États-Unis: des médicaments moins chers en ligne que via les assurances?

Les Américains pourraient économiser entre 969 millions et 1,83 milliard de dollars US en achetant leurs médicaments génériques via des pharmacies en ligne offrant des programmes de rabais plutôt que via leur régime d'assurance médicaments d’après une étude parue dans Annals of Internal Medicine, le 4 septembre. Pranav Patel, auteur principal de l’étude, a été pharmacien en officine et dit avoir souvent observé cette situation aberrante. C’est pourquoi il a décidé de se pencher sur la question. Son équipe et lui ont donc comparé le montant à débourser en pharmacie par les Américains (assurés ou non) pour l’achat des 20 médicaments génériques les plus prescrits aux États-Unis en 2020, avec les prix offerts en ligne pour ces mêmes produits en 2023 aux détenteurs d’une carte-rabais Amazon Prime et GoodRx Gold. Les résultats montrent que 20% des ordonnances évaluées s'avéraient plus économiques via Amazon et 43% via GoodRx Gold. Le Dr Vaidya, professeur de pharmaco-économie au College of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences de l’Université de Toledo, en Ohio, s’étonne des résultats de l’étude. Avec Pranav Patel, il s’intéresse au nouveau modèle des pharmacies en ligne qui offrent ce type de rabais à leurs membres. Leurs transactions représentent «encore une petite fraction de toutes les ordonnances, mais la tendance est à la hausse», explique Pranav Patel. Des économies conséquentes L’étude révèle que certaines populations vulnérables pourraient réaliser des économies conséquentes en achetant leurs médicaments en ligne, via des cartes-rabais. Pour les personnes sans assurance santé utilisant Amazon Prime, un générique évalué sur deux est moins coûteux en ligne que dans une pharmacie classique. Ce chiffre atteint 84,4% avec GoodRx Gold. Les cartes-rabais peuvent aussi se révéler intéressantes lorsque le montant des médicaments est inférieur à la franchise d’assurance. Dans cette situation, le montant à la charge du client était plus important dans une pharmacie traditionnelle qu’avec Amazon Prime et GoodRx Gold pour respectivement 40% et 79% des ordonnances évaluées. Parmi les vingt génériques évalués, la lévothyroxine permettrait le plus grand potentiel d’économies, soit 510 M$ US, si elle est achetée avec une carte-rabais GoodRx Gold. Une solution en trompe-l’œil? Si ce nouveau modèle d’affaires peut soulever des interrogations et des craintes, il s’agit pour le Dr Vaidya «de pharmacies comme les autres», qui requièrent une ordonnance. «Il n’y a pas plus de risques que d’acheter à votre pharmacie locale», estime-t-il. L’équipe de recherche invite toutefois à la prudence, car en cherchant les meilleurs prix, les patients multiplient le nombre de lieux d’achat, ce qui pourrait entraîner des problèmes de communication chez les pharmaciens sur les médicaments qu'ils ont en leur possession. Un comportement qui pourrait notamment être associé à un risque plus élevé d’interactions entre les médicaments, indique Pranav Patel. Le recours à plusieurs pharmacies est également associé à une adhésion au traitement potentiellement plus faible, selon la littérature existante. Mais passer d’une pharmacie virtuelle à une autre permet aussi de contourner les pénuries de médicaments que subissent certaines officines, estime le Dr Vaidya. Les officines en ligne n’offrent néanmoins qu’une disponibilité limitée, nuance-t-il. «Si vous avez plusieurs maladies chroniques, prenez plusieurs traitements, cela peut être peu pratique à gérer, et même pour un patient lambda.» Les deux collègues s’accordent pour dire qu’acheter ses médicaments via des programmes de rabais n’est toutefois pas une solution viable à long terme. Pour profiter de ces prix réduits, il faut parfois payer un abonnement, ce que l’étude n’a pas pris en considération dans ses calculs. Le Dr Vaidya et Pranav Patel pensent donc qu’une réforme des polices d’assurance est nécessaire pour que le prix des médicaments soit mieux aligné sur leur véritable valeur sociétale. Si un traitement est éprouvé et rentable, son prix devrait être suffisamment bas pour ne pas constituer un obstacle à son utilisation, ce qui pourrait inclure l’absence de franchise, selon Pranav Patel. Le Dr Vaidya estime également que les gestionnaires de prestations, chargés de négocier les prix auprès des entreprises pharmaceutiques, devraient être plus transparents. «Dans un monde idéal, je ne devrais pas avoir à chercher sur GoodRx ou d'autres sites, car je paie déjà mon assurance», conclut-il.

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