Enquête de l’APPSQ: les salaires ont augmenté un peu plus vite que l’inflation en 2022-2023

Entre juillet 2022 et juillet 2023, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,9% au Québec, selon Statistique Canada. Dans le même temps, le salaire brut horaire des pharmaciens salariés a progressé de 5,4% en moyenne et celui des pharmaciens chefs salariés de 6,5%. Il s’établit ainsi à 64,58 $ pour les premiers et à 70,15 $ pour les seconds, selon l’enquête annuelle de l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ), dont ProfessionSanté.ca a obtenu les résultats en exclusivité*. Il y a une «augmentation intrinsèque du taux horaire», convient le président de l’APPSQ, Patrick Hemery. Il tient toutefois à la nuancer, car, selon lui, elle n’est pas suffisante pour compenser le taux d’inflation observé depuis trois ans (plus de 11%). Cumulativement, «on a perdu en niveau de vie depuis 2020», affirme le président, fraîchement réélu pour un mandat de deux ans. Dans le détail, il explique que l’an dernier, la hausse de la rémunération des pharmaciens salariés ne disposant pas d’un intéressement sur les actes cliniques avoisine les 3%, alors que «pour ceux qui touchent un pourcentage sur les actes réalisés, qui peut varier de 10 à 50% de l’honoraire, la hausse est proche de 6%.» Ce modèle de rémunération, qui associe salaire brut et intéressement aux actes cliniques, serait de plus en plus fréquent, observe Patrick Hemery. Trop disparate actuellement, il pense qu’il devrait être harmonisé sur la base d’une répartition de 30% pour le salarié et de 70% pour le propriétaire. «Cela renforcerait le rôle de clinicien du pharmacien et mettrait en avant ses compétences, la limite à ce modèle étant le temps disponible pour tenir ce rôle. Quand on exécute 50 ordonnances par heure, ce n’est pas jouable.» Idéalement, le pharmacien estime qu’un maximum de 30 ordonnances à l’heure permettrait à ses confrères et consoeurs de poser plus d’actes cliniques, en toute quiétude. Mais pour cela, «il faut réorganiser la chaîne de travail en mettant, entre autres, l’accent sur la délégation de la vérification contenant-contenu. Quand tu n’en fais plus, tu peux te concentrer sur le dossier du patient.» Si la procédure est assez facile à mettre en place, le frein à cette délégation reste la pénurie d’assistants techniques en pharmacie (ATP). En attendant qu’elle se résorbe et que la première cohorte de techniciens en pharmacie soit diplômée en 2024, la charge de travail s’est alourdie l’an dernier, «moyennement» pour 40,5% des pharmaciens salariés, «beaucoup» pour 29,7% et «énormément» pour 6,8% d’entre eux L’augmentation des actes issus des lois 31 et 41 en est la première cause, selon 86,6% des répondant. Viennent ensuite l’augmentation des ruptures de stock (78,2%), l’augmentation des conseils relatifs au médicaments en vente libre (68,8%) puis le manque de qualification des ATP (67,7%). Résultat, les pharmaciens salariés considèrent de manière quasi-unanime (95,3%) que leur charge de travail est un plus ou moins un frein au développement des nouveaux actes cliniques. D’ailleurs, la majorité d’entre eux rentrent régulièrement plus tôt au travail ou restent après leur quart - le tiers plus d’une fois par semaine - pour consigner des informations au dossier des patients (dans 70,3% des cas), rédiger et envoyer des opinions pharmaceutiques (54,9%), faire des recherches sur une prescription (39,9%) ou effectuer des suivis de la thérapie (36,8%). Le président de l’APPSQ propose ainsi que «les pharmacies ferment leurs portes une heure par jour pour permettre aux pharmaciens présents de mettre à jour correctement les dossiers de leurs patients, ce qui éviterait qu’ils le fassent à la va-vite.» Il suggère également aux propriétaires de faire preuve d’ouverture concernant le télétravail. Près de 85% de leurs salariés se disent intéressés, mais seulement 12% en ont la possibilité. «Le développement du télétravail est un mode d’organisation favorable aux soins cliniques. Quand on n’est pas pollué par tout le reste, on peut traiter cinq à six dossiers par heure», avance Patrick Hemery. Une majorité sans contrat de travail Enquête après enquête, ce dernier s'étonne toujours que deux pharmaciens salariés sur trois n’ont pas signé de contrat de travail et se contentent d’un accord verbal. «L’APPSQ a proposé un modèle de contrat, mais la majorité des salariés préfèrent ne pas y avoir recours, par crainte d’être liés à leur employeur. Or ils peuvent y mettre fin du jour au lendemain, comme le propriétaire d’ailleurs», précise Patrick Hemery en mentionnant qu’un contrat permet de s’entendre formellement sur la rémunération, les horaires de travail, les congés, la répartition des tâches, etc. «C’est un vrai filet de sécurité.» *L’enquête annuelle de l’APPSQ est réalisée à partir d’un sondage ouvert à tous les pharmaciens salariés du Québec. Cette année, le questionnaire a été diffusé du 4 septembre au 24 septembre 2023. 795 pharmaciens et étudiants en pharmacie y ont répondu.

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