Dre Christine Pacheco: avoir la santé des femmes à cœur

Au cours de sa résidence, la Dre Pacheco, a rapidement été marquée par le nombre important de pathologies cardiaques moins bien comprises chez les femmes. «Les femmes représentent la moitié de la population et, pourtant, leur santé vasculaire est moins bien connue, moins bien étudiée et moins bien traitée que celle des hommes», déplore la Dre Christina Pacheco, cardiologue spécialiste en santé cardiaque des femmes à l’Hôpital Pierre-Boucher et membre associée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). C’est lorsqu’elle participait à un projet de recherche sur la cardiopathie postpartum qu’elle a pris connaissance d’un fellowship en santé cardiovasculaire chez la femme offert à Los Angeles. «J’ai toute de suite su que je devais suivre cette surspécialité et ramener cette expertise au Québec, puisque ça n’existait pas ici», partage-t-elle. En 2018, à son retour au Québec, la Dre Pacheco était en effet la seule cardiologue à avoir suivi cette surspécialité. Aujourd’hui, il y en a deux dans la province. «On ne parlait pratiquement pas du sujet avant que je parte suivre ma surspécialité. Maintenant, on en parle de plus en plus. On sent que les femmes commencent à avoir leur santé cardiovasculaire à cœur et que les professionnels de la santé cherchent à se former davantage», explique-t-elle. Une meilleure prise en charge La Dre Pacheco aimerait améliorer la prise en charge des infarctus offerte aux femmes. Encore aujourd’hui, les femmes atteintes d’un infarctus laissent passer trop de temps avant de consulter, ce qui augmente les risques de décès. «Elles ne sont pas toujours au courant des manifestations cliniques d’un infarctus chez la femme, d’où l’importance de les sensibiliser», dit la médecin. «Une femme n’aura pas nécessairement une grosse douleur à la poitrine avec une irradiation dans le bras gauche, comme les hommes. Elles vont davantage décrire un brûlement ou un inconfort. Ça attire moins l’attention lors de l’évaluation médicale», explique-t-elle. La cardiologue ajoute par ailleurs que le délai de diagnostic est plus long chez les femmes lorsqu’elles consultent pour un infarctus. Sensibiliser les patients et les professionnels Bien que la médecin reconnaît les efforts en matière de sensibilisation à la santé cardiovasculaire des femmes, beaucoup reste à faire, selon elle. Selon le plus récent sondage national de la Fondation Cœur + AVC, près de 40% de la population du Canada ne sait pas que les maladies du cœur et l’AVC sont les principales causes de décès prématuré chez les femmes. Aussi, seulement 11% des femmes au pays sont en mesures de nommer un ou plusieurs facteurs de risque de maladie du cœur et d’AVC spécifiques aux femmes. «À chaque suivi de santé avec un professionnel de la santé, il y a des opportunités de faire de la sensibilisation avec les patientes au sujet de la santé cardiovasculaire», croit la Dre Pacheco. En plus du cholestérol, la prééclampsie, le diabète lors de la grossesse ou encore les changements hormonaux liés à la ménopause sont aussi des facteurs de risque, rappelle la médecin. Celle-ci aimerait que les femmes aient une meilleure prise en charge de leur santé cardiovasculaire tout au long de leur parcours de vie, en offrant par exemple de meilleurs suivis. «Beaucoup plus de prévention pourrait être faite chez les femmes présentant des facteurs de risques», dit-elle. Centre d’expertise Cardio-F La Dre Pacheco a cofondé en 2021 le centre d’expertise Cardio F du CHUM. Il a pour objectif de comprendre, prévenir, dépister et traiter les maladies cardiovasculaires des femmes. Le centre d’expertise comporte deux volets, soit un volet clinique et un volet recherche. Les patientes suivies par la clinique doivent être référées par un médecin et sont prises en charge par une équipe multidisciplinaire. Elles doivent présenter une maladie cardiaque établie affectant davantage les femmes ou posséder des facteurs de risque cardiovasculaires. Certains de leurs travaux de recherche - présentement en cours - visent à repérer des biomarqueurs chez les femmes qui présentent des facteurs de risques non traditionnels, afin de leur assurer un meilleur suivi. «Il n’y a aucune raison pour qu’encore aujourd’hui, les femmes aient plus de chance de décéder à la suite d’un infarctus qu’un homme», conclut la Dre Pacheco.

Dre Christine Pacheco: avoir la santé des femmes à cœur

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes