La médecine en région, une pratique «personnalisable» pour le médecin

Exercer la médecine en région demande une grande disponibilité, mais permet aussi de personnaliser sa pratique.Venus présenter leur pratique en région éloignée aux auditeurs du Colloque médical étudiant de l’AMQ, les Drs Tri-Minh Tran, de LaSarre, et Marc-Antoine Parent, des Îles-de-la-Madeleine, se sont rapidement enflammés quand la discussion a porté sur le rôle du médecin dans les équipes interdisciplinaires.Leurs visions du travail d’équipe sont très différentes!Le médecin consultantPour sa part, le Dr Tran estime que la hiérarchie est moins présente en région. Les compétences de chacun importent plus que les titres. «Il existe une bonne collégialité et un respect mutuel entre les différents professionnels. On se connaît, alors on se fait confiance.» S’asseoir autour d’une même table permet à tous de partager des outils et de transmettre des connaissances, ce qui oblige parfois le médecin à faire preuve d’humilité, mais se révèle très enrichissant aussi.Les discussions «multiéquipes» mènent aussi à une standardisation. «On doit tous parler le même langage et les rencontres servent aussi à cela.» Le manque de ressources conduit par ailleurs à plus d’innovation dans les petits milieux. À LaSarre, l’une des équipes a mis en place des formations de groupe aux patients diabétiques. «Certains de nos patients sont même amenés à devenir des experts dans notre équipe.»On y développe aussi des façons de faire différentes, en envoyant, par exemple, des intervenants dans les entreprises pour faire du dépistage sur place.Aussi, le Dr Tran est le médecin répondant de 600 patients qui, dans les faits, sont pris en charge par d’autres professionnels. «On donne des soins différemment. Un patient MPOC qui a une exacerbation téléphonera directement à l’inhalothérapeute pour avoir des conseils au lieu de chercher à rencontrer le médecin à l’urgence.»Le médecin et les contacts informelsLe Dr Marc-Antoine Parent juge cette vision difficile à appliquer aux Îles-de-la-Madeleine où le rôle de chacun est plus traditionnel. À titre plus personnel, le médecin se verrait mal en effet être responsable d’un patient qui ne le consulterait pas.Pour lui, l’interdisciplinarité, c’est avant tout un contact direct avec les autres professionnels.«J’aime que cela se fasse de façon informelle. Je ne trouve pas qu’il soit très efficace de faire des réunions pour parler des patients hospitalisés. J’aime prendre le téléphone, croiser les autres dans le corridor et échanger de l’information quand c’est le temps.»Il estime que les infirmières sont le centre de tout le système. Et leur rôle est tellement capital qu’il est primordial pour le médecin de bien s’entendre avec elles. Le Dr Parent prône le respect des autres professionnels, ce qu’il n’observait pas toujours à Montréal. Le fait de connaître ses collègues est une valeur ajoutée de son travail en région.«Pendant ma résidence à l’Hôpital du Sacré-Cœur, je n’ai jamais parlé avec un ergothérapeute. J’envoyais des requêtes sur papier et je recevais des réponses. En région, tu vas parler aux gens et ça permet un échange direct d’informations et de connaissances.»Enfin, selon lui, pas besoin de multiplier les réunions d’équipe puisqu’on connaît les forces et les limites de chacun. «On est un petit poisson dans un petit bocal et tout le monde met l’épaule à la roue.» Le travail d’équipe se fait naturellement puisque les gens se connaissent et se parlent.

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