La hausse de la consommation d'opioïdes par injection pourraient aggraver les épidémies de VIH et VHC

La hausse de consommation d’opioïdes par injection pourrait contribuer aux épidémies de virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et du virus de l’hépatite C (VHC), affirme le réseau SurvUDI qui a effectué une surveillance des maladies infectieuses chez les utilisateurs de drogues par injection au Québec et à Ottawa de 1995 à 2017.En date du 31 mars 2017, la cocaïne demeure la drogue injectée par la plus grande proportion des participants à l’étude* au cours des six derniers mois. Toutefois, la consommation d’opioïdes injectés gagne du terrain et se pointe au deuxième rang avec 64 % devant l’héroïne (34 %) et le crack (14 %).Un exemple de cette forte croissance : le taux d’injection de l’opioïde le plus populaire, le Dilaudid, a presque doublé en 13 ans passant de 27 % en 2003 à 50 % en 2016. « Une telle hausse est inquiétante, car le risque de dépendance aux opioïdes est très important », indique le réseau SurvUDI dans son rapport publié le 12 mars par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Il ajoute que la hausse de l’injection de médicaments opioïdes doit être surveillée attentivement.Selon ce réseau de surveillance épidémiologique, l’injection d’opioïdes est surtout fréquente chez les jeunes de 24 ans et moins, et pourrait présenter des « enjeux particuliers » pour le risque de VIH et de VHC. Heureusement, du matériel mieux adapté à l’injection de ces substances non destinées à l’injection a été rendu disponible en 2017, note le réseau SurvUDI.Par ailleurs, un autre constat préoccupant concerne la réutilisation des seringues. La proportion de participants qui ont déclaré avoir utilisé une seringue déjà utilisée par quelqu’un dans les six derniers mois était de 43 % en 1995 contre 16 % en 2016, soit une diminution de 62 %. Cette diminution s’est toutefois arrêtée en 2011.« L’injection avec des seringues déjà utilisées par quelqu’un d’autre ainsi que la cocaïne comme drogue injectée le plus souvent sont demeurées associées significativement à l’incidence du VIH de façon constante pour toute la période 1995-2015 », indique le réseau SurvUDI.« Les efforts doivent se poursuivre pour augmenter l’utilisation de matériel d’injection stérile », poursuit-il.D’autre part, une association significative est observée entre la prostitution et l’incidence du VIH pour la période 2003 à 2017, alors que ce n’était pas le cas entre 1995 et 2002.Hausse du VHCAprès une diminution observée entre 1995 et 2009, le taux d’incidence du VIH est maintenant stable à un niveau très faible. Il était de 0,1 par 100 personnes-années en 2015.Selon le rapport de surveillance, la prise en charge et le traitement se sont améliorés de façon importante pour le VIH dans les 13 dernières années et la prise de médicaments a augmenté significativement.La situation est bien différente pour ce qui est du VHC qui a également connu une diminution à la fin des années 90 et au début des années 2000, mais qui enregistre une hausse importante depuis 2011. Selon le rapport de surveillance, le taux d’incidence du VHC est à des niveaux très élevés soit entre 11,6 et 28,3 par 100 personnes-années selon les années.De plus, la prise de médicaments à vie chez les participants ayant des anticorps contre ce virus demeure peu fréquente. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence étant donné qu’il n’est pas nécessairement indiqué de traiter toutes les infections par le VHC, car certaines guérissent spontanément.Pour ce qui est du dépistage, la proportion de participants ayant eu ce test autant pour les deux virus a augmenté entre 2003 et 2016.«La promotion du dépistage régulier du VIH et du VHC ainsi que la prise en charge doivent également demeurer des priorités », conclut le réseau SurvUDI.* Pour être recrutés, les participants devaient avoir fait usage de drogues par injection dans les six derniers mois et être âgés de 14 ans et plus

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