En collaboration | L'étendue du rôle des professionnels en physiothérapie

Les 9400 physiothérapeutes et technologues en physiothérapie du Québec font partie des professionnels qui, par leurs connaissances, leurs compétences et leur polyvalence, contribuent à augmenter l’accès aux soins et services, et ce, en étroite collaboration avec l’équipe interdisciplinaire (médecin, infirmière, ergothérapeute, travailleur social, etc.).Champ de pratique et activités réservéesLes professionnels de la physiothérapie évaluent les déficiences et les incapacités de la fonction physique reliées aux systèmes musculosquelettique, neurologique, cardiorespiratoire et vasculaire.À la suite d’une évaluation initiale, ils peuvent poser un diagnostic dans leur champ de pratique, élaborer un plan de traitement et réaliser des interventions pour aider le patient à retrouver le plus rapidement possible ses capacités physiques et son autonomie, soit un rendement fonctionnel optimal.Ils agissent également en gestion de la douleur, en prévention, en éducation et en promotion de la santé.La pratique de la physiothérapie comporte des activités réservées, autorisées, ainsi que des activités d’information, de promotion de la santé et de prévention de la maladie et des accidents.Activités réservéesÉvaluer la fonction neuromusculosquelettique d’une personne présentant une déficience ou une incapacité de sa fonction physique.Procéder à l’évaluation fonctionnelle d’une personne lorsque cette évaluation est requise en application d’une loi.Introduire un instrument ou un doigt dans le corps humain au-delà des grandes lèvres ou de la marge de l’anus.Introduire un instrument dans le corps humain dans et au-delà du pharynx ou au-delà du vestibule nasal.Utiliser des formes d’énergie invasives*.Prodiguer des traitements liés aux plaies*.Décider de l’utilisation de mesures de contention.Utiliser des aiguilles sous le derme pour atténuer l’inflammation, en complément de l’utilisation d’autres moyens (avec attestation délivrée par l’OPPQ).Procéder à des manipulations vertébrales et articulaires (avec attestation délivrée par l’OPPQ).Activités autoriséesÀ la suite d’une ordonnance :Administrer des médicaments topiques dans le cadre de l’utilisation de formes d’énergie invasives ainsi que lors de traitements liés aux plaies*.Administrer des médicaments topiques lors de l’introduction d’un instrument ou d’un doigt dans le corps humain au-delà des grandes lèvres ou de la marge de l’anus.Introduire un instrument dans une ouverture artificielle du corps humain afin d’assurer des soins à une personne présentant des déficiences et des incapacités de sa fonction physique liées au système cardiorespiratoire.Administrer et ajuster l’oxygène dans le cadre du traitement en physiothérapie, sauf si cette personne est sous ventilation effractive ou sous ventilation à pression positive non effractive.Procéder à un prélèvement par écouvillonnage pour une culture de plaie dans le cadre de traitements liés aux plaies (avec attestation délivrée par l’OPPQ).Sans ordonnance :Prescrire des radiographies à une personne présentant un traumatisme musculosquelettique aigu (avec attestation délivrée par l’OPPQ).Administrer un vaccin à une personne d’au moins 5 ans et mélanger des substances dans le cadre de la préparation d’un vaccin*.Réaliser un prélèvement nasopharyngé ou oropharyngé à des fins de dépistage*.Clientèles et milieux de pratiqueLa clientèle en physiothérapie est vaste et inclut des personnes de tout âge, des victimes d’accident de la route (SAAQ), d’accident du travail (CNESST), d’actes criminels (IVAC), de même que des anciens combattants, des personnes réfugiées ou demandant l’asile.Les professionnels de la physiothérapie sont présents dans toutes les régions du Québec. Environ la moitié exerce en milieu public (centres hospitaliers, centres de réadaptation, CLSC, etc.) et l’autre, en milieu privé (cliniques privées). Nous en retrouvons également en recherche et en enseignement.Les physiothérapeutes peuvent être consultés en accès direct, sans prescription médicale. Outre en clinique privée, ils interviennent en première ligne dans différents milieux : groupe de médecine familiale (GMF), urgence des hôpitaux, cliniques externes, cliniques COVID longue, Guichet d’accès à la première ligne (GAP), cliniques interdisciplinaires pour la clientèle présentant un trouble musculosquelettique.Par ailleurs, tant les physiothérapeutes que les technologues en physiothérapie peuvent offrir des soins et services en téléréadaptation, afin de traiter des gens en région éloignée ou qui ne peuvent se déplacer.Plusieurs professionnels de la physiothérapie offrent également des classes d’enseignement et d’exercices afin de favoriser l’autogestion ainsi que l’accessibilité aux soins et services.Contribution des professionnels de la physiothérapieLes professionnels de la physiothérapie sont souvent reconnus pour leur rôle dans le suivi des blessures musculosquelettiques. Leur expertise est toutefois beaucoup plus variée (voir le tableau ci-bas) :Prescription de radiographiesLes physiothérapeutes détenant la formation et l’attestation délivrée par l’OPPQ peuvent prescrire des radiographies aux patients qui présentent une blessure à la suite d’un traumatisme aigu, par exemple une chute ou un accident.Fruit d’une entente entre le Collège des médecins et l’OPPQ, la prescription de radiographies en physiothérapie permet aux patients d’obtenir les soins et services dont ils ont besoin dans les meilleurs délais.Les radiographies prescrites par les physiothérapeutes réalisées dans un centre de radiologie sont d’ailleurs couvertes par la RAMQ.À la réception du rapport du radiologiste, le physiothérapeute s’assure que le patient reçoit le suivi nécessaire. Selon la nature de l’atteinte, le patient poursuivra ses traitements de physiothérapie ou sera dirigé vers son médecin de famille, ou encore un médecin ou un établissement avec lequel le physiothérapeute a établi une entente.Prescription d’aides techniquesLes physiothérapeutes du secteur public peuvent effectuer l’évaluation et émettre les recommandations qui permettent d’attribuer ou de remplacer les prothèses, les aides à la locomotion (p. ex., fauteuils roulants) et les aides à la marche (p. ex., béquille, canne), dans la mesure où le dossier médical du patient comprend un diagnostic de déficience physique.Demande de consultation à un médecin spécialisteAfin de faciliter le cheminement des patients, les physiothérapeutes peuvent diriger vers un médecin spécialiste les cas relevant de leur champ d’expertise (orthopédiste, neurochirurgien, rhumatologue, etc.). Ils peuvent, par exemple, transmettre une demande de consultation à un physiatre pour qu’il évalue si le patient bénéficierait d’une infiltration musculosquelettique.Triage et interventions en première ligneLes physiothérapeutes sont en mesure d’effectuer le triage, de poser un diagnostic et de déterminer le suivi nécessaire en ce qui concerne les patients présentant des affections dans le champ de la physiothérapie (p. ex., atteintes musculosquelettiques ou vestibulaires).Ces interventions en première ligne sont de plus en plus réalisées dans des milieux où le diagnostic était traditionnellement fait par un médecin ou un autre professionnel de la santé (urgence, GMF, clinique d’orthopédie, clinique pédiatrique orthopédique, clinique de neurochirurgie, rhumatologie, cardiologie).Plusieurs modèles innovants ont été testés avec succès au Québec, notamment à l’urgence du CHU de Québec – Université Laval et à l’Hôpital général juif. L’accès direct aux services de physiothérapie comporte plusieurs avantages, dont une réduction de l’attente et du taux de retour à l’urgence, une réduction de l’utilisation de médication sous ordonnance et d’examens d’imagerie médicale; ainsi que l’amélioration de la satisfaction des patients.De plus, une revue systématique avec méta-analyses (Lafrance et coll., 2023) montre une « bonne à très bonne» concordance diagnostique probable entre les physiothérapeutes et les médecins, ainsi que pour le triage chirurgical de patients avec des atteintes musculosquelettiques.Écouvillonnage des plaiesLes professionnels de la physiothérapie détenant l’attestation délivrée par l’OPPQ peuvent procéder à un prélèvement par écouvillonnage pour une culture de plaie dans un contexte de traitements de plaies en physiothérapie.Vignette de stationnementLes physiothérapeutes et les technologues en physiothérapie peuvent remplir le formulaire « Demande de vignette de stationnement pour personnes handicapées» de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).Vaccination et dépistageDans le cadre d’une campagne de masse, les physiothérapeutes et les technologues en physiothérapie sont autorisés à administrer un vaccin à une personne âgée d’au moins cinq ans et à réaliser un prélèvement nasopharyngé ou oropharyngé à des fins de dépistage.Cadres de collaborationDes cadres de collaboration ont été établis entre les professionnels de la physiothérapie et d’autres professionnels. Ces ententes permettent d’optimiser la communication en plus de mettre à contribution l’expertise de chacun au bénéfice des patients.Les physiothérapeutes et les pharmaciennes et pharmaciens disposent d’outils pour échanger des informations cliniques concernant un patient commun qui présente une problématique neuromusculosquelettique.Les physiothérapeutes, les technologues en physiothérapie et les optométristes peuvent assurer un suivi conjoint des personnes présentant des atteintes de la fonction oculomotrice associées à une condition d’origine neurologique, vestibulaire et oculovisuelle (p. ex., TCC, AVC, migraines, atteinte vestibulaire périphérique).À l’instar des médecins, les physiothérapeutes formés en évaluation et en traitement des TCCL/CC peuvent autoriser le retour aux activités à risque dans les cas où une guérison clinique est observée sans symptômes persistants.Activités envisagéesCertains obstacles réglementaires limitent la pleine contribution des professionnels de la physiothérapie. Dans le cadre du chantier sur l’élargissement des pratiques professionnelles, il est envisagé de leur permettre les activités suivantes.Prescription de radiographies au-delà de 72 heuresPour faciliter l’accès aux soins, un cadre réglementaire élargi pourrait s’appliquer à la prescription de radiographies par les physiothérapeutes, car les patients ne consultent pas nécessairement dans les 72 heures suivant un traumatisme. Or, au-delà de cette période, le physiothérapeute doit diriger le patient vers un médecin ou à l’urgence s’il soupçonne une fracture, ce qui occasionne des délais qui seraient évités si les physiothérapeutes étaient autorisés à prescrire des radiographies plus de 72 heures après un traumatisme.Prescription d’autres imageries ou de tests de laboratoireDans le même ordre d’idées, les physiothérapeutes pourraient être autorisés à prescrire et à interpréter d’autres imageries diagnostiques et tests dans leur champ de pratique, par exemple : IRM, US, CT-scan, IRMa, EMG, Doppler et tests de conduction nerveuse de surface et avec aiguille, scintigraphie osseuse.En ce qui concerne les patients qui consultent à l’urgence, une revue systématique de la littérature (Desmeules et coll., 2011) suggère que « le physiothérapeute possède les qualités nécessaires à effectuer un raisonnement clinique adéquat afin de prescrire des tests diagnostiques et radiologiques aussi efficacement que le font les urgentologues avec des patients souffrant de lésions musculosquelettiques non urgentes».Prescription et administration de médicamentsLa prescription, la déprescription, l’ajustement et l’administration de médication dans le champ de pratique de la physiothérapie (p. ex., anti-inflammatoires, analgésiques, etc.) optimiseraient également la prise en charge des patients grâce à une plus grande autonomie professionnelle. Cette activité pourrait inclure, entre autres, les injections (p. ex., de cortisone) et les drainages musculosquelettiques pour traiter l’inflammation et les désordres dégénératifs.Reconnaissance du diagnostic du physiothérapeuteActuellement, un diagnostic médical est nécessaire pour accéder à plusieurs soins et services publics au Québec. La reconnaissance du diagnostic posé par les physiothérapeutes permettrait d’améliorer l’accès à une couverture de soins, de services et d’indemnités (CNESST, SAAQ, RAMQ), en plus de refléter la pratique professionnelle actuelle et d’accroître la fluidité des trajectoires des patients.Cette reconnaissance est essentielle pour réduire le fardeau sur d’autres professionnels (médecins, spécialistes, etc.) en contexte de pénurie de main-d’œuvre.Lors d’une consultation en physiothérapie, les patients bénéficient d’un traitement adapté ou de recommandations spécifiques pour optimiser leur récupération, ou encore d’une orientation vers un autre professionnel de la santé. La reconnaissance du diagnostic posé par les physiothérapeutes permettrait à la fois de simplifier les demandes de consultations et de diminuer les références aux médecins sans que la qualité des soins et des services en soit compromise.En optimisant l’organisation du travail et en partageant avec efficience la charge de travail avec les médecins quant aux atteintes neuromusculosquelettiques, le temps d’attente serait réduit pour les patients. Ainsi, une diminution des délais avant le diagnostic et l’accélération de la prise en charge des patients devraient en résulter. Par ailleurs, les médecins pourraient se concentrer sur les cas plus complexes ou hors du champ de la physiothérapie.Enfin, la prise en charge de patients en première ligne par un physiothérapeute dont le diagnostic serait reconnu permettrait de diminuer les récidives de consultation pour le même problème, et ainsi de réduire l’engorgement des urgences et les coûts sociétaux qui en découlent.Prescription d’arrêt de travail et recommandations d’allègements au travail ou de restrictions sportivesL’accessibilité à certains traitements pourrait en outre être améliorée grâce à la reconnaissance, par la CNESST, les employeurs ou les assureurs privés, des prescriptions d’arrêt de travail ou des recommandations d’allègements au travail rédigées par un physiothérapeute. En effet, l’on peut ainsi envisager d’accélérer la prise en charge du travailleur et d’optimiser le corridor de soins et de services avec les agents payeurs, au bénéfice de la clientèle, tout en réduisant la lourdeur administrative due aux divers formulaires à remplir.Un diagnostic et une prescription d’arrêt de travail reconnus par la CNESST, par exemple, donnent droit à des traitements payés (médicaments, physiothérapie, psychologie, TENS, etc.) ainsi qu’à une compensation salariale non imposable. Que le diagnostic ou l’arrêt de travail soit émis par un médecin ou un physiothérapeute n’augmente en rien les coûts, voire pourrait les diminuer, car si la prise en charge est plus rapide, il est raisonnable de croire que le retour au travail le sera aussi.De plus, la reconnaissance de la prescription de restrictions sportives optimiserait la prise en charge des sportifs et des enfants, en leur évitant une consultation médicale alors que l’évaluation et le suivi peuvent être entièrement assurés en physiothérapie.Autres activitésD’autres activités en lien avec les blessures musculosquelettiques – notamment la réduction d’une fracture ou d’une luxation, ou l’installation et le retrait d’un plâtre – pourraient être effectuées par les professionnels de la physiothérapie, en première ligne ou lors de suivis.ConclusionLes activités actuelles et envisagées des professionnels de la physiothérapie, ainsi que la collaboration interdisciplinaire, visent à optimiser la qualité et la fluidité des soins et des services de santé, notamment en ce qui touche à l’accessibilité.Pour en savoir plusRèglement sur les activités professionnelles pouvant être exercées par les membres de l’OPPQ - Activités autoriséesChamp d’exercice des membres de l’OPPQ - Activités réservées

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