Des nourrissons québécois intoxiqués avec des gouttes de vitamine D pour les adultes

Des nourrissons ont été victimes d’une intoxication chronique après avoir ingéré des gouttes de vitamine D destinées aux adultes. « Au cours des derniers mois, le Centre antipoison du Québec a rapporté quelques cas », signale l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans une récente publication. Heureusement, ces surdosages ont été sans conséquence sur la santé des nourrissons.Pour informer les professionnels de la santé sur l’utilisation des suppléments en vitamine D, l’équipe de toxicologie clinique de l’INSPQ a émis un communiqué de toxicovigilance intitulé Confusion dans les suppléments en vitamine D disponibles en vente libre et risques de surdosage chronique chez les nourrissons.L’auteure du communiqué, la pharmacienne Lyse Lefebvre, relate un cas de confusion avec des suppléments de vitamine D en vente libre en pharmacie qui a mené à une intoxication chronique chez un nourrisson allaité de cinq semaines. Durant 37 jours, sa mère lui a administré 1 ml de vitamine D en solution de 1000 UI/ml au lieu des 400 UI par jour que recommande Santé Canada chez les nourrissons de douze mois et moins qui sont allaités, nés à terme et en bonne santé.C’est un pharmacien qui s’est aperçu de son erreur lorsqu’elle l’a consulté, parce qu’elle ne retrouvait pas la saveur qu’elle avait achetée la première fois. « L’enfant est demeuré asymptomatique », précise Lyse Lefebvre.Cette dernière indique que « l’ingestion quotidienne de 1000 UI/jour pourrait causer un syndrome hypercalcémique chez des enfants hypersensibles ». Elle ajoute que « l’ingestion quotidienne de 2000 à 6300 UI/jour peut inhiber la croissance d’un enfant normal ».Enfin, elle énumère des symptômes observés « chez des nourrissons auxquels des doses supra-thérapeutiques de vitamine D ont été administrées à plus ou moins long terme : somnolence, hypotonie, nausées, vomissements, constipation, douleurs abdominales, perte de poids, polyurie, hypercalcémie, calciurie et hypertension légère ».Confusion attribuable notamment aux multiples formes et formats de vitamine DSelon cette pharmacienne en toxicologie, « la multiplicité des formes et des formats de vitamine D disponibles, ainsi que le manque de rigueur dans l’appellation et l’étiquetage de ces produits en vente libre contribuent à la confusion et peuvent mener à des erreurs thérapeutiques en l’absence d’implication professionnelle du pharmacien ».Elle donne quelques exemples qui pourraient causer de la confusion chez les consommateurs, notamment celui d’une entreprise qui commercialise des gouttes de 400 UI et de 1000 UI dans un emballage de la même couleur.Au Canada, la vitamine D liquide est commercialisée sous forme de suspension de 400, de 600 et de 1000 UI/ml ou de gouttes à 400 et à 1000 UI/goutte.« L’intérêt suscité par les recommandations de la Société canadienne du cancer (2007) a entraîné la commercialisation de plusieurs préparations de vitamine D pour adultes », souligne Lyse Lefebvre.L’INSPQ souhaite un reclassement des préparations liquides de vitamine DL’équipe de toxicologie de l’INSPQ propose trois recommandations pour prévenir les intoxications chroniques avec les préparations liquides de vitamine D, principalement chez les nourrissons :• Que toutes les formes liquides (gouttes, solutions et suspensions) de vitamine D (excluant les multivitamines) soient entreposées derrière le comptoir et qu’elles soient mises à la disposition du public sous la supervision du pharmacien;• Qu’un rappel des doses quotidiennes de vitamine D recommandées par Santé Canada pour les Canadiens selon le groupe d’âge et les risques pour la santé de l’administration chronique de doses supra-thérapeutiques de vitamine D, particulièrement chez les nourrissons, soit adressé aux professionnels de la santé;• Que l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), en collaboration avec l’INSPQ, demande à l’Office des professions du Québec le classement des solutions et des gouttes concentrées contenant 600, 800 et 1000 UI de vitamine D en annexe II et le classement des solutions et des gouttes de vitamine D contenant 400 UI en annexe III.La vitamine D peut être vendue ailleurs qu’en pharmacie, car elle est classée « hors annexe ».L’OPQ se penche sur le problème L’OPQ examine la possibilité de recommander aux pharmaciens de conserver derrière le comptoir des ordonnances certaines préparations liquides de vitamine D.Dans un communiqué à venir, l’OPQ leur rappellera les doses quotidiennes de vitamine D que recommande Santé Canada pour les Canadiens et les risques pour la santé de l’administration chronique de doses supra-thérapeutiques de vitamine D, en particulier chez les nourrissons.Finalement, le Conseil d’administration de l’OPQ se penchera cet automne sur la recommandation de l’INSPQ de demander à l’Office des professions du Québec de changer le classement des préparations liquides de vitamine D.

Des nourrissons québécois intoxiqués avec des gouttes de vitamine D pour les adultes

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes