La formation initiale, un enjeu pour la pérennité de la profession

La semaine dernière je vous entretenais du congrès annuel de l’OIIQ et de cette proposition à l’effet que la formation initiale de l’infirmière soit dorénavant le baccalauréat. Je vais pousser un peu plus loin ma réflexion sur ce thème cette semaine.D’entrée de jeu, je veux réaffirmer que j'ai une formation collégiale. Et je considérais qu’une formation collégiale préparait très bien à la profession. Mais je pense aussi que les temps changent.Il faut penser à la relève, à ce que seront leurs conditions de pratique et les nouvelles réalités de la profession, étant donné les changements majeurs qui nous attendent eu égard, d’abord, à l’importante pénurie de ressources et, ensuite, à l’offre de soins, qui n’ira qu’en augmentant en raison des maladies chroniques et du vieillissement de la population.Le rôle de l’infirmière devra nécessairement changer. Nous devrons exploiter davantage la dimension de notre rôle qui porte sur l’évaluation biopsychosociale de nos patients. L’infirmière est la seule professionnelle de la santé à pouvoir exercer cet acte délégué du Collège des médecins du Québec.L’infirmière devra également mieux assumer son rôle dans la détermination des soins. C’est à cela que sert le « Plan thérapeutique infirmier ». Cet outil nous permet de nous affranchir de notre rôle d’exécutante afin d’assumer celui de leader dans la détermination des soins à offrir au patient.La vie est ainsi faite que pour apporter du soutien dans l’offre globale de soins, les autres professionnels tenteront d’assurer le développement de leur propre profession en prenant de plus en plus de place dans l’équipe soignante. Et c’est normal.Mais comment l’infirmière pourra-t-elle conserver la sienne, alors que la formation initiale de tous les autres professionnels est minimalement de niveau universitaire ? Pour certaines professions, on exige la maîtrise et même le doctorat.Gyslaine Desrosiers se dit inquiète à ce sujet, et il relève fondamentalement de son rôle d’apporter cela à notre attention. Si elle ne le faisait pas, on lui reprocherait plus tard de ne pas avoir sonné l’alarme ! Je pense également que c’est extrêmement préoccupant. C’est un enjeu de pérennité pour la profession.Comprenez bien, je ne dis pas que les infirmières de niveau collégial ne peuvent pas bien assumer leurs fonctions. Celles-ci ont développé des compétences au fil de leurs années de pratique et sont capable de prendre leur place auprès des autres professionnels. Mais pour la relève, c’est autre chose…Elles arrivent dans la profession à un moment particulier, moment où l’expertise quitte de façon assez importante. Je vous rappelle qu’environ 20 000 infirmières peuvent quitter pour leur retraite dans les cinq prochaines années.Le décalage entre la formation initiale au collégial et celle préconisée par l’OIIQ, soit le DEC-BAC, est de 2145 heures de formation pour la première comparativement à 5250 heures pour la seconde. C’est un monde de différence dans un niveau de formation.Et si on compare avec le reste du Canada, où la formation collégiale n’existe pas, l’obtention d’un baccalauréat pour les infirmières requiert 5400 heures. Je ne pense pas que l’OIIQ exagère avec sa proposition d’exigence académique.Je poursuivrai éventuellement cette réflexion, mais, pour le moment, je vous encourage à aller consulter la conférence dont je vous parlais la semaine dernière, car il me semble que c’est un incontournable pour ce faire une idée claire sur ce sujet.Et vous, que pensez-vous du bac obligatoire ? Continuons d'en parler !

L'infirmier de garde

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Derrière ce blogue:

STEEVE GAUTHIER