Intelligence artificielle: Vitr.ai implanté dans une première clinique médicale

«Je ne vois pas comment on s’en passerait maintenant», lance en entrevue à ProfessionSanté.ca la Dre Élisabeth Bellefleur-Mercier, médecin de famille et responsable de la Polyclinique du Quartier située à Granby, en Estrie. Fondé en 2021, ce GMF a été approché l’an dernier par le fondateur de Vitr.ai, le pharmacien et résident de Granby Alexandre Chagnon, pour utiliser cet outil faisant appel à l’intelligence artificielle pour diriger les patients vers le bon professionnel. Déjà la Polyclinique du Quartier avait instauré un système de triage pour le sans rendez-vous l’automne dernier. Ainsi, les patients qui appelaient pour avoir un rendez-vous étaient placés sur une liste d’attente. Ensuite, les trois infirmières auxiliaires de la clinique les rappelaient et décidaient s’ils devaient être vus par un médecin ou un autre professionnel de la santé, et à quel moment. Ce système occupait les infirmières entre quatre et dix heures par jour et, malgré tout, environ 40 patients demeuraient sur la liste d’attente. Or, l’intégration de Vitr.ai dans le logiciel de la clinique au début du mois de décembre a changé la donne. «Notre liste de débordement est passée de 40 patients non vus par jour à cinq ou six, c’est énorme, souligne la Dre Bellefleur-Mercier. De plus, les infirmières qui étaient payées à faire du triage peuvent maintenant faire autre chose.» Des rendez-vous plus pertinents Cette plateforme, que la médecin qualifie d’«outil ultime de pertinence», a surtout permis aux 18 médecins de la clinique d’alléger leurs horaires, car les rendez-vous sont plus pertinents qu’auparavant. «La raison pour laquelle le système de santé est engorgé, c’est que l’on voit des patients qui n’ont pas besoin d’être vu», explique la médecin de famille. De son côté, Alexandre Chagnon évalue à 30% le nombre d’appels quotidiens qui sont orientés vers un non-médecin. «La clinique augmente donc sa capacité de voir des patients, mais sans mettre de pression additionnelle sur les médecins.» Par exemple, les patients peuvent rencontrer d’emblée une travailleuse sociale, une pharmacienne, une infirmière clinicienne ou une infirmière praticienne spécialisée. Dorénavant, ce sont les téléphonistes, aussi appelées navigatrices, qui orientent les patients. Celles-ci posent une série de questions qui, grâce à un algorithme, permettent de savoir quel professionnel le patient devrait consulter. Les navigatrices n’ont pas besoin d’une longue formation pour savoir comment utiliser ce nouvel outil. Une heure ou deux suffisent afin de maîtriser Vitr.ai. Des cliniques médicales emboîtent le pas Après la Polyclinique du Quartier, des cliniques médicales de Mont-Tremblant, de Laval et de Blainville intégreront cet outil en janvier. Le mois prochain, ce sera au tour du GMF-U à Cowansville d’utiliser cet algorithme. S’il espère que plusieurs cliniques utiliseront son innovation en 2023, Alexandre Chagnon voudrait implanter Vitr.ai dans d’autres services de première ligne, comme les guichets d’accès à la première ligne. Le ministère de la Santé et des Services sociaux devait d’ailleurs lancer un appel d’offres l’automne dernier pour doter tous les GAP d’une intelligence artificielle afin d’apparier le patient au bon professionnel de la santé. Or, il n'a pas encore été mis au menu. «Nous restons à l’affût, mais on se concentre actuellement sur les cliniques médicales», affirme le fondateur de Vitr.ai. Selon la Dre Élisabeth Bellefleur-Mercier, autant les GMF que les guichets d’accès gagneraient à utiliser cette plateforme.

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