Et de quatre!

C’est énorme et cela demande une capacité d'adaptation extraordinaire.Il faut quand même bien le dire, il s’agit d’une reconnaissance exceptionnelle pour une profession qui a vécu une crise profonde entre le rôle de l'apothicaire et du pharmacien détaillant en passant par les pharmaciens qui opéraient des comptoirs lunch dans leur pharmacie!En fait, les trois derniers projets de loi constituent des versions révisées et améliorées des précédents. Les pharmaciennes et pharmaciens du Québec, à chaque fois, ont réussi le test des privilèges et pouvoirs qu'on leur octroyait, ce qui a eu pour conséquence d'augmenter l'autonomie avec laquelle nous pouvons pratiquer.Ne jouons pas à la cachette. Malgré l'ouverture extraordinaire dont fait désormais preuve le Collège des médecins, sans la crise d'accès aux soins de santé actuelle, je doute que nous assisterions encore à une révision de la Loi sur la pharmacie.Toutefois, cette reconnaissance législative du rôle du pharmacien doit nécessairement s'accompagner d'une amélioration des conditions d'exercice tant en milieu hospitalier qu’en pharmacie communautaire. Actuellement, le nombre de nouveau postes en pharmacie d'établissement fait du surplace. Il est impossible de penser augmenter l'offre de soins pharmaceutiques en établissement dans le contexte actuel. En pharmacie communautaire, une pratique clinique confronte directement l'aménagement des pharmacies, et les consultations au comptoir ont des limites. Offrir de tels soins nécessite que le financement soit disponible pour toutes les ressources requises, tant en établissement qu’en pharmacie communautaire. Quand je pense aux ressources, je pense bien sûr aux dollars mais aussi à la disponibilité des ressources humaines. Pour ces deux variables, l'interlocuteur demeure le même: le Gouvernement du Québec qui octroie facilement des privilèges aux pharmaciens, mais qui se traîne les pieds lorsque vient le temps de donner des salaires ou de payer des actes à la hauteur des responsabilités qui en découlent. Négocier avec le gouvernement du Québec demande de la patience, ce qui veut dire des mois et des années d'attente avant que les ressources financières s’arriment aux soins en pratique. Parlez-en aux médecins...Dans le cas présent, il me semble que le calcul est simple. En effet, le gouvernement a déjà un tarif pour les services des médecins; pourquoi réinventer la roue? À responsabilité et travail égal, salaire égal! Si le gouvernement pense qu'il demandera aux pharmaciens de servir la population du Québec à rabais, tout en sauvant sa réputation d'échecs dans l'offre de services de santé, j'espère qu'il se met le doigt dans l'œil.Il faut vraiment saluer le travail de l'Ordre des pharmaciens pour ces résultats. La solidarité entre l'Ordre des pharmaciens et nos associations professionnelles semble bonne, mais elle devra aller encore plus loin et appuyer les demandes de ressources financières et de ressources humaines, tant pharmaceutiques que techniques. Cette bataille doit mobiliser tous les acteurs incluant l'Ordre des pharmaciens, car à défaut, nous ne pourrons exercer les nouvelles responsabilités prévues par le PL.Le projet de loi 67 redéfinit l'exercice de la pharmacie ainsi:«L’exercice de la pharmacie consiste à évaluer l’état de santé, à prévenir et à traiter les maladies par l’usage et la gestion appropriés des médicaments, dans le but de maintenir la santé, de la rétablir ou d’offrir le soulagement approprié des symptômes.»Si notre rôle premier consiste à évaluer l'état de santé, comme il l'était d'ailleurs évoqué dans les précédentes modifications de la Loi, il est plus que temps que la formation des pharmaciens sur l'évaluation de l'état de santé soit bonifiée et que des formations continues sur ce sujet soient rapidement offertes.Je milite depuis longtemps pour la reconnaissance de spécialités en pharmacie. Les raisons sous-jacentes sont de plus en plus importantes. Il est impossible pour un praticien de première ligne qu'il soit médecin ou pharmacien, de pouvoir évaluer toutes les conditions de santé qui se présenteront. Les médecins de famille exercent dans un contexte où ils ont un système de référence en spécialité pour les cas plus complexes. Ce système est inexistant en pharmacie malgré des années de revendications. Ça, ça n’a pas fonctionné encore, même si semble-t-il ça s’en vient. Une articulation cohérente entre des praticiens de première ligne et des spécialistes est à mon avis incontournable afin que, comme individus et comme profession, nous puissions répondre aux demandes qui se présenteront à nous.Bref, cette nouvelle relativement bonne du PL 67 s'accompagne d'une liste d'épicerie importante. Il faudra que tous les acteurs se mobilisent pour réussir à mettre en place un système cohérent, fonctionnel, et adéquatement financé. Il faut non seulement penser aux lois et règlements, mais au développement et à l'application de modèles concrets pour faire évoluer de façon cohérente la pratique sur le terrain. Il ne faut pas que chacun dans notre coin, nous réinventions un modèle de pratique. Ce serait du temps perdu et cela entrainerait des variations qui pourraient être préjudiciables à l'image de la profession.On ne peut pas tout faire si l'on veut bien faire.

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Derrière ce blogue:

Marc Parent

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