«Il faut miser sur la qualité des soins plutôt que sur la quantité» - Normand Laberge, directeur général de l'AMQ

Normand LabergeIl vaut mieux s’attaquer au surdiagnostic sans quoi il contribuera à mettre en péril les finances publiques du Québec, estime Normand Laberge, directeur général de l’Association médicale du Québec (AMQ).«Il est temps de sonner l’alarme», a-t-il lancé lors de la Conférence internationale sur la prévention du surdiagnostic, le 17 août à Québec.Selon l'Association, entre 10 et 30 % des examens, traitements ou interventions effectués au pays pourraient ne pas être nécessaires. «On pourrait couper ce pourcentage sans qu’il n’y ait d’effets sur la santé de la population et investir le montant accordé au surdiagnostic dans d’autres domaines, par exemple en éducation», a indiqué le gestionnaire.L’augmentation des investissements en santé depuis les années 90 a permis d’allonger l’espérance de vie de la population. Toutefois, plus les gens vivent vieux, plus ils développent des maladies chroniques, ce qui entraîne des coûts supplémentaires pour le gouvernement.À LIRE AUSSI:Surdiagnostic: les médecins doivent changer leur comportement, selon BarretteLe surdiagnostic menace la survie de notre système de santé - Lettre d'opinion de l'AMQDans ce contexte, il faut, selon M. Laberge, repenser tout le système de santé. «Il faut miser sur la qualité (des soins) plutôt que sur la quantité.»Le gestionnaire affirme que le seul outil dont dispose le gouvernement est d’effectuer des coupes en santé, ce qui obligerait les professionnels de la santé à être plus efficaces.«Toutefois, il ne faut pas aller là. La vrai solution est d’améliorer la gouvernance clinique.»Fausses croyancesSelon lui, des fausses croyances incitent les médecins à effectuer des tests ou des examens inutiles. «Il faut arrêter de penser que plus c’est mieux.»De plus, la population surestime les bénéfices des interventions dans le domaine de la santé, croit le directeur général: les gens ne parlent que des effets bénéfiques, mais oublient les risques.Finalement, le gestionnaire estime que les incitatifs, tels que la facturation et la rémunération, ne sont pas les bons. Ces incitatifs entraînent le surdiagnostic, observe-t-il.Des solutionsPour mettre fin à cette situation, Normand Laberge parle de communication, d’éducation et d’engagement.Il estime important d’éveiller la population au surdiagnostic, de structurer les connaissances dans ce domaine, d’organiser des événements, de construire un modèle et de le présenter aux médecins, de créer des partenariats avec différentes organisations et de favoriser la communication entre le médecin et le patient.Le président de l’AMQ, le Dr Hugo Viens, abonde dans le même sens. «Le fait d’en parler aujourd’hui va permettre de sensibiliser les gens. Il faut également travailler avec la communauté médicale. Les guides de conduite pourraient probablement être plus appliqués. Devrait-on forcer les médecins à les appliquer? Il faudrait d’abord que la communauté médicale reconnaisse leur valeur», croit le Dr Viens.Par ailleurs, celui-ci affirme que le gouvernement doit donner des outils au médecin, comme l’informatisation du réseau de la santé, pour permettre une plus grande efficacité.2 milliards ou 600 millions?Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, parle d’une économie potentielle de 600 M$ concernant le surdiagnostic. L’AMQ avance plutôt le chiffre de 2 milliards de dollars.Ce dernier chiffre fait sursauter le ministre Barrette. «Une partie du système de santé, dans lequel on fait des diagnostics et des traitements, est de 22 milliards de dollars pour un système de 36 milliards de dollars. De penser que l’on pourrait économiser 2 milliards sur la base d’examen diagnostique […] ça ne se peut pas.»Pour sa part, le Dr Viens affirme que les effets multiplicateurs sont sous-estimés. «On parle notamment des biopsies qui suivent un traitement, les prises en charge, les complications associées aux test. Ce sont des facteurs multiplicateurs qui viennent du 15 à 18 % (de surdiagnostic).»Le Dr Viens reconnaît toutefois que le chiffre réel doit se situer entre celui du ministre et celui de l’AMQ.

«Il faut miser sur la qualité des soins plutôt que sur la quantité» - Normand Laberge, directeur général de l'AMQ

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes