«Halte aux cartels des médecins», titre le magazine grand public L'actualité

«Halte aux cartels des médecins». C’est le titre d’une entrevue que donne Pierre-Thomas Léger, professeur d’économie de la santé à HEC Montréal, au magazine grand public L’actualité (édition de juillet 2012).Les médecins québécois ont reçu, en accroissement de revenus, 400 millions $ de plus que l’an dernier, pour un grand total de 5,5 milliards $.«Le hic, c’est que la hausse de la rémunération n’est pas justifiée par un accroissement équivalent des services», constate le professeur Léger.Le but premier d’un système de santé public, soutient-il, est de maximiser le bien-être de la population, pas d’enrichir les médecins. Or, «actuellement, on n’en a pas du tout pour notre argent».Double monopoleL’universitaire n’hésite pas à comparer les syndicats médicaux à des «cartels», qui maintiennent des prix artificiellement élevés en éliminant toute forme de concurrence. Une concurrence, précise-t-il, que les médecins bloquent, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.À l’intérieur, dit-il, parce qu’on impose aux autres professionnels de la santé (infirmières, pharmaciens) mille et une contraintes pour s’assurer qu’ils ne concurrencent pas les médecins.À l’extérieur, indique-t-il aussi, alors qu'il faudrait, selon lui, faciliter la venue de médecins étrangers, formés en France ou en Suisse par exemple, afin d’atténuer les effets de la pénurie.M. Léger dénonce par ailleurs les vices d’un système où plus le médecin passe de temps avec le patient, moins il est payé.Le roi nuDans la même livraison de L’actualité, la rédactrice en chef et éditrice, Carole Beaulieu, signe un éditorial intitulé «La juste part des médecins».«Le roi-spécialiste est nu. Compétent et dévoué, mais pas assez fou pour dire qu’il est trop payé», écrit-elle en référence à la situation de l’Ontario, qui a commencé à réduire les tarifs à l’acte payés à certains médecins spécialistes.Madame Beaulieu constate que les budgets de la santé ont pris des allures d’ogres, «ne laissant que des miettes pour d’autres missions de l’État, dont l’éducation postsecondaire ou la protection de l’environnement par exemple».Alors, «regarder sérieusement les économies à faire dans la rémunération des médecins spécialistes est aussi un service à rendre à l’équité intergénérationnelle.»Le professeur Léger abonde dans le même sens: «Je vois mal comment on peut contenir la hausse du coût des soins de santé sans que les médecins fassent partie de l’équation».

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