Échec d'une vasectomie: un urologue sanctionné pour un manque de suivi

Le Dr Claudio Jeldrès a procédé à l’opération de stérilisation par vasectomie bilatérale le 19 janvier 2016, mais ce n’est qu’environ quatre mois plus tard qu’un spermogramme a été effectué. Cet examen médical a démontré la présence abondante de spermatozoïdes, établissant l’échec de la procédure de stérilisation. Le patient aurait dû en être informé à ce moment, afin qu'il continue d'utiliser les moyens de contraception du couple, mais ça n’a pas été le cas. Le 21 mars 2017, le patient a contacté l’adjointe administrative du service d’urologie pour l’informer de la grossesse de sa conjointe. Dans sa version écrite des faits, le Dr Jeldrès allègue ne pas avoir reçu le rapport du pathologiste en raison «d’une problématique survenue dans la transmission des résultats du spermogramme avec le dossier médical électronique Ariane du centre hospitalier». Bien qu’il note l’existence de lacunes dans la chaîne de communication de l’information, l’urologue reconnaît qu’ultimement, c’est lui qui est responsable du suivi médical de son patient. Le rapport d’expertise du Dr François Bénard, mandaté pour donner son opinion dans ce dossier, est d’ailleurs clair à cet effet: «L’intimé aurait dû faire un suivi des résultats transmis par le pathologiste et discuter rapidement avec son patient des risques probables que la vasectomie qu’il a pratiquée soit un échec et de l’aviser en conséquence de ne pas cesser les moyens de contraception du couple, le temps d’obtenir les résultats du spermogramme post-vasectomie.» Cinq enfants Selon un reportage de TVA en septembre 2020, le couple de Coaticook avait déjà quatre enfants et ne voulait plus en avoir. Or, même si la femme a songé à l’avortement, elle a finalement décidé de donner naissance à son quatrième enfant après avoir entendu le cœur du fœtus battre lors d’une échographie. Le couple a néanmoins décidé de réclamer 857 000$ au Centre intégré universitaire de santé de l’Estrie et au Dr Jaldrès en guise de dédommagement pour les troubles et inconvénients, toujours selon le reportage. L’homme et la femme ont fait valoir le stress subi et les dépenses imprévues comme le déménagement dans une maison plus grande. L’abécédaire des bonnes pratiques Dans le jugement, l’avocate du syndic adjoint a souligné la gravité de l’infraction commise par l’intimé en mentionnant que la prise en charge et le suivi des patients constituent l’abécédaire des bonnes pratiques médicales et sont au cœur de l’exercice de la profession de médecin. En revanche, le Dr Claudio Jeldrès a reconnu les faits à la première occasion et a fait un véritable exercice d’introspection depuis les événements, souligne l’avocate. Le médecin fautif a d’ailleurs cessé de pratiquer des vasectomies. De plus, il assure que les rendez-vous de suivi de ses patients sont fixés dans de meilleurs délais et travaille à améliorer sa façon de gérer ses courriels. De son côté, le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec a reproché à l’urologue son manque de vigilance, mais a cependant noté qu’il s’agissait d’un cas isolé dans sa carrière. «Pour le Conseil, à l’évidence, l’intimé a eu sa leçon et son risque de récidive est faible», ont noté les trois membres du conseil, ajoutant que l’urologue a à cœur sa profession et regrette sincèrement ce qui est arrivé. Ceux-ci ont ainsi appuyé la recommandation conjointe de deux mois de radiation qui, selon eux, a le mérite d’atteindre les objectifs de dissuasion pour l’intimé, d’exemplarité pour les membres de la profession et de la protection du public.

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