Faire connaitre le rôle du pharmacien une anecdote à la fois

Roulement de tambour… Il s’agit de Marie-Michèle Ghazal, une jeune pharmacienne sur le marché du travail depuis à peine cinq ans et qui travaille dans un Uniprix à Saint-Rémi, en Montérégie. L’identité de cette mystérieuse pharmacienne n’est un secret ni pour ses collègues ni pour de nombreux pharmaciens. Toutefois, la jeune femme tient à garder l’anonymat auprès des internautes. «Je souhaite illustrer le quotidien du pharmacien et je veux que monsieur et madame Tout-le-monde puissent penser à son propre pharmacien de famille en lisant les textes. Ce que je raconte, c’est la réalité de tous les pharmaciens. Si je m’étais nommée, j’aurais peur que les gens disent: ah, cette pharmacienne pense comme ça…», raconte celle qui travaille également quelques heures chaque semaine dans un GMF. C'est une frustration devant l’incompréhension de la population quant au rôle des pharmaciens qui a donné lieu à la création de cette page. Marie-Michèle Ghazal s’est donc donné pour mission de démystifier ce rôle encore trop peu connu. «Depuis mon arrivée sur le marché du travail, je me suis rendu compte que la majorité des patients ne savent pas ce que je fais pour eux. C’est frustrant de vouloir aider quelqu’un qui ne veut pas de mon aide. Pas parce qu’il ne veut pas être aidé, mais parce qu’il ne comprend pas ce que je peux faire pour lui», explique-t-elle. Presque chaque jour, des patients lui lancent: «mon médecin l’a prescrit comme ça, donc ça va être correct» ou «pourquoi c’est long, pourtant il faut juste une étiquette sur la boîte». Une image qui colle aux pharmaciens L’image du pharmacien dispensateur de pilules est difficile à changer auprès de la population, constate-t-elle, et ce, malgré les changements majeurs dans la pratique de ce professionnel de la santé ces dernières années. «Dans le temps, le pharmacien avait ce rôle puisqu’il avait beaucoup moins de pouvoir. Aujourd’hui, la profession a tellement évolué. Malgré tout, les gens ne nous voient pas encore comme un dispensateur de services». Pourtant, la loi 31 et la loi 41 ont donné beaucoup de pouvoirs aux pharmaciens, dont celui de prescrire des médicaments pour certaines conditions. Ces pouvoirs sont encore peu connus des clients, malgré les efforts de l’Ordre des pharmaciens du Québec pour les faire connaitre. À lire aussi: Nouveaux pouvoirs des pharmaciens: «Il reste du travail à faire»-Benoit Morin Selon la pharmacienne, ses collègues doivent utiliser ces nouveaux pouvoirs afin que les patients comprennent réellement la valeur de ce professionnel. «Il faut se servir de ça pour que les gens comprennent que nous ne sommes pas des dispensateurs de pilules, mais bien des experts en santé». 2200 partages sur Facebook Un texte à la fois, elle souhaite changer l’image du pharmacien. Selon elle, il n’y a rien de mieux pour y parvenir que de partager des anecdotes sur son quotidien. «J’ai commencé par raconter des choses hors de l’ordinaire qui me sont arrivées. C’était plus sensationnaliste. Mais, avec le temps, je me suis rendu compte que les publications plus banales fonctionnaient mieux. Les pharmaciens et la population s’identifient davantage à ces publications. Je suis contente d’avoir trouvé une formule qui fonctionne». En effet, plusieurs de ses textes ces dernières semaines ont été partagés et commentés des centaines de fois. Au début du mois d’octobre, une publication sur l’épuisement et la pression sur les professionnels a même généré pas moins de 2200 partages et 170 commentaires. Sa page Facebook compte maintenant un peu plus de 2300 abonnés et sa page Instagram, 1100 abonnés. Des clients impatients Si son blogue est anonyme, Marie-Michèle Ghazal l’est de moins en moins dans sa profession. La jeune femme a été en vedette dans une bande dessinée sur les professionnels vaccinateurs contre la COVID-19, qui a été relayée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. De plus, le printemps dernier, elle a publié une lettre ouverte dans le Journal de Montréal pour demander aux clients d’être patients lorsqu’ils se présentent en pharmacie. «Je suis certaine que depuis la COVID-19, c’est pire! Les gens sont moins patients, ils sont fatigués, il y a plus de dépression et cela se reflète sur nous. Nous essayons de maintenir notre énergie, mais c’est vraiment plus drainant. Les gens sont à la limite méchants avec nous. La principale raison derrière cela, c’est l’incompréhension de notre rôle». Et c’est pourquoi la pharmacienne travaille chaque jour à faire changer la perception du public.

Faire connaitre le rôle du pharmacien une anecdote à la fois

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