Événements indésirables: les résidents en chirurgie éprouvent une grande détresse

En partant des trois prémisses que le travail chirurgical est très prenant, que la culture du perfectionnisme prédomine chez les chirurgiens et que les plaintes pour erreurs médicales sont plus fréquentes en chirurgie, des chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Pennsylvanie se sont demandé dans quelle mesure les résidents en chirurgie sont affectés lorsqu’ils sont confrontés à une telle situation. Leur étude, dont les résultats ont été publiés dans le JAMA Network Open, montre que tous les résidents vivent une profonde détresse et que celle-ci est exacerbée chez les résidentes et les étudiants issus de minorités ethniques.Les chercheurs ont sondé 93 résidents inscrits dans sept programmes chirurgicaux différents de l’Université de Pennsylvanie: chirurgie cardiothoracique, chirurgie générale, chirurgie orthopédique, oto-rhino-laryngologie, chirurgie plastique, urologie et chirurgie vasculaire. Dans le lot, 52,7% étaient des hommes, 64,5% étaient en troisième année de résidence ou plus, 24,7% étaient d’origine asiatique ou insulaires du Pacifique, 6,5% étaient Noirs, 54,8% étaient blancs, 14% étaient hispaniques ou latino-américains et 8,6% avaient une autre origine ethnique.Plus de huit résidents sur dix (82,8%) ont indiqué avoir été récemment impliqués dans au moins un événement indésirable. La plupart des incidents en question présentaient des caractéristiques communes: l’événement était inattendu, il n’y avait pas d’explication claire de ce qui s’était passé et il avait entraîné un préjudice important pour le patient.La plupart des résidents ont déclaré qu’ils éprouvaient de la honte (84,8%), qu’ils ressassaient sans cesse l’incident (82,1%) et qu’ils avaient peur d’essayer de nouvelles procédures (65,4%). Plus du tiers (35,9%) ont carrément envisagé d’abandonner la médecine. Plus de symptômes physiques parmi les résidentesLes résidentes et les résidents issus de minorités raciales ou ethniques ont répondu «oui» à des taux plus élevés que leurs homologues de sexe masculin et/ou blancs aux questions portant sur les conséquences personnelles négatives des événements indésirables. Les résidentes ont également signalé davantage de symptômes physiques que les résidents, notamment des difficultés à dormir (38,2% contre 16,7%) et une perte d’appétit (38,2% contre 9,5%).La plus grande différence entre les sexes a été observée en réponse à l’affirmation «Mon expérience me fait me demander si je suis vraiment un bon prestataire de soins de santé»: 91,2% des résidentes ont répondu par l’affirmative contre 64,3% des résidents. Tandis que la plus grande disparité entre les groupes ethniques a été observée en réponse à l’affirmation «Après mon expérience, j’ai eu peur de tenter des procédures difficiles ou à haut risque»: 86,1% des résidents issus de minorités visibles étaient concernés contre 47,4% des résidents.Lire aussi: Comment venir à bout du syndrome de l’imposteurLes chercheurs ont également mené des entretiens semi-structurés avec 23 professeurs de chirurgie de quatre départements de l’université. Confrontés eux aussi à des événements indésirables, ils ont décrit des sentiments de culpabilité et de honte, une perte de confiance et des moments d’inattention. Bien que la plupart des enseignants ont admis qu’il était utile d’en parler à des pairs et à des collègues plus expérimentés, certains ont confessé qu’ils ne le faisaient pas. Plusieurs ont suggéré d’avoir une personne de référence au sein du département avec laquelle débriefer ce genre de situations. Chez les résidents, la forme de soutien la plus souhaitée (97,4%) à la suite d’un incident était la possibilité d’en discuter avec un médecin référent. «Pour faire face à ces situations, les résidents et les professeurs comptent sur le soutien de leurs pairs et de leurs collègues plus expérimentés», soulignent les chercheurs qui concluent que «des mécanismes de soutien plus formels, à tous les niveaux, pourraient contribuer à réduire la stigmatisation et à restaurer la confiance (des cliniciens).»Si vous ou votre équipe avez besoin d'aide ou de soutien, communiquez avec le PAMQ au 1 800 387-4166 ou à info@pamq.org

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