Évaluer le contenu idéique du patient, un aspect important de l’examen de l’état mental

« À quoi est-ce que je pensais ? » Nous nous sommes tous déjà posé cette question. Nos pensées reflètent et créent tout à la fois notre réalité. Mais elles peuvent parfois nous causer de la détresse, nuire à notre fonctionnement ou nous amener à mal interpréter le monde. L’identification des anomalies du contenu idéique est une partie importante de la compréhension que nous avons de nos patients et de ce qu’ils éprouvent.L’évaluation du contenu idéique fait partie de l’examen de l’état mental, tout comme l’apparence, le comportement, l’affect, la parole, la forme de pensée, la perception et la cognition. On dit de l’examen de l’état mental qu’il est « l’examen physique de l’esprit ». On confond parfois l’examen de l’état mental avec le mini-examen de l’état mental (MMSE), qui est un test cognitif standardisé en 30 points couramment utilisé pour faire le dépistage de la démence. Une connaissance de base de l’examen de l’état mental permet aux médecins de mettre le doigt sur les aspects inhabituels de la présentation d’un patient et de les caractériser.Quand on fait l’évaluation du contenu idéique d’un patient, on est d’abord naturellement attentif aux thèmes ou aux sujets qui l’inquiètent. Et souvent, on n’analyse pas soigneusement ce contenu, particulièrement si les pensées n’ont rien d’inhabituel ni de remarquable. Il est important de reconnaître aussi que la plupart des idées qui causent la détresse des patients ne seraient pas décrites comme pathologiques ou « anormales ». Mais dans certains cas, à y regarder de plus près, on découvre des irrégularités selon la mesure dans laquelle ces idées sont fixes, irréalistes ou intrusives. Des exemples courants d’anomalies du contenu idéique sont les illusions et les obsessions.Les illusions sont des idées fixes et fausses qui ne sont pas partagées par d’autres personnes appartenant au même groupe culturel. On les retrouve dans diverses maladies, allant de la schizophrénie aux troubles de l’humeur. Les illusions sont considérées comme des signes de psychose, de même que les hallucinations (perceptions anormales) et l’extrême désorganisation de la forme de pensée ou du comportement. On accole souvent des étiquettes descriptives aux illusions, telles que persécution, bizarrerie ou jalousie. Certains schizophrènes ont des illusions référentielles, s’imaginant recevoir des messages par la radio ou la télévision. Les idées délirantes congruentes à l’humeur se produisent dans des troubles de l’humeur tels que la mégalomanie, qui peut survenir dans les cas de manie.Les obsessions, une anomalie du contenu idéique que l’on voit dans le trouble obsessionnel-compulsif, diffèrent des illusions dans la mesure où le patient sait plus ou moins qu’elles ne sont pas réalistes. Bien que le terme « obsession » soit utilisé de façon informelle pour décrire des préoccupations agréables, les véritables obsessions sont des pensées pénibles auxquelles on résiste activement. Une inquiétude excessive face à la contamination est un exemple d’obsession – qui pourra être accompagnée d’un besoin compulsif de se laver les mains, par exemple.Il n’est pas toujours facile de déterminer si une pensée est une illusion ou une obsession. Par exemple, une pensée peut être caractérisée de « pensée surévaluée » si elle est moins intensément retenue qu’une illusion. Des patients peuvent présenter des « distorsions cognitives », qui sont des croyances sur le monde qui n’apportent rien d’utile et qui sont visées par la thérapie cognitive. Enfin, on doit poser une question directe au sujet des idées suicidaires – même aux patients dont le contenu idéique semble appartenir au domaine du « normal » – si des signes de trouble de l’humeur sont évidents.Lara Hazelton est psychiatre à Halifax.

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