Diabète de type 1: sanctionné pour avoir tardé à faire le suivi

Le 3 juillet 2019, le Dr Michel Mezrahi reçoit un patient de 28 ans dans une clinique médicale de Laval où il pratique depuis 2017, à raison d’une journée par semaine. Le jeune homme présente un tableau clinique permettant de conclure à un diabète avec asthénie, amaigrissement rapide et polyurie-polydipsie. Le Dr Mezrahi demande alors un bilan sanguin complet et urinaire. Deux jours plus tard, il obtient les résultats des tests sanguins qui démontrent une glycémie à 17.5 et une HbA1C à 13,3%. À ce moment, l’omnipraticien n’a pas encore reçu les résultats de l’analyse d’urine. Le médecin contacte le patient pour lui expliquer qu’il faut démarrer un traitement comme s’il s’agissait d’un diabète de type 2 et il lui prescrit de la metformine 500 mg avec surveillance d’un glucomètre. Il l’informe aussi des risques d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie, et le réfère à un endocrinologue. Le médecin lui donne un rendez-vous de suivi le 10 juillet, en attendant la consultation avec un spécialiste. À cette date, le Dr Mezrahi prend connaissance des résultats du test d’urine qui indiquent une cétonurie à 3+ avec glycosurie à 3+. Inquiet de la situation, le médecin de famille laisse au patient un message pour qu'il se rende immédiatement à l’urgence, à défaut de consulter rapidement un spécialiste. Il apprend avec soulagement le 11 juillet que l’homme a rencontré un endocrinologue et qu’il a débuté un traitement d’insuline. Risque de complications Selon le rapport d’expertise de la Dre Louise Champagne, experte du syndic adjoint, le Dr Mezhari se devait de mentionner au patient l’importance d’avoir des examens de labos dès le lendemain et d’en faire le suivi avec plus de diligence devant une forte suspicion de diabète, particulièrement de type 1. «Revoir le patient dans une semaine n’était pas approprié. Il y avait ici un risque de complications, tels une acidocétose diabétique ou un syndrome d’hyperglycémie hyperosmolaire», écrit la Dre Champagne. La conduite appropriée aurait été de vérifier les résultats de l’analyse d’urine et de joindre immédiatement par téléphone l’endocrinologue ou l’interniste de garde pour amorcer l’insulinothérapie. L’obtention des résultats de l’analyse d’urine pour évaluer la glucoserie, la cétonurie et la mesure de la densité urinaire «aurait remis en question la prise de metformine et aurait orienté vers une insulinothérapie à débuter le plus rapidement possible», indique l’experte. Notons que le diabète de type 1 touche environ 10% des personnes vivant avec le diabète. Il se caractérise par l'absence totale de production d'insuline. Ainsi, la personne vivant avec ce type de diabète dépend d'injections quotidiennes d'insuline ou d'une pompe à insuline pour assurer sa survie. Des regrets Le Dr Michel Mezrahi a déclaré, devant le conseil de discipline, être conscient que les conséquences de ses manquements auraient pu être sérieuses. «Il reconnait qu’il aurait dû rechercher les résultats du test d’urine dès le 5 juillet 2019 et vu les résultats de la glycosurie avec cétonurie, il aurait dû diriger son patient vers l’urgence pour remédier aux résultats anormaux par une insulinothérapie appropriée», indique la décision disciplinaire datant du 17 novembre dernier. De plus, le médecin qui n’a aucun antécédent disciplinaire regrette de ne pas avoir utilisé de «bandelette urinaire» lors de la consultation avec le patient. Notons que le Dr Mezrahi a démissionné de son poste à la clinique et a déménagé en Israël le 29 mars dernier. Depuis ce temps, il n’exerce plus la médecine. Une sanction «raisonnable et juste» Selon le conseil de discipline, une telle conduite de la part d’un médecin nuit à l’image et à la crédibilité de la profession médicale en plus de miner la confiance du public à l’endroit de cette profession. Néanmoins, le Conseil juge la recommandation conjointe des parties plaignante et intimée «raisonnable et juste». «La sanction proposée conjointement a le mérite d’atteindre les objectifs de dissuasion pour l’intimé et d’exemplarité pour les membres de la profession et la protection du public.» La sanction sera applicable seulement si le médecin procède à une éventuelle réinscription auprès du tableau de l'Ordre.

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