Du poulet bien élevé à la ferme Aux Saveurs des Monts

Si, à première vue, ils ont un air de famille, les poulets ne sont pas tous élevés de la même manière. C’est un élevage à petite échelle, où les volailles sont nourries de grains de qualité supérieure, sans antibiotique ni sous-produit animal, que Sylvain Bertrand a choisi de pratiquer dans ses poulaillers de Val-des-Monts, en Outaouais.Riche d’une maîtrise en gestion agricole, l’agronome avait travaillé pendant 15 ans auprès d’agriculteurs de la région. S’il a réfléchi une bonne dizaine d’années à son avenir, il ne lui a fallu que 45 minutes pour se porter acquéreur de la ferme GG et fille.Aujourd’hui, ce sont 2500 poussins d’un jour qui arrivent à la ferme tous les 30 jours. Ils demeureront trois semaines à l’intérieur de la pouponnière répartie sur les deux niveaux de la nouvelle bâtisse érigée en 2005, avant d’être transportés vers des salles plus spacieuses, pour assurer un confort optimal et favoriser leur croissance. Des normes dites de « densité maximale » de logement, soit l’espace accordé à chaque poulet au cours de sa vie, ont déjà été établies. Sylvain va plus loin.À ce stade, on ne compte que cinq volailles au mètre carré à la ferme Aux Saveurs des Monts. Un espace qui se partagera plus tard par un moindre nombre d’oiseaux, car certains atteindront leur poids avant les 10 semaines prévues (environ 70 jours), contrairement à quelque 35 jours en élevage conventionnel. À ce moment, les plus costauds friseront les 5 kg.Les enjeuxLeur alimentation est constituée de céréales, auxquelles sont ajoutés des minéraux, et dont la quantité varie selon l’âge. Jeunes, on mise sur les protéines mais en grandissant, ils ont besoin d’éléments énergétiques, de probiotiques, d’algues et d’enzymes qui contribuent aussi à fortifier leur système immunitaire.La chair de ces poulets présente une belle fermeté et une saveur exceptionnelle, avec une teneur beaucoup plus faible en matières grasses.« Les enjeux importants, rappelle Sylvain, se situent entre le confort et la salubrité » et le Programme de soins aux animaux (PSA) est ici observé religieusement. S’ajoute l’équipement de pointe qui assure l’accès illimité aux aliments et à de l’eau fraîche, les systèmes de ventilation et de chauffage avec renouvellement continu de l’air, un niveau d’humidité et une température adaptée à l’âge des oiseaux. L’éclairage est contrôlé pour assurer une durée et une intensité appropriées au bon développement de l’oiseau et des génératrices sont reliées à un système d’alarme en cas de panne. Le microclimat à l’intérieur des poulaillers est stabilisé pour prévenir tout inconfort, voire éviter la souffrance. Les conditions reliées au transport reflètent la continuité des soins prodigués aux animaux au cours de leur vie.Le Programme d’assurance de la salubrité des aliments à la ferme (PASAF) est appliqué à l’échelle canadienne avec une reconnaissance technique de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Basé sur le système HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) et reconnu à l’échelle internationale, le système HACCP veut identifier les problèmes en cours de production plutôt qu’à l’étape d’inspection finale.Attention « fragile »Un élevage exempt d’antibiotiques est certes plus délicat et pourrait difficilement se pratiquer à grande échelle. Ces poulets élevés en liberté à l’intérieur des poulaillers bénéficient d’un rythme de croissance non intensif et cela touche un ensemble de facteurs, outre l’espace qui leur est accordé. Leur comportement est observé lors de deux visites quotidiennes, on assure la propreté des lieux, on désinfecte pour prévenir les sources de contamination, bref… tout est mis en œuvre pour assurer des pratiques irréprochables, minimisant les risques de maladies pour protéger le cheptel et garantir l’accès à des produits sains par les consommateurs.En matière de biosécurité, des zones sont aménagées à l’extérieur et à l’intérieur des poulaillers. D’ailleurs, une pancarte « Biosécurité en vigueur » l’indique clairement. La porte des poulaillers doit être verrouillée en tout temps et un registre des visiteurs est tenu. Bien entendu, toute personne qui pénètre à l’intérieur doit revêtir les vêtements convenus et changer ses bottes à chaque salle visitée. Finalement, un contrôle antiparasitaire efficace (oiseaux sauvages et rongeurs) est devenu une norme.Entre chaque élevage, on retire la litière, on dépoussière, on brosse au savon les planchers et les murs, on stérilise la ligne d’eau…Boucherie à la fermePrès de la moitié de la production est transformée et vendue à la boucherie de la ferme. De la découpe aux aliments transformés ou cuisinés, on a l’embarras du choix. Ainsi, on peut se procurer des poulets, des chapons et des dindons entiers, en découpe ou prêts à être enfournés. Il y a aussi de succulents pâtés et terrines de fabrication artisanale.Parmi les produits transformés, et certes la grande fierté de Sylvain, les saucisses de chair de poulet à 100 %, sans gluten ni agent de conservation. Fabriquées comme le faisait son père par le boucher suisse, elles sont contenues dans du boyau naturel. Pour un repas réconfortant, une douzaine de saveurs sont disponibles.Sylvain Bertrand ne changerait son métier pour nul autre. « C’est un défi intéressant, la diversité entre l’élevage, le développement des produits et du marché, la gestion du personnel, l’administration et, finalement, un bel équilibre entre le travail et la famille. »Aux Saveurs des Monts883, rang VIVal-des-Monts819 643-4363www.saveursdesmonts.ca

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