La nutrition est un facteur induisant des symptômes similaires au TDAH (3/3)

Après avoir discuté de l’augmentation des cas d’allergie ou d’intolérance alimentaire et des liens éventuels entre les aliments et les symptômes associés au TDAH, nous nous attarderons ici sur une nouvelle piste: certains symptômes associés au TDAH pourraient découler d’un déséquilibre de la digestion des sucres ou de la glande thyroïde. Je suis très curieux d’avoir votre avis à ce sujet pour favoriser la santé des enfants et des adultes.Nous aborderons également l’impact d’une médication psychostimulante qui, selon l’Association pédiatrique suisse, aurait des effets anorexigènes.Enfin, quelques pistes seront proposées à partir du livre de la nutritionniste Dominique Béliveau afin d’explorer une meilleure manière de se nourrir en famille par la stimulation du système hédonique.Prédiabète?Le comportement de vos enfants pourrait-il différer avant ou après un repas? Est-il possible qu’ils soient affectés par la faim (hypoglycémie) ou la satiété, plus encore quand ils ont mangé du sucre et des aliments à forte teneur en glycémie? L’hyperglycémie pourrait-elle induire des comportements comme ceux du TDAH? Les cas de diabète adulte sont de plus en plus fréquents chez les enfants… Cela ne mériterait-il pas qu’on s’interroge sur les conduites alimentaires?L’inconfort ressenti par l’enfant en situation de choc glycémique ou par celui qui présente un tableau de risques de diabète évident pourrait en effet générer des symptômes similaires à ceux du TDAH: bougeotte, difficultés à se concentrer, fatigabilité, etc.La phase d’hyperglycémie, suivie par celle de l’hypoglycémie, pourrait-elle induire des comportements «normalisables» grâce aux psychostimulants, auquel cas on passerait à côté d’un éventuel problème de pancréas? Le fait d’utiliser une médication normalisant le comportement sans avoir vérifié la source des symptômes pourrait-il masquer la présence d’un prédiabète? Le parent vous avouera-t-il ses écarts et ses habitudes alimentaires, alors que la malbouffe est tant critiquée? Prescrire à un enfant des médicaments psychostimulants sans vérifier l’éventualité d’un trouble découlant de mauvaises habitudes alimentaires peut s’avérer préjudiciable dans la mesure où cela risque de cacher des réactivités comportementales indiquant un problème de santé lié à une lésion fonctionnelle du pancréas…Qu’en est-il de l’impact de la glande thyroïde? Se pourrait-il que son dérèglement induise lui aussi des symptômes similaires à ceux du TDAH ? Il serait alors très important de vérifier jusqu’à quel point, chez certains enfants, les poussées de croissance peuvent perturber leurs comportements lorsqu’ils mangent plus d’aliments sucrés ou que leur digestion est plus difficile.Effets directs des médicaments psychostimulants?Ces médicaments jouent sur la glycémie. Ils coupent la faim et on estime que les enfants qui en prennent font deux pouces de moins que ceux qui n’en prennent pas. Or, la Société suisse de pédiatrie émet une hypothèse pour expliquer les mécanismes physiologiques à l’origine de certains effets indésirables du méthylphénidate. Ce dernier pourrait bloquer le recaptage de la noradrénaline dans les terminaisons nerveuses périphériques adrénergiques du système nerveux végétatif. En effet, on retrouve la noradrénaline comme neurotransmetteur classique dans les fibres sympathiques périphériques. Par ailleurs, en stimulant les récepteurs βadrénergiques-1 du cœur, le méthylphénidate agit sur le système cardiovasculaire, induisant de l’hypertension ou de la tachycardie.La Société suisse de pédiatrie ajoute que le méthylphénidate inhiberait, par affinité, les enzymes monoamino oxydases qui dégradent les catécholamines. L’augmentation de la concentration de ces neurotransmetteurs, ou des métabolites associés, dans les synapses expliquerait les effets anorexigènes, la perte de poids et le ralentissement ou l’arrêt de la croissance.Éveiller l’intelligence alimentaire La diététiste Dominique Béliveau a publié récemment un livre sur l’intelligence alimentaire, L’intelligence alimentaire, reprogrammer la façon de se nourrir. Voici, résumées en quelques lignes, sa pensée et ses suggestions pour redécouvrir le plaisir de diversifier le contenu de ses repas. Ses propositions pour développer de saines habitudes alimentaires stimulent le système hédonique, qui encourage les comportements adéquats, assurant ainsi la survie de l’individu et de son entourage.En premier lieu, elle précise que les comportements alimentaires reposent sur quatre piliers. Le repos apparaît comme un vecteur primordial pour assurer une bonne digestion. L’activité physique permet, quant à elle, de maintenir sa forme et sa santé, tout en contribuant à éliminer un éventuel surplus de poids ainsi que les toxines. La qualité des aliments absorbés est aussi déterminante. Enfin, il y a l’eau. Elle est essentielle pour garantir un sain équilibre physiologique, alors que de nombreux enfants «oublient» de boire et qu’ils ne font pas toujours la distinction entre soif et faim.Plusieurs de ces éléments peuvent faire l’objet de questionnements au regard de ce qui se passe autant dans les réfectoires et cafétérias scolaires que dans les familles. Combien de situations de stress? Combien de disputes? Combien de repas pris devant le téléviseur? Combien de temps passé à se nourrir? La digestion et le plaisir de manger risquent d’en être perturbés.Je reviendrai sur la fonction du système hédonique dans les prochains textes. Toutefois, je constate que la pratique clinique de Dominique Béliveau, construite auprès de personnes souffrant de troubles alimentaires, l’a amenée à comprendre que l’éveil des sens est un moyen inestimable pour acquérir de saines habitudes alimentaires.C’est ainsi qu’en explorant le plaisir des sens, autant la vue que l’odorat ou le goût de l’aliment en bouche, il est possible de mieux distinguer ce qui est bon ou moins bon pour la santé. Par exemple, prenez un Coke à la température de la pièce comme si vous savouriez un vin de qualité. Pas sûr que vous apprécierez et renouvellerez l’expérience!L’ambiance du repas est fondamentale, partager un moment de plaisir avec sa famille ou des amis, aussi. Depuis plus de 10 ans, j’organise souvent chez nous des «potluck». Chaque ami apporte un plat à partager. C’est l’occasion de déguster des aliments ou des agencements de saveurs auxquels on n’avait jamais été exposé auparavant. De plus, cela réduit le coût de la réception, tout en minimisant la partie de préparation du repas collectif…Autre suggestion de Dominique Béliveau: prendre le temps de bien mastiquer. En plus de stimuler le goût, cela permet de mieux utiliser les enzymes de digestion agissant dans la bouche, de favoriser la digestion, de mieux reconnaître les signaux de satiété et donc de manger une quantité plus appropriée.Quant au choix des aliments, il convient de :varier, diversifier, goûter, jouer, expérimenter…acheter les fruits et légumes dans des fermes locales ou présentés sous forme de paniers;si possible, créer des potagers familiaux autant pour montrer aux enfants le processus agroalimentaire que pour avoir des produits de qualité moins chers qu’à l’épicerie;éviter la nourriture industrialisée, car le sucre et le sel y sont présents en quantité trop importante, sans compter les calories superflues;faire attention à l’empreinte écologique et aux conditions de transport;apprendre à lire les étiquettes.Par ailleurs, il est utile d’explorer la couleur et l’arôme des fruits et des légumes, de même que les sensations qu’ils laissent dans la bouche. Lorsque la maman qui allaite s’alimente bien, elle éveille très tôt son enfant au plaisir de manger fruits et légumes, même si l’adolescence viendra bouleverser un peu l’esprit de famille…Dernier élément: écouter son corps. Le fait de créer des «mémoires hédoniques» permet de mieux distinguer besoin et caprice, tout en ayant plus de choix pour satisfaire ses envies. On prend ainsi conscience de ce que l’on mange au rythme qui nous convient et modifie nos habitudes alimentaires.

Neurologiquement Vôtre

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Derrière ce blogue:

JOEL MONZEE