Deux mois de radiation pour avoir traité des proches

D’octobre 2018 à mars 2021, Marie-Christine Aumais a traité quatre personnes «avec qui il existait une relation susceptible de nuire à la qualité de son exercice», indique la décision disciplinaire du Collège des médecins du Québec (CMQ). «Le Conseil est conscient que, pour un médecin compétent et animé d’une bonne volonté, la tentation peut être grande d’accepter de traiter un proche ou une personne avec qui il entretient un lien de nature affective, notamment dans un contexte où l’accessibilité aux soins de santé peut représenter parfois un défi pour diverses raisons. Mais il est primordial de rappeler que, ce faisant, ce médecin commet une infraction déontologique qui appelle une sanction disciplinaire, se met à risque ainsi que son patient», tranche le conseil de discipline du CMQ. Le 29 octobre 2018, la Dre Aumais procède à des blépharoplasties (paupière supérieure bilatérale) sur une personne avec qui elle entretenait un lien. L’année suivante, le 22 juillet 2019, elle procède à l’exérèse de lésions sur deux doigts de la main sur une personne de son entourage à l’Hôpital Charles-Le Moyne à Longueuil. Le 13 mars 2020, elle rédige une ordonnance d’un sédatif et d’un opiacé pour un proche. Finalement, le 15 mars 2021, elle procède à une blépharoplastie sur une autre personne avec qui elle entretenait un lien. En traitant des proches, la médecin spécialiste a commis une infraction à l’article 70 du Code de déontologie des médecins. Cet article vise à maintenir l’indépendance professionnelle et le désintéressement du médecin. «Il importe que le médecin évite toute relation susceptible de créer une confusion de rôle, de teinter ou de biaiser son jugement professionnel, notamment en fonction d’une décision émotive ou affective», indique le conseil de discipline. La Dre Aumais, qui est membre du tableau de l’Ordre des médecins depuis 2017, dit regretter ses actions et comprend aujourd’hui qu’elle doit refuser toutes les demandes de services formulées par une personne avec laquelle elle entretient un lien susceptible de nuire à la qualité de son exercice. Elle refuse d’ailleurs, depuis sa rencontre avec le Bureau du syndic du Collège, de traiter toute personne avec laquelle elle entretient un lien de cette nature. Mauvaise tenue de dossiers Par ailleurs, la Dre Aumais a omis d’inscrire des informations dans les dossiers patients de deux proches. «Une mauvaise tenue de dossiers affecte le public, met en péril le suivi d’un patient, tant par le professionnel que par les autres professionnels appelés à intervenir auprès de celui-ci, constitue un frein au devoir de surveillance de l’ordre professionnel et brime le droit du patient quant au contenu de son dossier», rappelle le conseil de discipline qui ajoute qu’il s’agit là d’un «manquement sérieux». Toutefois, la médecin spécialiste présente plusieurs facteurs atténuants, notamment sa très jeune expérience, les regrets exprimés, son plaidoyer de culpabilité à la première occasion et sa compréhension des infractions, a observé le conseil de discipline. Celui-ci a donc appuyé la recommandation conjointe de la partie plaignante et de l’intimée, qui est de 2 mois de radiation et de 7000$ d’amendes. Selon le Conseil, cette recommandation conjointe «ne déconsidère pas l’administration de la justice et n’est pas contraire à l’intérêt public».

Deux mois de radiation pour avoir traité des proches

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