Devrais-je travailler une année de plus?

La Dre Cathy* travaillait comme interniste depuis près de trois décennies. Elle gagnait un bon revenu, dépensait avec modération et épargnait régulièrement. D’après son plan financier, elle savait combien d’argent elle avait besoin pour prendre sa retraite. Plus elle s’approchait de cet objectif, plus elle était excitée par la liberté supplémentaire dont elle pourrait bénéficier. Mais, ensuite, d’autres sentiments se sont mis de la partie: l’hésitation, le doute, la peur... «Et si la bourse s’effondrait peu de temps après ma retraite? Et si l’inflation diminuait mon pouvoir d’achat? Et si…? Et si…? Et si…?» L’excitation étourdissante qu’elle avait au départ s’est transformée en incertitude qui lui donnait la nausée. «Je me suis peut-être trompée. Je me sens épuisée, mais si je continue à travailler un peu plus, je me sentirai mieux, plus en sécurité, plus heureuse. Je suis presque certaine d’avoir assez d’argent, mais je veux être absolument sûre. Je vais juste travailler un an de plus.» L’expérience de la Dre Cathy est familière à beaucoup d’entre nous. Alors que je travaillais pour atteindre mon «objectif financier» qui mènerait à mon départ à la retraite, j’étais impatient de profiter du temps supplémentaire que je pourrais passer avec mes enfants, les choses que je construirais dans mon atelier et le soulagement que je ressentirais de ne pas avoir à endurer l’épuisement écrasant d’un quart de travail à l’urgence. Ce rêve m’a motivé à épargner et à investir, mais alors que le rêve se rapprochait de la réalité, mon esprit a automatiquement cherché des problèmes, des points faibles, des raisons de s’inquiéter. Je pense que nous sommes programmés pour cela: quand nous étions chasseurs-cueilleurs dans la savane africaine, seuls ceux qui étaient constamment à la recherche du danger survivaient. C’est vrai pour tous les animaux: nous avons peur de l’inconnu. L’argent rend l’incertitude plus tolérable, mais il n’offre pas seulement un sentiment de sécurité, il offre encore plus: un sentiment de validation. Nous sommes constamment à la recherche de signes extérieurs indiquant que qui nous sommes et ce que nous faisons est précieux, respecté et utile. Pour beaucoup d’entre nous, travailler en médecine, même si c’est difficile, répond à ce besoin. Bien sûr, il y a un compromis. Une fois que vous êtes raisonnablement certain d’avoir suffisamment investi pour subvenir à vos besoins, à quoi renoncez-vous pour la sécurité supplémentaire de travailler une autre année? Nous sommes programmés pour accorder plus d’importance aux risques qu’aux opportunités. Je pense que cela est particulièrement vrai pour les épargnants. Ce qui fait de nous des épargnants en premier lieu, c’est notre capacité à retarder la gratification: nous reconnaissons les risques de ne pas épargner et sommes prêts à abandonner une certaine quantité de bonheur maintenant pour plus de sécurité plus tard. C’est le test du marshmallow pour les adultes. Le syndrome du «une année de plus» n’est en réalité qu’une extension de cette mentalité conservatrice. Une année de plus peut être une bonne chose… ou pas… Je ne dis pas que travailler un an de plus est toujours la mauvaise chose à faire. Peut-être que vous réalisez que, dans l’ensemble, vous aimez toujours votre travail et ne voulez pas vraiment prendre votre retraite. Peut-être réalisez-vous que vos hypothèses initiales sur le montant dont vous aviez besoin pour prendre votre retraite n’étaient pas complètes et que plus d’argent augmenterait considérablement la sécurité de votre plan. Ou peut-être avez-vous un revenu très élevé et travailler une année de plus vous permettrait d’augmenter considérablement vos dépenses à la retraite pour des choses qui vous tiennent vraiment à cœur: les voyages, la charité, l’éducation de vos petits-enfants, etc. D’un autre côté, si votre travail vous vide, vous rend fatigué et grincheux avec votre partenaire et vos enfants, la donne change. Si le travail n’a pas de sens et n’est pas épanouissant en soi et ne vous laisse pas le temps de poursuivre des choses qui sont importantes pour vous, «une année de plus» peut sembler une éternité et entraîner des coûts réels. À lire aussi: Quand prendre soin de soi relève de l’instinct de conservation Vous vous sentez en conflit? Vous pouvez toujours faire le calcul. S’il vous fallait dix ans pour économiser encore 1 million de dollars pour la retraite, en utilisant une règle générale (la « règle des 4 % »), nous pouvons estimer que cela vous permettrait de dépenser 40 000 $ de plus par an. Est-ce que ça vaut la peine? Vous seul pouvez décider. Mais je connais beaucoup de médecins qui sont devenus paralysés par le syndrome du «une année de plus». La vision autrefois inspirante de l’indépendance financière est enterrée dans éboulement des «et si». Un an de plus devient deux, ce qui devient trois… Paradoxalement, leurs craintes augmentent avec leur valeur nette. Ils veulent la liberté, en ont besoin, mais ne se sentent en sécurité que confinés à un emploi. Travailler une année de plus n’est pas toujours une mauvaise idée, mais cela peut certainement l’être si la décision est basée sur l’ignorance ou la peur. Voici cinq questions qui peuvent nous aider à mettre nos limites. 1. Êtes-vous sûr de vos chiffres? Si vous n’êtes pas convaincu par votre plan financier, vous ne pourrez jamais quitter le travail et vous sentir bien. Savez-vous combien coûte votre style de vie maintenant? Combien d’économies avez-vous besoin pour soutenir votre style de vie après le travail ? Vos investissements sont-ils appropriés pour un retraité? Avez-vous un plan pour tirer un revenu de vos investissements? Avec un peu d’efforts, et peut-être avec l’aide du cours moneySmartMD, vous pouvez faire tout cela vous-même ou vous pouvez demander l’aide d’un coach financier ou d’un conseiller financier. 2. Votre valeur personnelle est-elle liée à votre valeur nette? Certains médecins continuent de travailler parce que c’est là qu’ils se sentent valorisés, et il n’y a rien de mal à cela. D’autres continuent à travailler juste pour l’argent: chaque dollar de revenu est un petit pansement sur un esprit qui est entravé par le doute et la déconnexion sociale. Malheureusement, plus d’argent ne compensera jamais ces lacunes. 3. Avez-vous besoin de plus de temps ou plus d’argent? Ce qui peut apprivoiser nos démons, et nous en avons tous, c’est le temps. Il est temps d’investir dans nos relations. Il est temps de nous améliorer nous-mêmes en tant qu’individu. La vie est une série de transactions entre le temps et l’argent. Avec le travail, nous échangeons nos heures contre des dollars. L’indépendance financière signifie que nous avons suffisamment accumulé pour pouvoir reprendre notre temps: se détendre quand nous en avons besoin et choisir notre travail en fonction de nos valeurs, et non en fonction du chèque de paie. Si vous avez déjà atteint l’indépendance financière, demandez-vous ce qui compte le plus, l’argent que vous gagneriez en travaillant ou le temps que vous perdrez. 4. À quoi renoncez-vous en travaillant? Parfois, nous prenons des décisions en fonction de ce qui semble évident plutôt que de ce qui est important. Les avantages de travailler un an sont évidents, soit avoir plus d’argent. Les récompenses de ne pas travailler sont moins évidentes, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont moins importantes. Les coûts d’opportunité de se laisser entraîner par l’inertie dans un travail rentable, mais sans intérêt peuvent être importants: temps passé avec les enfants, projets d’entreprise, travail bénévole valorisant, etc. 5. Qu’êtes-vous le plus susceptible de regretter? Imaginez-vous sur votre lit de mort en train de refléter sur votre vie. Qu’êtes-vous le plus susceptible de regretter: le manque d’argent ou le manque de temps? À lire aussi: Les enjeux 2022 dans le milieu médical vus par nos blogueurs Il y a quelques années, notre famille a atteint ce que j’appellerais «l’indépendance financière de niveau 2», soit suffisamment pour que nous puissions vivre en sécurité, mais pas dans le luxe, pendant de nombreuses années. Continuer à travailler aurait rempli les coffres de manière significative. D’un autre côté, nos enfants s’apprêtaient à quitter la maison. Nous voulions voyager et nous avons eu l’opportunité de vivre une aventure familiale épique d’un an. Alors, que regretterais-je le plus, manquer quelques luxes dans la dernière moitié de ma vie ou manquer une expérience partagée déterminante avec les personnes qui me tiennent le plus à cœur? Ce que j’ai réalisé, c’est que j’avais le choix entre deux investissements: ma retraite ou ma famille. J’ai eu une chance incroyable d’avoir ce choix, ce qui a rendu la bonne décision à prendre d’autant plus évidente. Avez-vous déjà expérimenté le syndrome du «une année de plus»? Comment abordez-vous la décision de travailler en médecine lorsque vous n’avez plus besoin du chèque de paie? *La «Dre Cathy » est un personnage fictif crée par l'auteur et inspiré des médecins avec il a discuté de leur situation financière.

Devrais-je travailler une année de plus?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes