Dépister et traiter les cancers grâce à un test sanguin ou d'urine

«Le but ultime est que chaque personne qui a un cancer devrait, à un moment donné, avoir une biopsie liquide», explique la Dre Nada Jabado, clinicienne chercheuse et oncologue pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Son collègue et directeur de la recherche sur la biopsie liquide, le Dr Janusz Rak, a découvert que les gènes responsables des tumeurs cancéreuses solides peuvent être détectés tant qu’ils se trouvent dans les exosomes, les cellules, l’ADN et l’ARN qui sont libérés dans le sang. Si ces substances (qui sont en quelque sorte des répliques miniatures de cellules cancéreuses) sont capturées, ils peuvent révéler le type de cancer qui se cache dans l’organisme, le type de cellules malignes qui contient la tumeur et la manière de les attaquer par un traitement. «Toutes nos cellules communiquent entre elles et passent dans le sang. Donc avec une prise de sang nous récoltons toutes les informations sur la composition des métastases et leur emplacement», indique la Dre Jabado. Cette méthode pour détecter un cancer est une avancée majeure puisqu’elle est sans risque, contrairement à la biopsie chirurgicale qui présente des risques de complications multiples et est très angoissante pour le patient. De plus, l’emplacement de certaines tumeurs cérébrales rend toute intervention chirurgicale impossible. Néanmoins, la biopsie chirurgicale ne sera jamais complètement remplacée car, pour certains types de cancer, le premier traitement est d’enlever la tumeur. Dépistage plus précoce Selon la Dre Nada Jabado, la biopsie liquide permettrait également un dépistage plus précoce du cancer, ce qui pourrait augmenter les changes de survie du patient. «La tumeur est déjà rendue d’une certaine taille lorsqu’on la voit à l’imagerie. Avec la biopsie liquide, la tumeur n’a pas besoin d’être grosse pour l’identifier.» Elle ajoute que cette méthode permet d’analyser tous les endroits du corps où la tumeur aurait pu se nicher. Lorsqu’elle est détectée et que les traitements sont amorcés, la biopsie liquide permet de «répéter le test de nombreuses fois pour nous assurer que le traitement de l’enfant fonctionne et, dans le cas contraire, passer immédiatement à un autre médicament», a indiqué le Dr Janusz Rak, par voie de communiqué. «De plus, en ayant une compréhension approfondie de la biologie des tumeurs, nous pourrions créer des traitements personnalisés pour chaque enfant», a-t-il ajouté. Des progrès technologiques majeurs La recherche sur la biopsie liquide n’est pas nouvelle, mais les récents progrès de la technologie et de la bio-informatique ont permis d’améliorer la capture et l’analyse des exosomes pour des fins de diagnostic et surveiller le comportement des tumeurs cancéreuses. «Nous avons accès à des instruments qui nous permettent une meilleure analyse du matériel anormal dans le sang», souligne la Dre Jabado. À l’heure actuelle, des essais cliniques sont effectués dans d’autres pays, dont aux États-Unis, notamment pour le cancer du cerveau et du poumon chez les enfants. Il faudra toutefois plusieurs années de travail en laboratoire pour en savoir plus sur la biopsie liquide pour les cancers pédiatriques, estiment l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et l’Hôpital de Montréal pour enfant. «Le but n’est pas d’être les premiers à utiliser cette méthode. Ce que je veux, c’est donner aux enfants le traitement minimum nécessaire pour arrêter la progression de la maladie et les guérir. Pas plus, pas moins. Et la biopsie liquide me donnera ces moyens», estime l’oncologue pédiatrique. D’ici à ce que cette innovation soit au point, la Fondation Charles-Bruneau et la Fondation CIBC ont octroyé des dons de 5 M$ et de 1M$ pour la recherche dans ce domaine.

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