La Grande-Bretagne à l'ère des Réseaux de soins primaires

De nombreux pays s’inspirent de ce qui se fait en Grande-Bretagne pour mieux organiser leurs soins et services de santé. En 1948, la Grande-Bretagne a mis sur pied un système de santé public, le National Health Service, qui fait encore l’envie de plusieurs.Mais le NHS a dû se transformer au cours des années et se moderniser pour tenir compte des nouvelles réalités, qu’on pense au rationnement des ressources, au vieillissement de la population et à l’arrivée des nouvelles technologies.D’ailleurs, la Grande-Bretagne doit s’adapter à une pénurie de médecins de famille, puisqu’on dénombre 58 omnipraticiens par tranche de 100 000, alors qu'on en comptait 66 par 100 000 habitants en 2009.Évidemment, le NHS travaille à augmenter le nombre d’omnipraticiens. Mais plusieurs voient ce manque comme une opportunité de faire les choses autrement et de renouveler la première ligne.Une des initiatives qui a reçu un accueil particulièrement positif ces derniers temps est le regroupement des médecins de famille autour de Réseaux de soins primaires.Par de nouvelles entités, on veut offrir une plus vaste étendue de services, mieux intégrer les missions cliniques et mettre l’accent sur la prévention.Pour ce faire, une équipe multidisciplinaire, comprenant des médecins de famille, des pharmaciens, des infirmières, des physiothérapeutes et d’autres professionnels de la santé, a comme responsabilité de voir à la santé d’une population de 30 000 à 50 000 personnes sur un territoire donné.Dans un texte de la revue The Economist, l’auteur mentionne le secteur de St-Austell, dans la région de Cornwall, qui transforme sa première ligne pour tenir compte de la pénurie. Et ce qui surprend, c’est que la porte d’entrée n’est pas le médecin de famille; vous devez passer par un système de triage.Dans la plupart des systèmes de santé, le patient voit le médecin de famille, puis ce dernier décide de la suite: tests de laboratoires, diagnostics, traitements et références à des spécialistes ou autres professionnels.Mais ce n'est pas tout à fait comme cela que ça se passe à St-Austell. Là, on veut changer de paradigme.En 2015, lorsque quatre cliniques de la région ont fusionné leurs activités, plusieurs y ont vu une opportunité de changer les choses. Après une compilation de données, les gens de St-Austell se sont rendus compte que beaucoup de tâches pouvaient être exécutées par d’autres personnes, adjoints ou autres professionnels.Selon les données recueillies, on estime que 30% du temps de travail des médecins de famille du NHS sont consacrés aux problèmes musculosquelettiques et 10% aux tâches cléricales.D’où l’idée de référer directement le patient vers la personne la plus à même de répondre à son besoin ou de déléguer le travail clérical à des adjoints administratifs.Ainsi, les communications avec les hôpitaux et certaines activités cléricales peuvent être effectuées par des adjoints administratifs, certains problèmes articulaires ou dorsaux, pris en charge par des physiothérapeutes, certains problèmes mineurs ou des troubles d’anxiété, traités par des infirmières et des psychologues, et des pharmaciens peuvent offrir leurs conseils pour mieux contrôler les prescriptions et la consommation de médicaments.L’objectif étant que ce soit les patients avec des problèmes de santé plus importants et des maladies plus complexes qui se rendent jusqu’au médecin de famille afin de maximiser son expertise et son temps.Une intégration clinique a certes des avantages, mais on peut aussi penser que des patients nécessitant une expertise du médecin pourraient passer entre les mailles du filet et ne pas être traités convenablement.Et des interrogations restent en suspens. Le projet de Réseau de soins primaires sera-t-il applicable sur le terrain? Les équipes réussiront-elles à arrimer leurs activités? Y-aura-t-il compétition, une confrontation ou de la collaboration? Saura-t-on répondre aux besoins des patients? Le patient sera-t-il satisfait de ce genre d’organisation?Seul le temps le dira.Un système comme celui-ci pourrait-il voir le jour au Québec? Peut-être.Au Québec, on jongle avec l’idée de donner plus de responsabilités à certains professionnels pour désengorger le réseau, mais l’organisation en est encore à ses balbutiements. Les infirmières et les pharmaciens auront plus de responsabilités et pourront exercer des activités médicales à la hauteur de leurs compétences et de leurs connaissances.Mais ce qui est certain, c'est que pour les adeptes de l'intégration clinique et de la collaboration interdisciplinaire, ce projet britannique de Réseau de soins primaires constitue certainement de la musique à leurs oreilles dont des leçons pourraient être tirées.

De la gestion au leadership

La Grande-Bretagne à l'ère des Réseaux de soins primaires

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Derrière ce blogue:

Benoit Gareau