Des rencontres uniquement sur rendez-vous en pharmacie?

Un modèle de rendez-vous en pharmacie peut faciliter la vie des patients en réduisant la fréquence où les patients doivent venir chercher leurs ordonnances et contribuer à maintenir, voire à améliorer, l'observance du traitement tout en garantissant que le pharmacien leur prodigue des conseils appropriés. Les pharmacies, quant à elles, pourraient bénéficier de flux de travail plus efficaces et d'un plus grand nombre d'ordonnances exécutées et renouvelées. Telles sont les principales conclusions d'une étude récente portant sur 131 patients inscrits à des programmes sur rendez-vous dans trois pharmacies communautaires indépendantes de l’Ontario. «Dans la pratique actuelle de la pharmacie, les patients qui prennent plusieurs médicaments demandent généralement le renouvellement de leurs ordonnances selon un calendrier non harmonisé, ce qui peut avoir un impact sur l'efficacité du flux de travail de la pharmacie, entraînant des temps d'attente plus longs pour le patient et moins de possibilités pour les pharmaciens de fournir des services cliniques», écrivent les auteurs de l'étude. «La nécessité pour un patient de se rendre à la pharmacie plusieurs fois par mois pour renouveler ses médicaments peut également contribuer à une plus faible adhésion ... le développement et la mise en œuvre de programmes et de stratégies visant à résoudre de manière proactive le problème de la non-adhésion aux médicaments sont essentiels pour améliorer le bien-être individuel et la gestion des médicaments ainsi que l'efficacité du système de santé», poursuivent-ils. Dirigée par des pharmaciens chercheurs de l'Université de Toronto et de Whole Health Pharmacy Partners, l'étude a analysé pendant 15 mois les données de renouvellement des patients pour trois types de médicaments: les antihypertenseurs, les antihyperglycémiants oraux et les statines. Les patients - dont l'âge moyen était de 71 ans et qui se répartissaient presque également entre hommes et femmes - prenaient en moyenne un peu plus de cinq médicaments et plus de la moitié d'entre eux en prenaient cinq ou plus. Dans le cadre du programme de rendez-vous, les médicaments de ces patients ont été synchronisés de manière à ce que les dates de renouvellement soient alignées, ce qui permet aux patients de récupérer leurs médicaments à des intervalles de temps prédéterminés. Pour l'étude, ces dates de renouvellement ont été utilisées comme marqueur du nombre de fois qu'un patient est allé chercher son ordonnance à la pharmacie. Le programme a également fixé des rendez-vous pour ces ramassages afin de permettre aux patients de recevoir des conseils personnalisés de la part de leur pharmacien. Les chercheurs ont constaté que le programme a entraîné une réduction significative du nombre moyen de dates de renouvellement distinctes, qui est passé d'environ sept fois au cours des six mois précédant la mise en œuvre du programme à un peu moins de cinq fois au cours des six mois suivant la mise en place du programme. Sur une période de 12 mois, le nombre moyen de dates de renouvellement distinctes est passé de près de 13 avant la mise en œuvre à 7 après. «Les modèles basés sur les rendez-vous peuvent faciliter l'accès aux médicaments importants, en évitant le risque de non-adhésion dû aux problèmes d'accès et aux désagréments», écrivent les chercheurs. «De plus, pour certains patients, le fait de se rendre moins souvent à la pharmacie permet non seulement d'économiser de l'argent, mais aussi de réduire les coûts liés au transport.» L'étude s'est également penchée sur le nombre de renouvellements - c'est-à-dire le nombre de fois qu'un médicament figurant dans le profil d'un patient a été délivré ou renouvelé - et a constaté une augmentation de 12 à un peu plus de 13 au cours des six mois précédant et suivant la mise en œuvre du programme. Les chercheurs n'ont pas trouvé de différence significative dans l'observance thérapeutique, car les patients de l'étude présentaient déjà des niveaux élevés d'observance. L'étude a toutefois permis de constater que les patients ont maintenu ce niveau élevé. Origine du modèle Le modèle sur rendez-vous a été créé en 1995 par un pharmacien californien, John Sykora. Selon les auteurs de l'étude, un nombre croissant de pharmacies communautaires et de réseaux de pharmacies aux États-Unis ont adopté ce modèle au cours des dernières décennies. Les chercheurs ont cité l’«énorme potentiel du modèle pour incorporer des approches virtuelles aux soins médicamenteux afin de répondre aux besoins des patients à haut risque et de ceux qui ne sont pas en mesure de se rendre en personne dans une pharmacie». De plus, le flux de travail prévisible résultant du modèle «peut aider les pharmaciens à mieux gérer les stocks, le personnel et les coûts de livraison, ainsi qu'à créer davantage d'opportunités pour des services programmés facturables qui pourraient à la fois offrir un avantage aux patients et augmenter les revenus de la pharmacie».

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