d’organes, 2021, Institut canadien d’information sur la santé. Si les transplantations sont en baisse, c’est parce que les donneurs sont moins nombreux. De 2019 à 2020, le nombre total de dons d’organes a ainsi diminué de 15% à l’échelle du pays, souligne l’ICIS, le portrait étant similaire au Québec. «Les causes sont multiples et plus ou moins incertaines», signale Sylvain Lavigne. Il cite par exemple la mise en place du couvre-feu, qui a provoqué un recul des accidents de la route et donc des donneurs potentiels. «Les professionnels de la santé sont mobilisés sur d’autres enjeux et certains donneurs ont pu passer entre les mailles du filet», ajoute le directeur de l’organisme qui coordonne le processus de don d’organes au Québec. Signe encourageant, selon lui, les professionnels de la santé ont malgré tout continué à référer des donneurs. Les références ont notamment dépassé la moyenne des cinq dernières années en septembre, octobre et décembre 2020. Des 675 références faites en tout à Transplant Québec en 2020, 28% ont pu être retenues. «Pour l’ensemble des références refusées, celles liées aux refus de la famille ont diminué pour une deuxième année consécutive. Néanmoins, 20% des familles auraient refusé le don d’organes bien que les donneurs y auraient préalablement consenti par écrit», remarque l’organisme dans ses statistiques officielles. Pour pallier la baisse d’activités, Transplant Québec va continuer à faire de la sensibilisation dans les hôpitaux «pour faire savoir que le don d’organes continue durant la pandémie. C’est le bout qu’on peut faire», dit Sylvain Lavigne en précisant que «le message est bien reçu. Les gens sont pleins de bonne volonté, mais les capacités restent limitées sachant que le don d’organes peut impliquer beaucoup de monde».

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