La naloxone pour traiter une surdose d’opioïdes: nouvelle ordonnance collective nationale à l’intention des pharmaciens communautaires

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), a rédigé une ordonnance collective nationale sur la naloxone pour permettre aux pharmaciens communautaires du Québec « d’initier la naloxone pour le traitement d’une surdose aux opioïdes ».Cette ordonnance collective est hébergée sur le site Web de l’INESSS (inesss.qc.ca, onglet Activités, sous-onglet Protocoles médicaux et Ordonnances nationales .Au Québec, le chlorhydrate de naloxone (fiole ou ampoule de 0,4 mg/ml pour injection intramusculaire ou vaporisateur nasal vendu sous la marque NarcanMD 4 mg) est classé à l’annexe II (médicaments destinés aux humains et vendus sans ordonnance, mais sous contrôle du pharmacien) du Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments.Le MSSS a décidé de mettre en place une ordonnance collective nationale pour permettre aux personnes utilisatrices d’opioïdes, qui présentent un risque de surdose, d’obtenir un remboursement de la naloxone et des seringues par leur régime d’assurance médicaments. Un médecin peut cependant continuer de prescrire de la naloxone.Des professionnelles de la santé ayant une expertise en la matière ont été consultées dans son processus d’élaboration, soit Mélanie Charron, conseillère en soins infirmiers à la Direction de santé publique de Montréal, Marie-Ève Goyer, médecin de famille au Centre de recherche et d’aide pour narcomanes (CRAN), et Félice Saulnier, pharmacienne propriétaire communautaire à Montréal.Le directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint à la santé publique, le Dr Horacio Arruda, est le médecin signataire de cette ordonnance collective nationale, en vigueur depuis avril 2017.Les pharmaciens communautaires ne peuvent délivrer la naloxone qu’aux personnes utilisatrices d’opioïdes naturels ou synthétiques, sur ordonnance ou obtenus de façon illicite, présentant un risque de surdose. Les proches des utilisateurs d’opioïdes ne sont donc pas visés par cette ordonnance collective, même si ce sont eux qui viennent en aide à une personne en détresse, notamment en lui injectant de la naloxone. Ce n’est pas un médicament qui s’utilise en autoadministration.Indications et contre-indicationsLa liste ci-dessous présente les indications et contre-indications pour instaurer ou non la naloxone.IndicationsDépendance connue ou soupçonnée aux opioïdes, en particulier après une période d’arrêt ou de consommation réduiteTraitement de la dépendance aux opioïdes (méthadone ou buprénorphine/naloxone), en particulier en début de traitementUsage d’opioïdes de prescription, en particulier à hautes dosesUsage d’opioïdes combinés à la consommation de substances sédatives (p. ex., benzodiazépines, alcool, neuroleptiques)Usage d’opioïdes injectablesUsage d’autres drogues (contenu indéterminé)Antécédents de soins d’urgence liés à une surdose d’opioïdesContre-indicationsPersonne âgée de moins de 14 ansAllergie médicamenteuse connue à la naloxoneDirectives pour délivrer la naloxoneL’ordonnance collective autorise uniquement la naloxone pour une administration intramusculaire.Le pharmacien communautaire qui prend la décision de délivrer ce médicament doit remettre au patient deux fioles (non des ampoules) de 1 ml de naloxone HCL 0,4 mg/ml et deux seringues jetables munies d’une aiguille rétractable de 2,5 cm de longueur pour un usage intramusculaire.La posologie recommandée est la suivante : 0,4 mg (1 ml) à administrer immédiatement par voie intramusculaire en présence d’une surdose aux opioïdes. Au besoin, une autre dose de 0,4 mg (1 ml) peut être administrée après trois à cinq minutes.Dans ses conseils au patient, le pharmacien communautaire doit lui expliquer les signes d’une surdose aux opioïdes, les interventions en cas de surdose, la préparation et l’administration sécuritaire de la naloxone, la surveillance et les précautions après administration, ainsi que les modalités de conservation du produit et de récupération des seringues usagées.Ces informations sont précisées dans l’aide-mémoire en cas de surdose, que l’on trouve à l’annexe 1 de l’ordonnance collective. Un exemplaire du document doit être remis au patient, qui doit ensuite le partager avec ses proches pour qu’ils soient en mesure d’intervenir.Les directions régionales de santé publique répondent aux questions des pharmaciens communautaires et reçoivent les observations relatives à l’usage de la naloxone (répertoire des directeurs de santé publique au lien suivant : http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/documents/liste-directeurs-santepub.pdf).Cette ordonnance collective sera révisée en octobre 2019. Elle est valide jusqu’en avril 2020. Photo: Felice SaulnierInscription sur la Liste des médicaments du RGAMDans la mise à jour du 22 mars de la Liste des médicaments du Régime général d’assurance médicaments (RGAM), le ministre de la Santé et des Services sociaux a inscrit le chlorhydrate de naloxone injectable 0,4 mg/ml de la compagnie Oméga en fiole de 1 ml et les seringues 3 cc avec une aiguille jetable rétractable, ce qui permet un remboursement, selon les modalités habituelles, aux assurés utilisateurs d’opioïdes du régime public d’assurance médicaments et des régimes privés.La naloxone en vaporisateur nasal (NarcanMD 4 mg) n’a pas été inscrite à l’ordonnance collective ni sur la Liste des médicaments du RGAM. « Il s’agit d’un produit substantiellement plus dispendieux que la forme injectable, a expliqué la relationniste du MSSS, Marie-Claude Lacasse. Dans ce contexte, le Québec, comme d’autres provinces, n’a pas encore statué sur l’opportunité d’en assurer le remboursement. »Ne sont pas assurés non plus les gants, les tampons alcoolisés, le masque de poche pour pratiquer la réanimation cardio-respiratoire et la trousse de transport du matériel. Le MSSS fait remarquer que certaines de ces fournitures ne sont pas couvertes non plus pour les personnes qui s’injectent d’autres médicaments, par exemple l’insuline pour les personnes diabétiques.Élargissement de l’accès à la naloxone réclaméL’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), qui salue ce premier pas dans la bonne direction du MSSS, voudrait que, dans un second temps, ce dernier élargisse l’ordonnance collective nationale sur la naloxone aux proches des utilisateurs d’opioïdes. Le Collège des médecins du Québec (CMQ) est d’avis qu’en plus de l’entourage immédiat des consommateurs d’opioïdes les premiers répondants (ambulanciers, policiers, pompiers, travailleurs de rue) devraient avoir de la naloxone à portée de main. «Le CMQ souhaite que ce médicament puisse être donné le plus rapidement possible à une personne dans le besoin », a expliqué la relationniste du CMQ, Leslie Labranche. L’OPQ et le CMQ aimeraient aussi que le MSSS mette de l’avant un programme d’accès entièrement gratuit pour les trousses de naloxone, comme c’est le cas en Ontario.Pour le moment, le MSSS n’a pas l’intention d’élargir l’ordonnance collective aux proches des personnes utilisatrices d’opioïdes.« L’ordonnance collective a pour objet d’assurer la couverture de la naloxone par le RGAM et non l’accès, puisque ce produit est en vente libre, sous contrôle du pharmacien, a justifié la relationniste du MSSS. En ce qui concerne le niveau de la couverture du RGAM, selon la Loi sur l’assurance médicaments, il importe de souligner qu’il se limite à la personne à qui le médicament est destiné. » Pour ce qui est d’un éventuel programme de gratuité, elle a précisé que le MSSS n’avait pas encore pris de décision à cet effet.

La naloxone pour traiter une surdose d’opioïdes: nouvelle ordonnance collective nationale à l’intention des pharmaciens communautaires

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes