Développement des services professionnels – Pour un modèle de rémunération mixte ?

« Le gouvernement paie uniquement pour s’assurer d’un volume de distribution de médicaments. Quand les pharmaciens essaient de développer des services professionnels en pharmacie communautaire, la rémunération à l’acte devient une barrière, parce qu’on leur demande de mettre de côté la rémunération à l’acte pour agir dans d’autres domaines où ils ne sont pas rémunérés », affirme Manon Lambert, directrice générale et secrétaire de l’OPQ, à l’occasion d’une entrevue accordée à L’actualité pharmaceutique.L’OPQ invite donc le gouvernement du Québec et l’AQPP à réfléchir sur des modèles de rémunération mixte. « Pour s’assurer que les pharmaciens soient capables de prendre en charge le volume auquel ils doivent faire face en matière de distribution de médicaments, la rémunération à l’acte est encore la meilleure façon de les rémunérer, pense Manon Lambert. Toutefois, est-ce possible que les parties s’assoient et regardent les modèles de rémunération mixte ? N’y a-t-il pas d’autres modèles de rémunération pour des services professionnels et des prises en charge plus importantes de patients ? » se demande-t-elle.La représentante de l’OPQ donne l’exemple du projet de révision de la médication à domicile du Conseil du médicament. Dans ce concept d’inspiration australienne (Home Medicine Review), le pharmacien analyse la médication d’un patient à la demande de son médecin de famille, puis soumet à ce dernier ses recommandations. « Si le pharmacien prend une demi-heure à une heure pour évaluer le dossier d’un patient, nous ne sommes plus dans le cadre de la rémunération à l’acte, mais dans une prise en charge d’un patient. Il faut donc trouver des modalités de rémunération qui favorisent ce genre d’activités. »« Comme ordre professionnel, dont le mandat est de protéger le public, on pense qu’il y a beaucoup de problèmes reliés à la pharmacothérapie qui ne sont pas résolus, qu’il y a des accidents évitables reliés à la pharmaco-thérapie et qu’il y a un usage sous-optimal des médicaments, poursuit Manon Lambert. Les modalités de rémunération à l’acte des pharmaciens propriétaires ne leur permettent pas nécessairement de prendre en charge les patients aux prises avec ce genre de problèmes. Peux-t-on réfléchir de façon à placer le patient au cœur des prio-rités ? »L’OPQ n’a pas l’intention de rencontrer le gouvernement spécifiquement sur cette question. « Ce n’est pas nous qui négocions. Les leviers appartiennent au gouvernement et à l’AQPP. Nous espérons que notre message sera entendu et qu’une réflexion s’amorcera. Or, pour qu’il y ait une réflexion à ce sujet, faut-il encore qu’on ait une vision commune du rôle du pharmacien dans la société. À ce moment-ci, je ne suis pas certaine qu’il y en ait une, autant de la part du principal payeur que des pharmaciens eux-mêmes. »L’OPQ n’a pas voulu commenter la décision du ministère de la Santé de refuser de rémunérer les services de suivi de l’anticoagulothérapie en pharmacie communautaire, puisqu’il n’est pas de son mandat de se prononcer sur les négociations entre l’AQPP et le ministère de la Santé.« Veut-on, de façon commune dans notre société, que le pharmacien devienne un intervenant important pour résoudre les problèmes de pharmacothérapie ? » demande Manon Lambert. La question est lancée.

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