«Dons» de patients: des pharmaciens dans l'embarras

Le journal La Presse rapporte, dans son édition du 3 juillet, que la chaîne Pharmaprix a fourni à ses pharmaciens affiliés un formulaire de renouvellement d'ordonnance qui se termine par un appel à la générosité des clients.Selon le quotidien, des pharmaciens font signer un formulaire sollicitant des dons des patients pour défrayer des services, liés à de nouveaux activités conférées par la Loi 41, pour lesquels ils recevront pourtant une rémunération.La Presse cite le cas de la pharmacie Van Hoenacker Tremblay, à Montréal. Avant de renouveler une ordonnance dermatologique, elle fait remplir le formulaire suivant : «Étant donné que le pharmacien ne reçoit aucun autre paiement pour me fournir cette consultation, j'accepte de payer ___$ pour celle-ci.» Renouveler une ordonnance sera une activité rémunérée en vertu de l'entente survenue récemment entre le gouvernement et l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).Le copropriétaire de la pharmacie montréalaise, le pharmacien Pierre-Benoît Tremblay, assure ne pas avoir touché un sou grâce à cet appel aux dons, selon La Presse. Il précise que le formulaire a été distribué par la chaîne Pharmaprix à ses franchisés. « Même si un patient décidait de faire preuve de générosité et indiquait une somme à cet endroit, on ne la facture pas, c'est clair, net et précis » affirme M. Tremblay, qui avoue avoir trouvé cela « peut-être un peu bizarre ».Le pharmacien et l’AQPP admettent d'ailleurs que le renouvellement d'ordonnance pour lequel le formulaire demande un don fera prochainement l'objet d'un paiement rétroactif, soit par la RAMQ, soit par l'assureur privé du client.Le journaliste Philippe Teiscera-Lessard, qui signe l’article dans La Presse, rapporte que le ministre de la Santé Gaétan Barrette est outré et que l’AQPP, qui admet l'erreur, promet de rappeler ses membres à l'ordre. « Le formulaire n'a pas sa place. On a l'intention dès demain matin de dire à nos membres que ce genre de formulaire n'est pas acceptable », selon Vincent Forcier, porte-parole de l’AQPP, cité dans l’article.« Ça nous donne la confirmation que les pharmaciens avaient bel et bien l'intention de faire une campagne pour se faire payer si on n'avait pas eu une entente », a réagi le ministre Barrette, via son attachée de presse, Joanne Beauvais. Cette dernière évoque une « situation d'illégalité en contravention avec la loi et son code de déontologie ».L'espace laissé vierge aurait été remplacé par une somme, si les négociations avec Québec avaient débouché sur une entente prévoyant un paiement par le patient, a expliqué un porte-parole du siège social de Pharmaprix, à Toronto, où l’on plaide l'erreur de bonne foi.« De prime abord, ça nous semble surprenant. On invite certainement le ou les patients à transmettre ce genre d'information au bureau du syndic de l'Ordre qui va pouvoir faire enquête sur le sujet », indique la directrice générale de l'Ordre des pharmaciens du Québec, Manon Lambert, interrogée par le journaliste.Rappelons que l’AQPP s’est entendu le 19 juin avec le gouvernement concernant la rémunération de nouveaux actes pour les patients. Les pharmaciens pourront, entre autres, prolonger une ordonnance d’un médecin, afin d’éviter l’interruption d’un traitement. Il leur sera aussi possible de prescrire des médicaments pour des conditions dont le diagnostic et le traitement sont connus.Source : La Presse

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