Manon Lambert: guidée par l’intégrité et l’indépendance professionnelle

L’application de la réglementation et des normes peut parfois paraître rébarbative pour les pharmaciens, mais Manon Lambert ne s’en cache pas : elle adore travailler sur les balises régissant la pratique de la pharmacie.« La réglementation et les standards de pratique, c’est le gros bon sens, souligne celle qui est directrice générale et secrétaire de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) depuis maintenant huit ans. L’importance d’aviser le patient d’une substitution est un bon exemple. Pour nous les pharmaciens, c’est un geste banal, mais ce ne l’est pas pour le patient qui ne reconnaît pas son médicament. »Loi 41, normes sur la fabrication des préparations stériles et des magistrales, standards de pratique, inspection professionnelle et inspection des départements de pharmacie. On ne pourra pas accuser l’OPQ d’être un ordre professionnel passif !Manon Lambert est tout à fait consciente que l’Ordre est parfois exigeant avec ses membres, mais elle est persuadée que les pharmaciens sont capables de relever le défi. « Nous sommes privilégiés que la société nous confie la responsabilité d’être pharmaciens, souligne-t-elle. En retour, il est fondamental de lui donner une pratique professionnelle qui soit à la hauteur de ses investissements. »Manon Lambert n’est d’ailleurs pas en manque d’arguments pour démontrer l’importance pour les pharmaciens de toujours travailler à améliorer leur pratique. « La soixantaine de décès, survenue récemment, causés par des lacunes en matière d’hygiène dans la fabrication de produits stériles aux États-Unis est un rappel que nous devons toujours être très prudents afin de protéger le public. »Même chose du côté des préparations non stériles. « Des études de la Food and Drug Administration aux États-Unis montrent que près de 30 % des échantillons ne contenaient pas la quantité visée de principe actif. Les pharmaciens accepteraient-ils ces standards de la part de l’industrie pharmaceutique ? »Une gestionnaire hors pairCe côté rationnel et cette capacité de bien communiquer ses idées, Manon Lambert les a développées à l’OPQ, mais également à l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), dont elle a été la directrice générale de 1995 à 2005.Avant, elle a cumulé dix ans d’expérience comme pharmacienne dans plusieurs centres hospitaliers de la région de Montréal. Après une vingtaine d’années comme gestionnaire, la pratique de la pharmacie ne manque pourtant pas à Manon Lambert.« Il y a différentes façons d’exercer une profession, note-t-elle. Évidemment, nous avons besoin d’une majorité de cliniciens, mais il faut aussi des gens qui ont un regard un peu plus large sur certains enjeux. »À titre de directrice générale et secrétaire de l’OPQ, Manon Lambert estime d’ailleurs que l’un des principaux défis auquel elle est confrontée est l’étendue des dossiers qui se présentent à elle : législatif, juridique, politique, clinique, etc. « C’est exigeant, mais j’ai toujours accepté les emplois difficiles, qui demandent beaucoup d’investissement personnel. »Le défi de la loi 41« Prenons l’exemple de la Loi 41, bien que nous étions toute une équipe à y travailler, c’est la première fois que je participais à l’élaboration d’un projet de loi à toutes les étapes de son développement », raconte-t-elle. C’était une expérience enrichissante qui se poursuit maintenant avec le déploiement des nouvelles activités. »Manon Lambert souligne que le fruit de ce travail a été rendu possible grâce à l’étroite collaboration qu’elle a développée avec la présidente de l’OPQ, Diane Lamarre.« À l’OPQ, j’ai connu deux présidents, Claude Gagnon et Diane Lamarre. Je crois que les pharmaciens ont fait preuve de clairvoyance en les choisissant de façon consécutive. Claude, pour faire un ménage nécessaire à l’interne, et ensuite Diane, pour déployer la profession à l’externe. »Si la Loi 41 est en train de devenir une réalité, c’est aussi grâce au partenariat de l’OPQ avec le Collège des médecins du Québec (CMQ). « Malgré toute notre bonne volonté, il aurait été impossible d’aller de l’avant avec ce projet sans des gens comme Charles Bernard (président du CMQ) et Jean-Bernard Trudeau (secrétaire adjoint). »Des valeurs fondamentalesAprès toutes ces années à gérer des dossiers très complexes, Manon Lambert est surtout fière d’avoir été capable de maintenir ses standards d’intégrité et d’indépendance professionnelle tout au long de sa carrière.« Les gens qui me connaissent savent à quel point c’est important pour moi, surtout lorsqu’on constate que l’indépendance est de plus en plus péril. Des compromis, il est important d’en faire pour toutes sortes de raisons, mais je n’en ferai jamais sur ces deux principes-là. »Pour lire la suite du dossier: Pharmaciens de coeur et d’action: Les lauréats 2013

Manon Lambert: guidée par l’intégrité et l’indépendance professionnelle

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