Entente avec Québec: la FMOQ y voit une volonté de collaboration

«Je salue la volonté de la [FMOQ] de mettre de l’avant de nouvelles idées et leur ouverture à voir autrement l’accès à la première ligne. (…) Je suis convaincu qu’ensemble, nous pouvons changer les choses pour le bien de la population et de notre système de santé.» C’est en ces termes que le ministre de la Santé Christian Dubé a présenté, dimanche, l’accord conclu avec les omnipraticiens du Québec. Le président de leur association professionnelle, le Dr Marc-André Amyot, est sur la même longueur d’onde. En entrevue avec ProfessionSanté.ca, il affirme qu’il «est temps de faire les choses différemment» et que cette entente est «clairement un pas dans la bonne direction». Vous semblez très enthousiaste vis-à-vis de cette entente. Pourquoi? C’est une excellente entente pour la population québécoise afin de régler les difficultés d’accès aux soins de santé qui préoccupent autant les médecins de famille que les citoyens. On a toujours dit que les omnipraticiens faisaient partie de la solution, mais ce n’est pas vrai qu’avec une pénurie de 1000 médecins, on allait pouvoir assumer tous les besoins de prise en charge en première ligne. Cette entente entérine le principe d’une responsabilité collective de l’accès aux soins qui est partagée avec les autres professionnels de la santé [voir encadré ci-dessous]. De plus, c’est une entente de collaboration qui n’implique pas que les omnipraticiens. Les deux parties ont des engagements à respecter. À lire aussi: Québec s'entend avec les médecins de famille pour un meilleur accès en première ligne Quels sont les engagements du MSSS? Il doit augmenter les ressources disponibles dans les GMF en permettant l’embauche d’infirmières, de pharmaciens, de physiothérapeutes, de travailleurs sociaux, etc. Il s’est aussi engagé à déployer les guichets d’accès à la première ligne, les fameux GAP, qui vont permettre de filtrer et d’identifier les besoins afin d’orienter les gens vers la bonne ressource, ce qui va libérer les omnipraticiens de certaines consultations et certains suivis. En parallèle, le ministère doit rendre fonctionnel l’orchestrateur de rendez-vous — le hub —, car son implantation sur le terrain est encore difficile, avec des plages horaires disponibles, mais non comblées, ou des annulations de rendez-vous. Enfin, un chantier de réflexion et de révision de l’organisation du travail de première ligne doit être lancé afin de mieux valoriser la pratique de la médecine familiale au Québec. Avec 500 postes de résidents restés vacants au Québec depuis 2013, c’est une priorité incontournable. Imaginez ce qu’on pourrait faire si on les avait aujourd’hui, ces 500 omnipraticiens de plus… Lire aussi: Objectif 1er juin pour le déploiement des GAP En contrepartie, à quoi la FMOQ s’est-elle engagée? Les médecins de famille ne seront pas obligés de prendre personnellement plus de patients en charge, ils vont plutôt devoir faire autrement, en optimisant leur pratique et en déléguant davantage au sein des GMF. L’idée est de s’assurer que l’expertise des omnipraticiens est bien utilisée avec la volonté d’ajouter de la pertinence à leurs consultations. En collaborant davantage pour la clientèle inscrite avec les autres professionnels de la santé, on va ainsi pouvoir libérer des plages pour le sans rendez-vous et par effet domino, on va aussi dégager des rendez-vous pour les patients orphelins. J’aime bien citer Albert Einstein qui disait que «la folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent». Cette phrase est très appropriée dans les circonstances. On est en effet rendus là, selon moi: on doit faire les choses autrement, en améliorant nos processus et en augmentant l’interdisciplinarité. L’entente ne prévoit ni obligations ni pénalités. Si la participation des médecins de famille reste volontaire, comment s’assurer de leur adhésion? On va accompagner les médecins dans leur processus de réorganisation. Certains en feront plus, certains vont optimiser leurs façons de faire, et d’autres ne feront rien. Je suis cependant convaincu que ces derniers vont être incités par leurs collègues volontaires à revoir leur propre pratique. Un comité de suivi va également être mis en place, auquel participeront la FMOQ, le MSSS et les départements régionaux de médecine générale qui ont un rôle important à jouer, car ce sont eux qui vont identifier les patients à inscrire collectivement et qui s’occupent du déploiement des GAP. Ce comité va faire des suivis en temps réel afin d’apporter des correctifs si nécessaire. Lire aussi: «Il faut aider les médecins à s’organiser» Le communiqué de la FMOQ, comme celui du MSSS d’ailleurs, précise «qu’aucune somme d’argent supplémentaire à celles déjà prévues à nos enveloppes actuelles n’aura à être déboursée dans le cadre de la réalisation de cette entente». Comment seront alors financées les mesures d’accompagnement prévues? L’entente nécessite du financement, mais il n’y aura pas d’investissement supplémentaire de l’État. Il reste des montants disponibles dans l’Accord-cadre 2015-2023 qui vont être réaffectés aux différentes mesures. Quand cette entente sera-t-elle soumise à l’approbation des membres de la FMOQ? On se lance dans un processus de consultation afin d’expliquer les tenants et aboutissants de l’entente. Nos instances se sont penchées dessus et elles recommandent son adoption. Si tout se déroule comme prévu, le vote de nos membres devrait avoir lieu autour du 20–25 mai. Enfin, qu’en est-il du projet de loi 11 qui vise la transmission au MSSS de certaines données relatives à l’activité des médecins? L’entente ne semble pas en faire mention. Est-il toujours à l’agenda du ministre Christian Dubé? Il l’est encore, effectivement, et la FMOQ s’y oppose toujours. Certains articles du projet de loi nous posent particulièrement problème, car en exigeant des renseignements nominatifs et personnels sur les médecins, il y a un risque d’intrusion du MSSS dans la gestion des GMF et dans l’emploi du temps des médecins. Le Ministère nous dit que la Loi sur la protection des renseignements personnels apporte des garanties. Nos avocats ont des avis divergents, alors on n’exclut pas un recours juridique. On va attendre les règlements d’application et on verra à ce moment-là ce que l’on fera. SONDAGE

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