Diagnostics de cancers: des guichets d’investigation pour améliorer les délais

Mieux accompagner les patients et raccourcir les temps de diagnostic. C’est le double objectif visé par les guichets de coordination et d’investigation que vont devoir mettre en place chacun des 28 établissements du réseau de la santé ayant une mission et un programme de cancérologie. «Ces guichets permettent de suivre l’usager dès la référence en spécialité pour une suspicion de cancer jusqu’au diagnostic définitif. Certains établissements ont d’ailleurs déjà mis en place des guichets d’investigation, principalement en cancérologie pulmonaire, ce qui s’est révélé une pratique exemplaire», indique le ministère de la Santé dans le communiqué annonçant ce nouveau projet qui bénéficie d’un investissement de 11,2 millions de dollars provenant du budget de l’Institut de pertinence des actes médicaux (IPAM). L’usager sera ainsi pris en charge par ces guichets dès la référence en spécialité pour une suspicion de cancer jusqu’au diagnostic définitif. En plus de la coordination de l’investigation, de l’évaluation et de l’accompagnement des patients, les équipes mobilisées s’assureront que les références seront adressées au bon intervenant et en temps opportun, tout en surveillant de près les délais entre chaque étape de la trajectoire de soins. À terme, les patients devraient ainsi accéder plus facilement à l’équipe qui assure leur prise en charge, tandis que les cliniciens pourront mieux suivre l’avancement de leurs patients dans le processus d’investigation. «Chaque Québécois et Québécoise doit avoir accès à des soins spécialisés en temps opportun. Car pour ceux et celles qui attendent, avoir accès à des soins dans des délais raisonnables passe avant tout», a souligné le ministre de la Santé, Christian Dubé en indiquant que l’attente d’un diagnostic de cancer «peut avoir des conséquences importantes et peut causer une grande inquiétude chez les patients. Un retard de seulement quatre semaines dans les traitements pour le cancer augmenterait en effet les chances de décès de 10 %, indique ainsi la Société canadienne du cancer. Dans une étude publiée l’an dernier, une chercheuse de l’Université McGill avait pour sa part évalué que les retards dans les dépistages, provoqués par les différentes vagues de délestage durant la pandémie, pourraient se traduire par une hausse de 8000 cancers au Québec d’ici 2025. Ces guichets d’investigation visent certes à rattraper le temps perdu et à mieux satisfaire les usagers, mais ils contribueront aussi «à une utilisation optimale des plateaux techniques grâce à une vision globale des besoins des patients et des capacités du réseau», observe le président de l’IPAM, Jacques Cotton. «Une avancée pour les patients» De leur côté, les organismes œuvrant au Québec dans le domaine du cancer (Fondation québécoise du cancer, Leucan, PROCURE, Société canadienne du cancer et Société de recherche sur le cancer) ont uni leurs voix pour se réjouir de la mise en place de ces guichets en cancérologie. « Souvent, nos équipes accompagnent les patients afin de les aider à naviguer dans les différentes étapes menant au diagnostic et avant la prise en charge du traitement du cancer. Nous sommes à même de constater la détresse de certains et la nécessité de les guider », a par exemple signalé le directeur général de la Fondation québécoise du cancer, Marco Décelles. Son homologue chez PROCURE, Laurent Proulx, espère quant à lui que « la prise en charge par le centre d’investigation permettra une diminution des délais d’attente, ce qui peut faire une différence énorme dans la vie des patients en attente d’un verdict. Actuellement, les proches aidants et la personne en attente d’un diagnostic se tournent vers les organismes pour être guidés au sein du réseau de la santé et pour trouver des réponses», constate-t-il. Le ministère de la Santé indique que «le guichet d’investigation pourra couvrir un ou plusieurs sièges de cancer spécifiques, selon les volumes de référence, le niveau de spécialisation de chaque établissement et les ressources disponibles». Les quatre sièges de cancer les plus fréquents au Québec — les cancers du poumon, du sein, colorectal et de la prostate —, seront visés dans un premier temps, «mais d’autres seront aussi considérés» précise le communiqué du ministère. Pour les établissements du réseau ayant déjà un guichet d’investigation, le projet permettra d’élargir l’offre de services à de nouvelles clientèles ou d’optimiser les services rendus.

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