La rougeole au Québec: le point avec la Santé publique

Même si la rougeole a été déclarée comme éradiquée au Canada en 1998, cette maladie infectieuse a récemment été confirmée chez 18 individus au Québec. La résurgence de ce virus près de 26 ans après son élimination a pour résultat qu’une proportion considérable des professionnels de la santé qui pratiquent aujourd’hui n’ont pas été exposés à des cas de rougeole chez leurs patients.Dans un webinaire tenu le 12 mars organisé par le Collège des médecins du Québec où plus de 11 000 professionnels de la santé ont assisté, des médecins microbiologistes-infectiologues ont communiqué les principales informations quant aux symptômes, diagnostic et vaccination de la rougeole.«La rougeole […] est une situation sérieuse qui concerne à peu près tout le monde. Mais évidemment, on a des préoccupations plus fortes pour les enfants et les bébés», a déclaré Dr Luc Boileau, directeur national de la Santé publique.Pour atteindre l’immunité collective, «on vise une protection de 95% de la population, soit par un historique de maladie ou par la vaccination,» a rappelé la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue responsable de la prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine.Bien que la période d’incubation moyenne soit de 10 à 14 jours, les symptômes d’une première virémie peuvent se poser dès la cinquième journée d’incubation, ou jusqu’à un intervalle de 21 jours. Le premier symptôme se manifestent par une fièvre élevée qui durera plusieurs jours, suivi de taches de Koplik sur les muqueuses de la bouche, d’éruption cutanées, de conjonctivites et coryza, de toux et autres symptômes.L’éruption cutanée typique des cas de rougeole se présente sous forme d’exanthème morbiliforme maculo-papuleux, qui peut être surélevé et donc détectable au toucher. Cette éruption commence souvent derrière les oreilles avant de se propager au reste du corps. «Il y a une grande difficulté à le reconnaître sur des peaux plus foncées, on est habitués dans les livres d’avoir des photos de rougeole chez les Blancs. Sur une peau noire et une peau plus basanée, le rouge est vraiment moins évident», a averti la Dre Quach-Thanh.Si les symptômes ne sont pas conclusifs pour un diagnostic de rougeole, «mieux vaut tester davantage que moins, et détecter les cas de rougeole,» a-t-elle prévenu. Il s’agit en effet d’une maladie avec un taux de reproduction viral R0 de 12 à 18, c’est-à-dire où un seul individu infecté peut contaminer en moyenne 12 à 18 autres personnes. Pour cette raison, il est important de déclarer tout cas suspect dès que possible auprès de votre service de prévention et contrôle des infections et à la direction de santé publique de votre région.«Les milieux pédiatriques sont beaucoup plus à risque, parce que c’est là où on a des gens qui sont peu vaccinés et parce que les moins de 12 mois ne sont pas vaccinés», a mis en garde la Dre Quach-Thanh. La recommandation actuelle pour les bébés de moins de 12 mois est de vacciner ceux qui voyageront «dans des zones où le risque de rougeole est grand […] et en contexte de post-exposition», a-t-elle confirmé.Selon une méta-analyse publiée en 2020, la vaccination chez les moins de 12 mois génère une réponse immunologique moindre. «Il faut vraiment regarder ça d’un point de vue populationnel. Dans le long-terme, ces gens-là risquent de faire diminuer la protection collective et donc on pourrait se retrouver dans une situation où il y a beaucoup plus de susceptibilité à la rougeole», a expliqué la Dre Quach-Thanh.Le Comité sur l’immunisation du Québec s'entretiendra sur la question de l'administration du vaccin contre la rougeole chez les moins de 12 moins cette semaine et communiquera une réponse officielle provinciale sous peu.Un résumé du webinaire de la DSP est accessible sur le site du Collège des médecins du Québec: La rougeole, bien la comprendre pour mieux la déceler (PDF).

La rougeole au Québec: le point avec la Santé publique

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