La FIQ réclame l’abolition des heures supplémentaires et dénonce l’intimidation

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) craint que le recours aux heures supplémentaires et à la main-d’œuvre indépendante, loin de diminuer, s’amplifie avec les fusions d’établissements et les départs massifs à la retraite que pourraient provoquer les modifications aux fonds de pension annoncées par le gouvernement.À deux semaines de la réorganisation du réseau de la santé et de l’apparition des 13 CISSS et de 9 CIUSSS, la FIQ est de nouveau revenue à la charge sur cette question mercredi à Québec. Elle a réclamé du gouvernement que cette pratique soit réduite au minimum et qu’il mette fin de manière rapide aux heures supplémentaires obligatoires.La FIQ a aussi annoncé que son prochain grand combat portera sur la pression et les menaces dont sont victimes des employées de la part de la direction quand elles veulent dire non aux heures supplémentaires. Dans certains cas, des infirmières se sont vues menacer d’avoir une lettre à leur dossier ou de faire l’objet d’une plainte devant leur ordre professionnel.Craintes d’une augmentationLa FIQ exige dans le cas des heures supplémentaires que le gouvernement aille dans la direction inverse et qu’il crée des postes à temps plein pour mettre un terme à la précarité d’emploi. Actuellement, 50% des infirmières et 67% des infirmières auxiliaires dans l’ensemble du réseau ont un statut de temps partiel. La FIQ voudrait que le pourcentage de postes à temps complet augmente à 70% chez les infirmières et à 50% chez les auxiliaires.Toutefois, il n’y pas de signe que les choses vont aller dans cette direction. Pour le moment, le gouvernement ne semble pas avoir donné de mandat à ses négociateurs pour discuter de ces solutions, ont indiqué Régine Laurent et Nancy Bédard, respectivement présidente et vice-présidente de la FIQ.Des dizaines de milliers d’heuresApparu il y a une dizaine d’années dans certains établissements comme une mesure d’exception, les heures supplémentaires obligatoires ont été érigés en système. La situation serait particulièrement problématique dans cinq régions, le Saguenay, l’Outaouais, la rive sud de Montréal, la Côte-Nord et l’Estrie.Les chiffres sont éloquents : pour l’année 2014-2015, les infirmières du CHUS de Sherbrooke ont réalisé près de 110 000 heures supplémentaires, ce qui correspond à 13 750 quarts de travail. De ces 110 000 heures, 9200 étaient obligatoires. Pour leur part, les infirmières auxiliaires ont dû faire 20 000 heures en temps supplémentaire, soit 2500 quarts de travail. Pire, les chiffres ont augmenté par rapport à l’année précédente.À Chicoutimi, elles ont réalisé 44 000 heures supplémentaires, ce qui représente 5500 quarts de travail.Ces heures supplémentaires coûtent très cher à l’État car elles sont payées à temps et demi. En 2013, le recours aux heures supplémentaires et à la main d’œuvre indépendante aurait coûté 210 millions de dollars au gouvernement québécois.Le cas du CHU de QuébecRécemment, un arbitre a statué que le recours systématique aux heures supplémentaires pour combler les absences au CHU de Québec était contraire aux dispositions de la convention collective. Mais pour obtenir cette victoire, les employés se sont battus durant trois ans et déposé des centaines de griefs.Au final, les finances du CHU s’en seraient toutefois mieux portées. Le rehaussement des postes à temps complet et l’attribution d’un minimum de quatre jours de travail par semaine pour l’ensemble des professionnels en soins auraient permis d’économiser un million de dollars en diminuant le recours aux heures supplémentaires.La FIQ veut éviter d’autres longues batailles du genre dans d’autres hôpitaux.«Ce cas nous le démontre, lorsqu’il y une volonté de régler le problème des heures supplémentaires et qu’on prend des mesures musclées pour faire face aux pénuries, on y arrive», a commenté Nancy Bédard.

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