Des surdoses de perfusion d'acétylcystéine à l'origine de plusieurs décès

Trois cas de surdose de perfusion d’acétylcystéine ont entraîné des dommages graves ou la mort, selon l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada (ISMP). Ce dernier a analysé ces cas survenus entre 2017 et 2022, et explique dans son dernier bulletin comment prévenir les surdoses de perfusion d’acétylcystéine. L’acétylcystéine est, paradoxalement, un antidote contre l’empoisonnement à l’acétaminophène. En plus de mettre la vie des patients en danger, les surdosages peuvent provoquer un syndrome hémolytique et urémique, des convulsions, un œdème cérébral et une hernie cérébrale. Les surdosages peuvent se produire de trois manières: une trop grande quantité d’acétylcystéine par kilogramme, une trop grande quantité de liquide IV pour administrer l’acétylcystéine ou une combinaison des deux. En raison de leur faible poids, les enfants et les jeunes adolescents sont particulièrement vulnérables à un surdosage. L’ISMP recommande aux prestataires de soins de santé d’envisager des limites de volume de perfusion basées sur le poids pour ces enfants. Les incidents mortels examinés par l’ISMP concernaient l’administration de la perfusion d’entretien en utilisant le débit de perfusion correspondant à la dose de charge, alors que les deux doses étaient préparées dans la même poche de perfusion de un litre de dextrose à 5% en solution aqueuse. Ils ont continué à administrer la dose de charge au lieu de la réduire à la vitesse de perfusion d’entretien, ce qui a entraîné une erreur de dosage multipliée par 10. Ils ont également mal communiqué sur le traitement du patient, et mal calculé la concentration ou la vitesse de perfusion. Si les prestataires utilisent une poche IV contenant la dose d’entretien, ils doivent s’assurer que la pompe à perfusion intelligente peut programmer et passer automatiquement de l’administration de la dose de charge à la perfusion d’entretien, et qu’il existe une limite de dose distincte pour chacune d’elles. Si une pompe dotée de ces caractéristiques n’est pas disponible, les professionnels de santé doivent préparer des poches séparées pour la perfusion de la dose de charge et pour la dose d’entretien. Les hôpitaux et les centres de soins doivent disposer d’une ordonnance standardisée indiquant la dose, le type et le volume de la solution de perfusion, le débit ou la durée de la perfusion, ainsi que les paramètres de surveillance applicables. Tous les professionnels de santé concernés doivent avoir la même compréhension de la dose d’acétylcystéine prescrite à chaque patient, de la dilution, du débit et de la durée de la perfusion, et connaître les symptômes potentiels d’un surdosage. Ces derniers peuvent se manifester par une confusion, une irritabilité, une agitation, des maux de tête et des vomissements irrépressibles. Lire aussi: De nouvelles lignes directrices canadiennes et américaines pour la prise en charge de l'intoxication à l'acétaminophène Les patients et les familles doivent également être informés du protocole et savoir qu’ils peuvent poser des questions et faire part de leurs inquiétudes. D’autres raisons expliquent les erreurs: poids erroné du patient, mauvais calcul de la dose, erreurs de préparation, programmation incorrecte de la pompe, surveillance insuffisante des patients pour déceler les signes de surdosage et transfert des patients entre des établissements qui peuvent avoir des protocoles ou des équipements différents. Une liste complète de ces facteurs est incluse dans l’analyse. Cette situation s’explique en partie du fait que les centres antipoison du Canada utilisent des schémas thérapeutiques différents et que la transposition de ces directives dans les ordonnances normalisées locales peut entraîner des erreurs. Pour cette raison, l’ISMP ne recommande pas de commander ou de ne pas prescrire d’acétylcystéine selon un protocole défini. L’Institut signale qu’il aimerait que les experts canadiens développent un protocole national pour créer une approche cohérente du traitement des surdoses d’acétaminophène.

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