Fort ralentissement de la vaccination en pharmacie

«On se retrouve dans la situation inverse de celle observée en début de campagne», observe Benoît Morin, pharmacien et président à l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Alors qu’au printemps dernier la demande dépassait le nombre de vaccins disponibles, les pharmacies ont aujourd’hui accès à un grand nombre de doses, mais peu de patients se manifestent. «On ouvre des plages de rendez-vous, mais c’est plus difficile de les remplir. On se retrouve avec des enjeux de gestion des doses et de commandes pour ne pas perdre de doses», poursuit Benoît Morin. Victime de son succès En marche depuis mars, la campagne de vaccination contre la COVID-19 en pharmacie a ralenti depuis l’atteinte des cibles de vaccinations du gouvernement, avec de légers soubresauts lors des annonces pour le passeport vaccinal et le tirage. Il resterait autour de 100 000 rendez-vous prévus en pharmacie; la plupart étant des doses de rappels, mais également quelques premières doses. En date du 16 août, on avait administré en pharmacie 1,2 million de doses, et on prévoit atteindre à terme 1,3 million. Au plus fort de la campagne, on administrait entre 20 000 et 21 000 doses par jour dans les pharmacies; on parle aujourd’hui d’environ 5400 vaccins quotidiens. Gestion de doses Les vaccins doivent être commandés à coup de 140 doses, et chaque fiole permet de vacciner 14 personnes. Les fioles se conservent un mois, mais doivent être utilisées dans les 24h une fois ouvertes. Si les clients ne sont pas au rendez-vous, les pharmaciens sont contraints de jeter les doses. La décision de poursuivre les rendez-vous ou non revient donc à chaque pharmacien-propriétaire. Certains prennent la décision de transférer leurs patients vers d’autres pharmacies, ou se procurent une ou deux fioles auprès de collègues pour vacciner une poignée de bras. «On remarque depuis la fin juillet que plusieurs décident de cesser la vaccination», constate Nirvishi Jawaheer, pharmacienne propriétaire et vice-présidente aux services professionnels de la Fédération des pharmaciens du Québec. De plus, plusieurs personnes ne se présentent tout simplement pas à leur rendez-vous. «On doit ensuite courir pour les combler», relate Benoît Morin. Les patients n’annulent pas toujours leurs rendez-vous sur Clic Santé, ou encore ne réussissent pas à le faire. «Lorsque le calendrier de la deuxième dose a été devancé, les gens appelaient là où il y avait de la disponibilité pour l’avoir plus rapidement, mais leurs noms restaient dans Clic Santé», explique Nirvishi Jawaheer. Depuis deux mois, l’équipe de la pharmacienne-propriétaire appelle les clients 48h avant leur rendez-vous pour s’assurer qu’ils se présentent en pharmacie. «C’est tout un travail. J’ai un technicien qui y consacre 3-4 heures par jour», souligne-t-elle. Et même une fois le rendez-vous confirmé, il arrive que le patient se rende dans un centre sans rendez-vous dans l’intervalle. Proche de la communauté La vaccination en pharmacie permet de rejoindre un large éventail de clientèle, en ville comme en région éloignée, et aura permis d’accélérer l’immunisation. Plusieurs pharmaciens continueront de participer à l’effort. C’est d’ailleurs le cas de Nirvishi Jawaheer, dont la pharmacie est dans le quartier de Parc-Extension, où beaucoup de réfugiés sont encore non vaccinés. «C’est plus facile de les rejoindre en pharmacie, par bouche-à-oreille», croit Nirvishi Jawaheer. «Tant qu’il y a des doses disponibles, les pharmaciens continueront à vacciner. Ceux qui ont arrêté recommenceront peut-être si la demande revient», affirme aussi Benoît Morin. Les pharmacies participeront à l’effort si les autorités décident d’aller de l’avant avec la troisième dose. Pour l’instant, ils se préparent pour la campagne de vaccination contre l’influenza.

Fort ralentissement de la vaccination en pharmacie

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes